Berlusconi, entreprise, communication
Ni les scandales de mœurs ni les déboires judiciaires ne lui feront perdre son mythique sourire. A 74 ans, Silvio Berlusconi a été nommé « Rock star de l'année » par le magazine Rolling Stone. Et des raisons de se réjouir, il en a : en mars dernier, il remporte les élections régionales en déjouant tous les pronostics. Son parti politique conserve les deux régions qu'il contrôlait, la Lombardie et la Vénétie du Nord, et en gagne quatre autres, la Calabre, la Campanie, le Piémont et le Latium. Certes la gauche en conserve sept, mais le Parti des Libertés (PdL) de Silvio Berlusconi, allié à la Ligue du Nord, gagne les régions les plus peuplées et administre ainsi la majorité des Italiens. Le président du Conseil, qui avait transformé cette élection en référendum pour son gouvernement, est ainsi garanti d'une nouvelle légitimité pour les trois dernières années de son mandat.
Berlusconi est-il devenu insubmersible ? Celui qui est couramment appelé Il Cavaliere (il a été nommé chevalier de l'Ordre du travail) ou Sua Emittenza (jeu de mots italien entre « éminence » et « émetteur ») affiche la première fortune d'Italie et la 74e mondiale. Autorité politique incontestée, homme d'affaires reconnu et style charismatique font de lui une des figures les plus influentes d'Italie. Quelle est l'ampleur de l' « entreprise » Berlusconi et comment une telle puissance a-t-elle pu s'installer ?
Derrière l'homme au teint hâlé se cache une « pieuvre », une entreprise qui touche à de nombreux domaines. Bien sûr, il est nécessaire d'en connaître l'étendue pour prendre du recul et être capable d'analyser la situation. Plus encore, les secteurs des médias et de la politique doivent absolument être détaillés, car ils constituent des rouages essentiels à toute démocratie. A travers un état des lieux de la situation actuelle et une compréhension des enjeux qui s'en dégagent, les dérives devraient être plus facilement identifiables. Du côté de la population italienne, et de la communauté internationale, il est largement convenu que Silvio Berlusconi joue d'une concentration de pouvoirs en sa faveur. Mais quelles sont les limites de ses « petits arrangements »? Peut-on parler de propagande de la part du leader? Et surtout, peut-on encore considérer l'Italie comme une démocratie?
[...] La troisième chaîne de Silvio Berlusconi est Rete Quattro, elle s'adresse à une audience plus mûre et rencontre particulièrement de succès auprès de la ménagère de plus de cinquante ans. Elle diffuse des programmes d'actualité, des films, des fictions et des divertissements. En 2009, elle atteint de l'audience nationale. Du côté de la RAI, entreprise publique, les chaînes sont RAI RAI 2 et RAI 3. Rai 1 s'est affiché à travers le temps comme une chaîne généraliste qui touche tous les publics. [...]
[...] La radio italienne est dominée par deux chaînes publiques, RAI 1 et RAI respectivement première et troisième dans le classement des stations les plus écoutées. Citons également la troisième radio publique, RAI 3. Malgré tout, les plus grosses audiences sont réalisées par des réseaux privés. Parmi eux, le leader incontesté est Radio Deejay qui appartient au groupe L'Espresso et qui compte 5,8 millions d'auditeurs par jour en moyenne. Après lui, RDS dénombre 4.8 millions d'auditeurs et RTL 4,2 millions. Toutes ces radios sont musicales. On estime à 1300 le nombre d'antennes locales. [...]
[...] L'image de Silvio Berlusconi 34 a. L'entrepreneur self-made-man 34 b. La victime 36 De la justice 36 De la presse 37 c. Culte du corps et narcissisme 37 C. Autopromotion et autosuffisance 39 a. La politique à la rescousse 39 Des médias 39 Des démêlés avec la justice 41 b. Les médias comme support de sa politique 42 c. [...]
[...] Le culte de la jeunesse va plus loin lorsque Silvio Berlusconi participe à l'anniversaire des dix-huit ans de la désormais célèbre Noemi. Mais ni le scandale du Noemigate ni ses prétendues relations avec l'escort- girl Patrizia d'Addaria ne semblent entacher sa popularité. Silvio Berlusconi continue d'afficher une confiance en lui digne des plus grands clichés de tchatcheurs à l'italienne Sûr de lui, il se vante volontiers d'être «plus populaire même qu'Obama». A un journaliste de El Pais, il avancera même : Je crois être de loin le meilleur président du Conseil des 150 (dernières) années de l'histoire italienne C. [...]
[...] Certains blogs comme celui proposé par l'ancien animateur de télévision Beppe Grillo connaissent un énorme succès. Cinéma L'absence d'une véritable politique publique de soutien et la concurrence d'une télévision diffusant des films à profusion ont précipité la crise du cinéma italien. Après avoir atteint son plus bas niveau en 1992 avec 83 millions de spectateurs (819 millions en 1955 et 241 millions en 1980), la fréquentation a légèrement augmenté depuis avec 113 millions d'entrées en 2004. Elle reste malgré cela la plus faible par habitant des grands pays européens. [...]
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