Jacques Chirac a été élu Président de la République le 7 mai 1995, après avoir occupé le poste de premier ministre du 20 mars 1986 au 10 mai 1988, ainsi que celui de maire de Paris de 1977 à 1995. Il sera réélu pour effectuer un second mandat le 5 mai 2002, à la suite de quoi sera réalisé son portait officiel par la photographe Bettina Rheims, fille de Maurice Rheims, écrivain et membre de l'académie française.
Les portraits officiels des présidents de la République sont des représentations du pouvoir investi par l'institution présidentielle. La dimension symbolique certaine de ces effigies s'exprime par une mise en scène particulière. Mais cette dernière, bien qu'extrêmement travaillée et réfléchie, n'est pleinement mise en exergue que par la considération du contexte socio-historique des périodes au cours desquelles ces portraits ont été réalisés.
[...] Elle débute en mettant en scène des strip-teaseuses. La qualité de son travail lui ouvre les portes de la presse, de la mode et de la publicité. Bettina Rheims devient célèbre par son travail sur le corps des femmes qu'elle photographie souvent dénudées, avant de réaliser une œuvre qui scandalisera le clergé, où elle narra la vie de Jésus dans un cadre contemporain en se basant sur une relecture des textes et représentant le Christ en femme. C'est pourquoi le choix de Bettina Rheims pour réaliser le portrait officiel de Jacques Chirac traduit une liberté vis-à-vis du protocole et un refus de l'étiquette, donc une certaine volonté d'ouverture culturelle et artistique, et de modernité. [...]
[...] Le Président sortant est donc réélu de manière écrasante. Il salué par la classe politique et par les Français comme le rempart de la démocratie. Ainsi, les élections présidentielles de 2002 ont illustré un malaise politique qui est caractérisé par un taux d'abstention très élevé (de l'ordre de 30% contre 21% en 1995 et 18% en 1988, ainsi que par une montée en puissance des partis extrêmes. En effet, si au premier tour, l'extrême droite a réuni plus de 19% des suffrages (en comptabilisant les votes du FN et de la MNR), l'extrême gauche quant à elle, réuni pas moins de 21% des votants (répartis entre la LO, les verts, la LCR, le PCF, le PRG et le PT). [...]
[...] Cette volonté fait écho, encore une fois, au slogan de campagne du chef de l'Etat et particulièrement au caractère d'unité qu'il dégage par le terme ensemble Nous avons précédemment évoqué la volonté de modernité et d'ouverture que pouvait représenter le fait de réaliser ce portrait en extérieur. Cette volonté est par ailleurs clairement affichée par le choix de la photographe, Bettina Rheims. Le président a rencontré cette dernière en 1988, alors qu'il était maire de la capitale, à l'occasion de sa première exposition à l'Espace photographique de Paris. Bettina Rheims est une ancienne mannequin devenue propriétaire de galeries d'art, avant de se consacrer à la photographie en 1978. [...]
[...] Par ailleurs, sur son portrait, le Président sortant regarde l'objectif, ce que font également Valéry Giscard D'Estaing et François Mitterrand. Ce regard droit évoque une volonté et une recherche du contact, voire une invitation au contact si l'on considère encore une fois la place du Président (à droite sur la photographie), qui aurait été choisie pour donner l'impression qu'il laisse passer le citoyen. Cette théorie est d'ailleurs concordante avec la position du chef de l'état qui a les mains dans le dos, est légèrement tourné vers l'intérieur, et avec un visage avenant et accueillant. [...]
[...] En effet, c'est, contre toute attente, Jean-Marie Le Pen du Front National, avec 17% des votes, qui affronta le Président sortant au second tour, et non pas Lionel Jospin du Parti Socialiste, que les sondages donnaient second au premier tour. Ces derniers ne créditaient également, au mois de janvier, que des votes pour le parti d'extrême droite (source sondages : TNS Sofres). A la suite du premier tour, de nombreuses manifestations se sont spontanément déroulées entre le 21 et le 23 avril dans les plus grandes villes de France, ainsi que le 1er mai dans une centaine de villes, réunissant personnes contre le Front National (source : Libération donnant les chiffres du Ministère de l'Intérieur). [...]
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