La démocratie participative - émergence dans un contexte historique et social particulier, pratique et limites

Thèmes abordés

Démocratie participative, pensée politique, démocratie directe, démocratie représentative, citoyens, peuple, crise du politique

Résumé du document

La démocratie participative peut se définir comme les expérimentations qui s'incrivent plus ambitieusement dans le cadre d'une renouvellement de la pensée politique. Elle s'inspire de l'idéal de la démocratie directe (exercice direct de la souveraineté par le peuple). La démocratie participative ne doit pas être confondue ni avec la démocratie représentative, un régime dans lequel les citoyens transfèrent leur pouvoir par les élections à des représentants. Le terme démocratie participative apparaît pour souligner les limites de la démocratie représentative, mais aussi une forte tendance du peuple à vouloir faire entendre sa voix. Ces deux systèmes ne sont pas antagonistes mais bien complémentaires. Cependant la démocratie participative est-elle vraiment un remède à la crise du politique ?

Extraits

[...] Le terme démocratie participative apparaît pour souligner les limites de la démocratie représentative, mais aussi une forte tendance du peuple à vouloir faire entendre sa voix. Ces deux systèmes ne sont pas antagonistes mais bien complémentaires. Cependant la démocratie participative est-elle vraiment un remède à la crise du politique ? L'émergence de la démocratie participative s'inscrit dans un contexte historique et social particulier Le terme véhicule avant tout l'idéal type de la démocratie. Ce serait celle où ses citoyens participeraient activement à la vie politique, réagiraient aux lois, débattraient ensemble. [...]

[...] » Cette démocratie naît d'un contexte économique difficile : la mondialisation engendre une perte de repères, due aux Trente Glorieuses et à ses transformations sociales et urbaines. Le libéralisme économique pousse de plus en plus au repli des citoyens, où leur parole est confisquée; c'est bien le fondement de la démocratie représentative. Il existe un fossé grandissant entre les élites et la population : un manque de confiance envers les politiques est palpable, une baisse de légitimité des élus se fait progressivement, l'abstention est en hausse constante et ceci concourt également à un sentiment d'impuissance où les citoyens sont moins dupes des artifices de la représentation. [...]

[...] La démocratie participative s'exerce de façon ciblée. Pour un projet particulier, le degré de participation et d'implication des habitants varie de l'information, de la consultation, la concertation jusqu'à la co-gestion. Des jurys citoyens permettent de former les citoyens à la compétence juridique, ce qui fait émerger de nouveaux profils comme les leaders de quartiers avec de nouvelles compétences. Depuis les années 2000, ces nouveaux types de participation se sont ancrés dans la vie quotidienne des citoyens, grâce également aux possibilités qu'offrent les nouvelles technologies. [...]

[...] Cette activité étant chronophage, on comprend bien pourquoi les réunions de quartiers restent parfois désertes. Dans une vision inverse, les élus qui promeuvent cette participation sont souvent taxés de populistes (comme S. Royal en 2007), ce qui freine l'initiative des politiques. De plus, la légitimité des parlementaires est ici remise en cause, c'est pourquoi les élus locaux ne veulent pas tous mettre en place cette participation. Même le référendum local s'il acquiert une valeur décisionnelle depuis 2004, la décision revient toujours à l'administration publique. [...]

[...] Les débats participatifs permettent aussi d'expliquer quelques désaccords. Instaurer des règles au débat peut être vécu comme un frein au dialogue. La démocratie participative nie le conflit, tandis qu'une vision délibérative (étudiée par Habermas) serait plus appréciée afin de faire éclater les désaccords. Ce consensus naît aussi des partcipants eux-mêmes : la propension à participer dépend largement des dispositions sociales liées à l'éducation, la profession et à l'insertion d'ensemble dans la société. Par exemple la concertation sur les enjeux urbains est souvent le fait des classes moyennes voire supérieures. [...]