Le 21 avril 2002, au soir du premier tour de l'élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen créé la surprise en devançant Lionel Jospin avec près de 17.2% des voix. Un paradoxe saute aux yeux lorsque l'on examine les résultats des élections des 21 avril et 4 mai 2002. En effet, Jacques Chirac connaît d'abord au premier tour le score le plus faible pour un président sortant sous la Ve République, avant d'être réélu avec 82,15% des voix au second tour, soit la plus forte majorité qu'ait connu le régime. En outre, cette élection se différencie des précédentes en ceci qu'il n'y a aucun débat télévisé entre les deux candidats du second tour lors de cette élection présidentielle. Ce qui était devenu la coutume est donc mis entre parenthèses en 2002. Cette élection est également celle qui a mis en concurrence le plus de candidats au premier tour, ils étaient en effet seize
[...] Dans les semaines qui ont précédé le premier tour, les sondages ont clairement montré une montée du score de Le Pen et un déclin parallèle de celui de Jospin, tout cela dans le cadre d'une très forte abstention. Quatre jours avant le scrutin, le premier était à 14% et le second à 18%. Compte tenu de l'incertitude de que l'on prête habituellement aux estimations des candidats extrémistes, le succès de Le Pen était envisageable. La presse s'est montrée discrète sur ce risque. [...]
[...] Jospin est partiellement dû à la multiplicité des candidatures à gauche. Le bon résultat du candidat frontiste vient avant tout de l'augmentation massive de l'abstention dans l'électorat de gauche, qui s'est désolidarisé du PS. La hausse de l'abstention en général explique la hausse relative de l'extrémisme s'il est mesuré par rapport aux suffrages exprimés. Avant même la clôture du scrutin, on savait que les abstentionnistes seraient particulièrement nombreux. En effet, près de 28% des citoyens ne se sont pas rendus aux urnes, ce qui constitue un record pour une élection présidentielle, celle-ci mobilisant habituellement les Français. [...]
[...] En outre, des mesures nouvelles telles que le quinquennat ou l'inversion du calendrier électoral entre présidentielle et législatives avaient pour but d'éviter une nouvelle cohabitation, mais l'inversion du calendrier a pour sa part occasionné une lutte féroce entre les seize candidats du premier tour, chacun s'efforçant d'engranger un maximum de voix en prévision des législatives. Sources bibliographiques : Archives en ligne du Monde.fr ACHJENBAUM Yves Marc, Les Présidents de la Ve République, Librio PACTET Pierre & MELIN-SOUCRAMANIEN Ferdinand, Droit constitutionnel, Dalloz et Armand Colin, collection U droit public 24e édition en août 2005. [...]
[...] Ainsi, les socialistes Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, ainsi que le Vert Noël Mamère ont appelé à voter pour Jacques Chirac au second tour, en un sursaut républicain Le lendemain, c'est au tour du Parti communiste, puis le mardi de Jean-Pierre Chevènement. A l'exception d'Arlette Laguiller et de Bruno Mégret, toutes les formations politiques présentes au premier tour se manifestent en ce sens. Ainsi, contrairement à une idée reçue, l'élection présidentielle de 2002 n'est pas celle de tous les changements, de toutes les ruptures. Un élément décisif, la hausse de l'abstention, explique en grande partie son résultat. [...]
[...] Le résultat de ce premier tour marque en effet le désaveu des électeurs pour les partis de gouvernement. Une grande partie des votants a choisi des petits candidats peu crédibles. De plus ont choisi les extrêmes, et presque ont voté blanc ou nul, ce qui constitue le nombre le plus élevé de toutes les élections présidentielles. L'extrême gauche s'impose avec près de 11% des voix, obtenues par Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et dans une moindre mesure Daniel Gluckstein. Le poids du vote "trotskiste", contestant la majorité au pouvoir, a incontestablement nui à la gauche plurielle. [...]
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