Le 26 septembre 2006, Shinzo Abe fut nommé Premier ministre du Japon, remplaçant le très charismatique Junichiro Koizumi. Ce dernier, figure forte de ce début de siècle au Japon, s'est particulièrement illustré par son patriotisme exacerbé. Dans quelle mesure Shinzo Abe s'inscrit-il dans la continuité politique de Koizumi Junichiro? Faut-il s'attendre à une rupture par rapport à la politique du précédent Premier ministre?
[...] John Dower[13] décrit très bien comment les Japonais se percevaient pendant la seconde Guerre Mondiale, alors à l'apogée de leur expansionnisme militaire, comme une nation, une race, pure, différente des autres. La décision du sélectionneur de l'équipe national de football de 'nipponiser' le groupe a été saluée par tous. Un Japon sorti de son contexte historique, dont ils aiment les signes, les symboles, comme s'ils l'observaient de l'extérieur, tels des étrangers. Espérons que 'l'empire des signes'[14] tel que décrit par R. Barthes, trouvera là l'occasion de réfléchir sur son passé et ne cèdera pas à la dangereuse tentation du repli sur soi. [...]
[...] L'élection de Shinzo Abe au poste de Premier ministre japonais Le 26 septembre 2006, Shinzo Abe fut nommé Premier ministre du Japon, remplaçant le très charismatique Junichiro Koizumi. Ce dernier, figure forte de ce début de siècle au Japon, s'est particulièrement illustré par son patriotisme exacerbé. Dans quelle mesure Shinzo Abe s'inscrit-il dans la continuité politique de Koizumi Junichiro? Faut-il s'attendre à une rupture par rapport à la politique du précédent Premier ministre? Né en 1954, Shinzo Abe dit 'le Prince', est le premier Premier ministre né après la seconde Guerre Mondiale. [...]
[...] Si on excepte bien sûr la défaite du parti libéral en 1991, défaite provoquée par une faction détachée du parti libéral. Junichiro Koizumi a en effet procédé à la privatisation de la Poste japonaise et de la compagnie de chemin de Fers. Selon l'article 96 de la constitution, celle-ci ne peut être amendée que si au moins les deux tiers de chaque chambre approuvent l'amendement. Il est alors soumis à référendum, puis promulgué symboliquement par l'empereur. Pour éviter toute ambiguïté sur ce terme, libéral désigne ici la sphère économique. [...]
[...] Si d'un point de vue international, il se veut en rupture avec son prédécesseur, Shinzo Abe s'inscrit dans la ligne directe de Junichiro Koizumi de part sa volonté de renforcer l'amour de la nation. Libéral et conservateur, il se veut le porte-parole d'un Japon moderne, jeune, dynamique, décomplexé de son histoire, et à la recherche de nouvelles bases institutionnelles. Très ironiquement, la plupart de ses positions sur les sujets de société peuvent être qualifiées de rétrogrades, et on peut s'interroger sur le futur d'un Japon dont le chef de gouvernement tient des propos révisionnistes. [...]
[...] Et Shinzo Abe de déclarer à la Commission parlementaire sur le Budget en février 2006 'Il est difficile de définir ce qu'est une guerre expansionniste. Le rôle des gouvernements n'est pas de faire un travail de mémoire sur la seconde Guerre Mondiale'.[7] Ce déni de l'histoire est propre au Japon, un pays certes démocratique, mais où le travail de mémoire à propos des exactions de l'armée japonaise n'a jamais été accompli. Le plus inquiétant dans ce contexte est la proposition qui a été faite de renforcer le patriotisme dans les salles de classe.[8] En juillet 2006, S.Abe a publié un livre intitulé 'Utsukushii Kuni-he' 'Vers une belle nation'.[9] Classé parmi les meilleures ventes au Japon, ce livre prône la rupture avec 'le régime de l'après guerre', régime qui a failli, selon lui, à la production d'individus capables de se sacrifier pour ce qui les dépasse, en particulier pour la nation. [...]
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