Question kabyle algérie
Lorsque l‘on étudie la vie politique en Algérie, une des problématiques qui se posent de manière incontournable est celle de l‘islamisme politique. L‘affirmation radicale du caractère musulman de la république algérienne est en effet à l‘origine de la guerre civile qui déchira le pays dans les années 1990. Mais cette question, majeure s‘il en est, en occulte bien souvent une autre, qui questionne tout autant les fondements de l‘Etat algérien : celle de l‘identité du peuple kabyle au sein de l‘Algérie contemporaine. Celle-ci a toujours cherché une expression politique, sans jamais vraiment la trouver ; cela est particulièrement vrai depuis la conquête française commencée en 1830 par la prise d‘Alger et achevée en 1857 par la reddition de la maraboute Lalla Fatma N'Soumer, qui ouvre la voie à une longue période d‘insurrections et de revendications identitaires.
[...] Le climat froid et humide, le relief, les sols peu fertiles (à l'exception des oliviers et des figuiers), les forêts environnantes font des montagnes de Kabylie un environnement plutôt hostile et impropre à la production économique. ▪ Mais c'est un refuge idéal pour une population déterminée à préserver son identité face à des envahisseurs, et une des raisons pour lesquelles les Kabyles s'y sont regroupés, gardant leurs anciennes coutumes. Une économie traditionnellement artisanale ▪ Ce qui fait la spécificité de l'économie kabyle traditionnelle, c'est l'artisanat, typiquement le travail de l'argent, du cuivre, du bois pour faire des bijoux et du mobilier, le tissage, les poteries décorées de figures géométriques Aujourd'hui encore, ces productions emportent un certain succès sur le marché algérien et sont exportées. [...]
[...] ▪ Les différents mouvements berbères (marocains, algériens) ont ainsi en commun la revendication de la reconnaissance de l'amazigh comme langue officielle. La lutte pour la reconnaissance du kabyle ▪ La reconnaissance de la langue des Kabyles comme langue officielle est une constante de leurs revendications, depuis la non-reconnaissance de l'élément kabyle de la nation algérienne dans la Constitution de 1963. ▪ Les enjeux en sont multiples : avec l'arabisation forcée du pays depuis l'indépendance, le kabyle est en déclin constant, et n'a pu être enseigné à l'école que de manière sporadique. [...]
[...] Nous avons choisi de nous intéresser à la question kabyle en Algérie. De par son ancienneté et son importance démographique, la Kabylie représente en effet le principal foyer de revendications berbères, s'inscrivant dans une logique spécifique à l'histoire de l'Etat algérien, propice à la résurgence et à l'expression de ses revendications. La question de l'identité berbère à l'intérieur de l'Etat et hors de ses frontières a été théorisée au siècle dernier par les Kabyles présents en nombre important dans les hautes sphères et l'intelligentsia de la société algérienne grâce à l'implantation de l'école coloniale, comme Mouloud Mammeri qui élucide très bien l'« incapacité nationale » berbère à exister politiquement, ou A. [...]
[...] ▪ La méthode adoptée pour réprimer cette véritable « guérilla urbaine » est sanglante et se solde par 126 morts et des centaines de blessés. Cela ne calme pas la révolte, au contraire, le mouvement citoyen s'organise et se structure ; des comités de solidarité naissent un peu partout, une plate-forme de revendication est rédigée. La reconnaissance de la langue amazigh, seulement symbolique ▪ Devant l'ampleur des protestations et l'échec de l'emploi de la force, le gouvernement finit par céder et octroie, par l'intermédiaire du Président, le statut du tamazight comme langue nationale en 2002 (langue nationale mais pas officielle : l'arabe est toujours la seule langue employée par l'administration). [...]
[...] ▪ De plus, cette transition ne s'appuie sur aucun pacte national, ce qui peut en partie expliquer son échec. La question de la nation algérienne n'est à aucun moment définie, si ce n'est dans le cadre de l'Etat républicain et centralisé, homogène, et c'est ce qui fait que les islamistes s'en emparent, dans un mouvement pour la reconnaissance des masses maghrébines. Berbérisme contre islamisme ▪ La guerre civile qui fait rage pousse les autorités algériennes à se servir des revendications kabyles pour se redonner un semblant d'unité face aux islamistes. [...]
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