Un terrain d'analyse ouvert, ici, constitue l'étude de tous les partis politiques, alors qu'un terrain clos préfère l'étude complète d'un parti. Ainsi, l'alternative s'établit dans un terrain radian. L'étude des partis populistes amène à s'interroger sur la légitimité de tous les partis politiques. Autrement dit, à quelle condition un parti politique peut-il représenter une division sociale ?
Donc, à l'aide d'une démarche mi-extensive (étude globale soulignant les interactions des agents extérieurs : multiplication des références), mi-intensive (étude complète d'un ensemble coupé des autres : un auteur en profondeur), la réponse se constituera sur les critiques populistes de la représentativité. Pour y parvenir, il faut d'abord définir un cadre d'analyse entre théories pluralistes (harmonisation naturelle des divisions sociales), systémiques (neutralisation fonctionnelle des divisions sociales) et utilitaristes (recomposition perpétuelle des divisions sociales).
Dans le premier cas, les divisions sociales sont trop nombreuses et s'autorégulent. En raison de cette pluralité, aucune division sociale ne peut dominer les autres, et il y a une certaine concurrence entre ces divisions, qui amène à des compromis. Les partis politiques rentrent dans la danse après cette division sociale, ils jouent un rôle de relais, et portent les compromis de la société.
Dans le second cas, les responsables politiques sont pressés par les revendications des divisions sociales. Les partis politiques sont chargés de calmer ces sollicitations qui forment un véritable système.
Enfin les théories utilitaires pensent que chaque individu se livre à des calculs d'utilité. L'individu est ainsi sensé se déplacer en continu dans la hiérarchie sociale, en s'attachant des moyens appropriés. Les divisions sociales se recomposent face à ces calculs. Les partis politiques ne peuvent pas suivre ces divisions.
[...] On essaye d'élaborer un diagnostic précis, en particulier à partir de l'indice d'Alford, élaboré dans les années 60 : on évalue le pourcentage de travailleurs manuels et de travailleurs non manuels qui votent pour les partis de mouvement, et on divise les premiers par les seconds. Plus l'indice est élevé, plus l'alignement est fort, en dessous de 1 il n'y a plus d'alignement. De grandes enquêtes tendent à montrer une tendance au désalignement, l'indice Alfort diminuant. Lipset se saisit des résultats et les intègre dans la réédition de son ouvrage. Il complète l'étude de l'alignement, démontrant que l'alignement est propre à une époque donnée et révolue. [...]
[...] Il y a donc une subversion du rituel établi. Le FN conteste la légitimité des autres partis en se plaçant sur un autre terrain. Si on retient l'analyse bourdieusienne, il faut faire un parallèle avec l'expérience poujadiste. En 1956, Pierre Poujade présente des candidats aux élections législatives: 52 élus dont Jean-Marie Le Pen. Ils sont faiblement diplômés (pour la plupart), et n'ont pas incorporé les règles de la compétition politique. Ils ne parviennent pas à combiner les différents rôles prescrits. [...]
[...] Listen distingue une réduction culturelle et une réduction structurale. La première repose sur des normes, valeurs, croyances, qui amènent à une considération de certaines sollicitations comme illégitimes ; la deuxième prend une forme moins diffuse, elle repose sur des agents spécialisés, les gate keepers qui régulent les sollicitations à l'entrée du système politique. Les partis politiques sont les principaux gate keepers : chaque parti, en élaborant son programme, doit agréger des sollicitations sociales. Ils deviennent de plus en plus importants à mesure que la société se développe. [...]
[...] Les populistes profitent de cette situation, mais ils ne donnent pas les moyens d'y remédier. Toutes les explications de ce phénomène reviennent à trancher le problème dans le même sens : la progression du vote populiste repose sur une logique de recomposition, la représentation de catégories de la population que les autres partis ne représentent plus. Il y a donc une défaillance des autres partis. Cette logique de recomposition vaut-elle pour le militantisme ? 2e Partie : l'activité des militants Les militants sont des auxiliaires non rémunérés, ce qui les distingue des permanents. [...]
[...] Si on retient l'approche en terme d'identification : Frédérique Matonti montre une double logique identitaire, entre un individu masqué, xénophobe, et une identité revendiquée, policée pour être crédible. C'est en oscillant entre ces deux identités que le FN peut jouer les trouble-fête. Il permet de distiller les termes xénophobes sans être sanctionné. Les militants ne peuvent pas se livrer à un travail de combinaison. Le FN doit tenir la main de ses militants, pour leur dire comment combiner ces deux registres identitaires. C'est un travail compliqué. Le militantisme ne joue donc pas un rôle créatif. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture