Démocratie participative - Porto Alegre - gouvernance urbaine - délégation de pouvoir - démocratie directe
La démocratie participative désigne l'ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d'augmenter l'implication des citoyens dans la vie politique et d'accroître leur rôle dans les prises de décision. Elle se présente comme un système mixte dans lequel le peuple délègue son pouvoir à des représentants qui proposent et votent des lois, mais conserve cependant le pouvoir de se saisir lui-même de certaines questions. Le budget participatif est un concept de démocratie participative qui consiste à confier aux citoyens d'une ville l'attribution d'une part du budget.
Ce concept a été mis en place à Porto Alegre, la capitale de l'État du Rio Grande del Sul, au Brésil. C'est la dixième ville en importance de population du Brésil, avec 1,4 millions d'habitants. La ville a été administrée pendant 16 ans par le Parti des Travailleurs, à l'origine du Budget Participatif. En 2004, il a perdu les élections contre le Parti Populaire Socialiste. Actuellement c'est le Parti Démocratique Travailliste qui est à la tête de la municipalité.
A travers l'exemple de Porto Alegre, peut-on réellement considérer que les budgets participatifs, dans leurs formes actuelles, permettent une avancée de la démocratie participative et de la démocratie directe ?
[...] Le maire garde un rôle prépondérant dans les décisions. En effet, il faut passer par son intermédiaire pour entrer en relation avec les niveaux gouvernementaux supérieurs, les élites locales ou les mouvements populaires. Il apparait donc comme le dirigeant suprême de la ville, ce qui lui confie une liberté qui déborde les limites de sa compétence fonctionnelle et de l'autonomie municipale Des discours révolutionnaires, des pratiques néolibérales Le gouvernement du PT a toujours évolué dans une certaine ambigüité entre ces discours, marqués par l'idéologie révolutionnaire, et ses pratiques réformistes qui tendent à se rapprocher d'un modèle social-démocrate, voir néolibéral. [...]
[...] Pourtant il semble que les nombreuses contradictions illustrent bien le fait que la manipulation et l'instrumentalisation des élites politiques sont toujours présentes, que ce soit dans l'expérience de Porto Alegre, ou dans les autres villes du Brésil Bibliographie De la démocratie participative Revue du MAUSS 2/2005 (no p. 155-170. Disponible sur : www.cairn.info/revue-du-mauss-2005-2-page-155.htm. Raul Pont L'expérience de Porto Alegre Nouvelles FondationS 1/2007 p. 109-113. Disponible sur : www.cairn.info/revue-nouvelles-fondations-2007-1-page-109.htm. Klaus Frey et Fábio Duarte Démocratie participative et gouvernance interactive au Brésil : Santos, Porto Alegre et Curitiba Espaces et sociétés 1/2006 (no 123), p. [...]
[...] On peut donc considérer que cette forme de participation directe, un relais du parti luimême. Quatre incohérences dans le mécanisme de fonctionnement du Budget Participatif le prouvent : Le PT a toujours refusé que soit créé un règlement juridique du Budget Participatif, permettant d'intégrer ce mécanisme dans le fonctionnement même de l'état, par peur de perdre le contrôle du processus de participation comme l'a dit le maire de Porto Alegre. Les plus pauvres sont très rarement présents lors des assemblées car ils ne disposent pas de connaissances et d'une maitrise du discours suffisantes pour participer aux réunions. [...]
[...] Une nouvelle gouvernance urbaine : fonctionnement et impact La réalisation concrète du Budget Participatif met quelques années à se mettre en place à Porto Alegre, car elle nécessite des réformes de la fiscalité locale et la confiance des citoyens. C'est en 1990 qu'il commence à monter en puissance, en tant que nouvelle manière de gouverner Le fonctionnement du Budget Participatif Le budget participatif met en place un processus de cogestion entre l'administration et le mouvement associatif. Trois composantes fondamentales élaborent le budget public et les plans d'investissement : La base géographique : la ville a été divisée en 16 secteurs, qui s'appuient sur des critères d'affinités politiques et culturelles au sein de la population. [...]
[...] Ainsi, les budgets participatifs se sont progressivement implantés en Europe à la suite des premiers Forums sociaux mondiaux organisés par le mouvement altermondialiste à Porto Alegre, à compter de 2001. De plus, le Budget participatif a été couronné à Istanbul, lors du 2ème sommet mondial des villes de l'ONU intitulé Habitat II. En effet, il a été choisi comme l'une des meilleures expériences de gestion urbaine du monde par le Comité Technique de l'ONU. III. Les limites du dispositif de démocratie participative Malgré ces résultats le dispositif du Budget Participatif a fait l'objet d'importantes critiques de la part de certains auteurs qui le considèrent comme un moyen instrumentalisé par le PT afin de réintroduire du populisme, sur fond de discours néolibéral Une instance participative bureaucratisée Le PT a créé le Budget Participatif afin d'initier une nouvelle forme de démocratie participative, avec l'ambition de dépasser la forme simple du populisme consultatif comme c'était le cas au sein des Conseils Populaires des Soviets. [...]
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