La socialisation politique des militants du Front national

Résumé du document

Le Front National est un parti politique né, tout comme les Verts, au cours de la Vème République puisqu'il est officiellement fondé le 5 octobre 1972, suite à l'initiative des dirigeants d'Ordre nouveau, mouvement nationaliste fondé en 1969 après la dissolution d'Occident. Néanmoins, le FN opère sa réelle irruption sur la scène politico-médiatique française lors de l'élection municipale de Dreux en 1983 puis lors des élections européennes de 1984 où il s'impose comme un partenaire électoral de poids et ce jusqu'à aujourd'hui puisqu'il a notamment obtenu un score à deux chiffres à chaque élection présidentielle depuis 1988, parvenant même à se hisser au second tour de l'élection de 2002 avec son candidat Jean-Marie Le Pen.

Extraits

[...] A la recherche d'une politique étiquette'' in Pascal Perrineau L'engagement politique, Paris, Presse de sciences Po MAYER Nonna, Ces Français qui votent FN, Paris, Flammarion Au moment de sa scission, en 1999, le Front National comptait 42000 adhérents. Cf l'hypothèse de la désaffiliation politique entraînant la disparition des militants ION Jacques, La fin des militants, Paris, les éditions de l'atelier LAFONT Valérie, Idem. BECKER Howard S., Outsiders, Études de sociologie de la déviance, Paris, Métailié (éd. Originale : New-york, The free Press of Glencoe, 1963) LAFONT Valérie, Idem, p3. [...]

[...] Le FN est en effet organisé autour d'un bureau politique omnipotent, statutairement élu par les membres du comité central eux-mêmes élus par un congrès rassemblant les adhérents et délégués du parti. Or l'élection du bureau n'est la plupart du temps qu'une reconduction pure et simple du bureau précédent. Les nouvelles recrues n'y sont acceptées que par cooptation. Bibliographie BECKER Howard S., Outsiders, Études de sociologie de la déviance, Paris, Métailié (éd. Originale : New-york, The free Press of Glencoe, 1963) BIRENBAUM Guy, FRANCOIS Bastien, Unité et diversité des dirigeants frontistes in Le Front national à découvert, sous la direction de Nonna Mayer et Pascal Perrineau, Paris, Presses de Sciences po LAFONT Valérie, Les jeunes militants du front national : trois modèles d'engagement et de cheminement in Revue française de science politique 2001 (vol. [...]

[...] PRUDAL Bernard, Les identités ‘‘totales'' ; quelques remarques à propos du Front national, in CRISPA, CURAPP, L'identité politique, Paris, PUF p. 196-205. BIRENBAUM Guy, FRANCOIS Bastien, Unité et diversité des dirigeants frontistes in Le Front national à découvert, sous la direction de Nonna Mayer et Pascal Perrineau, Paris, Presses de Sciences po, 1996. [...]

[...] Ces processus de marginalisation et parfois même d'exclusion de certaines sphères sociales consécutifs à l'adhésion au FN renforcent la capacité intégratrice du FN puisque ce dernier s'apparente à un monde de substitution[11] où l'adhérent peut compenser ce coût social élevé auquel il consent lors de son adhésion. Pour Bernard Pudal, ce monde à part ferait même figure de deuxième identité[12]. L'identité individuelle se dissout donc bien davantage dans une identité de groupe que dans d'autres partis comme les Verts par exemple. De plus, le culte du chef et l'organisation institutionnelle du parti n'encouragent pas les militants en particulier d'éventuels nouveaux adhérents à s'engager dans un parti qui ne donne pas la parole à sa base militante. [...]

[...] Anne Muxel a par exemple montré les effets socialisateurs de la participation au mouvement des lycéens de 1986[5]. Il convient de prendre en compte la multiplicité des contextes traversés par l'individu. Certains événements non politiques, liés par exemple à la trajectoire socio-professionnelle, au mode d'insertion sociale peuvent avoir des effets politiques. Enfin, la manière dont un individu est inséré ou non dans des groupes socio- professionnels et amicaux peut jouer un rôle non négligeable. On peut imaginer que le FN joue un rôle intégrateur auprès de jeunes notamment qui n'ont jamais intégré activement les espaces traditionnels de la citoyenneté ou dans les milieux populaires, auprès d'individus menacés d'isolement social en raison des mutations de la société urbaine, industrielle et salariale[6]. [...]