"Le peuple est au principe de la démocratie. Il est le fondement de la légitimité politique, il se fait entendre à l'occasion des élections intermédiaires et tranche souverainement au terme des mandats nationaux", Lionel Jospin, <em>Le monde comme je le vois</em>.
Selon cette citation, le peuple apparaît comme le lien entre élection et démocratie. Cependant, ce n'est pas parce qu'un peuple peut s'exprimer de manière électorale qu'il est en démocratie. De nombreuses conditions déterminent le fonctionnement démocratique d'un état. D'un point de vue étymologique, la démocratie est le pouvoir du peuple à se gouverner lui-même. C'est-à-dire, le "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple", selon Abraham Lincoln. Mais cette définition est à nuancer (...)
[...] Un des moyens de consultation du peuple est l'élection. Nous avons déjà vu que l'élection est un obstacle à la démocratie directe, cependant, elle reste le seul moyen concret d'exercer la démocratie. A quoi sert donc une élection, et comment fonctionne-t-elle ? Tout d'abord, l'élection permet au peuple de choisir ses gouvernants et représentants, qui voteront et rédigeront la loi. Le peuple participe ainsi indirectement à l'exercice du pouvoir. Les élections peuvent également servir à résoudre une crise, en ayant recours au suffrage universel pour trouver une solution. [...]
[...] Pour autant, les élections n'induisent pas la démocratie. Pour qu'il y ait véritablement des élections libres, il faut qu‘il y a un choix entre plusieurs options, et donc un pluralisme politique. Il faut également que l'ensemble du peuple puissent s'exprimer, et que le droit de suffrage soit le plus étendu possible. Quelles sont donc les conditions pour que coexistent élections et démocratie ? Sont-elles véritablement conciliables ? Peuvent-elles se contredire ? La démocratie et les élections ne sont pas incompatibles, selon les définitions que l'on peut leur donner. [...]
[...] Cet exemple montre deux choses. Tout d'abord, qu'à travers l'élection d'un conseil constitutionnel ayant pour rôle de réformer la constitution, le peuple est doté d'un pouvoir immense, puisque de cette constitution va dépendre le fonctionnement et l'organisation entiers du système politique. Ensuite, il montre l'importance de l'élection et du mode de scrutin. Sur le système électoral et de ses résultats, repose l'entier agencement de l'organisation politique de l'Etat, puisqu'il s'agit du seul moyen de consulter le peuple, et donc d'être une démocratie. [...]
[...] le système représentatif : le pouvoir délégué à une minorité Certains auteurs estiment que la démocratie peut être instaurée par un système d'élections de représentants. Ce système représentatif, basé sur l'élection de représentants du peuple, est le seul à être réalisable matériellement. Mais induit-il réellement la démocratie ? Le système représentatif est défendu par les adeptes de la souveraineté nationale. Selon eux, la souveraineté appartient au peuple dans son ensemble, en tant que quantité abstraite. Elle est une et indivisible. [...]
[...] L'existence d'une souveraineté une et indivisible permet de créer une certaine stabilité, une homogénéité à la volonté du peuple, et d'ainsi de la limiter. Cependant, les représentants n'ont aucun lien avec le peuple lui-même. Bien qu'élus par celui-ci, ils sont tout à fait libres d'action entre deux périodes d'élections. Les élus peuvent alors être tentés de confisquer le pouvoir et de diriger le pays selon leurs convictions propres. Le pouvoir n'appartient donc pas au peuple en tant que tel, ce n'est pas une démocratie. [...]
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