Dictature de l'urgence, gouvernement, gouvernance, l'état d'urgence, progrès, totalitarisme, société, urgence cybernétique, crise sociale, refus d'attendre, résistance, instabilité gouvernementale, conscience
Peut-être aurions-nous dû davantage prendre le temps d'écouter ce présage du passé avant qu'il ne disparaisse sous le totalitarisme de l'urgence où seul le parti du présent ne trouve à s'exprimer. Partout s'insinue cette société d'hypercontrôle dans laquelle les équipements mobiles, les « smart cities », les voitures intelligentes s'imposent comme des « instruments d'espionnage automatique ». Les Big Data ont permis d'installer cette « gouvernementalité algorithmique ». Le modèle de l'horloge associé au règne de la loi s'en trouve renversé au profit de l'urgence cybernétique. « Cette gouvernance par les nombres [...] s'étend à tous les échelons de l'organisation de la société, depuis la relation individuelle du travail jusqu'aux mesures d'ajustement structurel promues au niveau européen ou international ».
[...] Ces mots, empruntés au Général de Gaulle dans son appel du 18 juin, sont plus que jamais d'actualité. Ils témoignent de la nécessité du passé pour combattre le totalitarisme de l'urgence et construire notre futur. Certains me diront que l'urgence est un remède contre l'ennui. Je le conteste. D'aucuns affirmeront que l'urgence est une nécessité pour vivre pleinement sa vie. Je n'en suis pas certain. D'autres associeront l'urgence à un idéal de progrès. Je le dénonce. Le culte de la vitesse et le culte de l'instant doivent être combattus Tout, plus vite ? Certainement pas. [...]
[...] Même la loi, garante de la stabilité et du temps long, est devenu un instrument au service du pouvoir de l'urgence. La loi sur la reconstruction de Notre-Dame n'est-elle pas une réaction à l'actualité, aussi douloureuse soit-elle ? La crise sociale initiée par le mouvement des Gilets Jaunes n'illustre-t-elle pas ce refus d'attendre, ce besoin de changement immédiat ? Mais la flamme de la résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. « Le dernier mot est-il dit ? [...]
[...] Survivrons-nous à la dictature de l'urgence ? Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, J'ai quelques choses de très important à vous annoncer : l'heure est grave, l'heure n'est plus ; la dictature de l'urgence a remplacé le gouvernement par les hommes par la gouvernance par les nombres. Au règne de la loi a succédé celui de la machine. Hobbes nous avait déjà alerté : « ce grand LEVIATHAN, appelé REPUBLIQUE ou Etat [ . ] n'est rien d'autre qu'un homme artificiel », une machine. [...]
[...] N'est-ce pas une forme de progrès quand l'âge des femmes à la naissance de leur premier enfant recule ? Le progrès n'est donc pas toujours du côté où certains veulent nous le faire croire. Il nous faut doucement relever la tête, redonner de la profondeur au temps et préparer lentement la résistance. A la dictature de l'urgence nous survivrons par le gouvernement du temps long. Celui qui nous permet de prendre conscience de ce que nous avons été par le passé, de ce que nous sommes présentement, de ce que nous voulons être dans le futur. [...]
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