En septembre 2008, à mesure que les élections présidentielles américaines approchent, les nombreuses idées reçues françaises sur la politique aux États-Unis ressurgissent. C'est pour permettre aux lecteurs français de corriger leur vision souvent erronée de la vie politique américaine que les éditions Autrement publient "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les élections américaines".
Dès les premières phrases, l'auteur, Bernard Brown, va fixer le cadre de son analyse. Il dit ne pas faire confiance aux sondages et avoue avoir eu recours à l'utilisation d'un échantillon "non représentatif" de la population, composé de ses amis intellectuels français. Il leur a demandé l'opinion des français sur les élections présidentielles américaines et ce qu'ils souhaiteraient savoir sur cette élection.
Quatre aspects se sont révélés comme incompréhensibles pour les Français : "la suprématie de l'argent, l'intrusion de la religion, la réduction de la politique à un simple spectacle et les mystères du collège électoral". Autrement dit, pour gagner l'élection américaine, dans l'opinion des Français, il suffirait d'être le plus riche des candidats, il faudrait quasiment être un intégriste religieux.
Il n'y aurait presque aucune différence entre les deux grands partis et les élections ne seraient alors qu'une affaire de marketing, enfin on se demande comment les États-Unis peuvent persévérer dans un système électoral qui laisse la porte ouverte à la victoire du candidat qui a reçu le moins de suffrages populaires.
Toutes ces questions s'entremêlent à un profond sentiment de supériorité des Français, que Bernard Brown reconnaît néanmoins comme inhérent au nationalisme. Ainsi en opposition à l'argent et l'aspect spectaculaire qui détermineraient l'issue des élections américaines, en France les idées et les programmes seraient véritablement au cœur des préoccupations des électeurs ; de même, la religion et la politique seraient parfaitement séparées.
[...] En fait, il tend à faire ce qu'il reproche parfois aux Français : à opposer les deux modèles pour déduire la cohérence du modèle américain, et à supposer impossible que les deux systèmes puissent sur certains points être tous deux cohérents, ou, comme c'est probablement le cas le plus souvent, tous deux incohérents. En fait, si pour reprendre l'expression de la journaliste du Monde, Bernard Brown ne vient pas à bout de tous les malentendus franco- américains il a tout de même montré avec une certaine réussite dans cet essai, en mêlant une perspective historique à sa réponse aux interrogations des Français, les particularités de l'élection présidentielle et de la vie politique en général aux Etats-Unis. [...]
[...] Il s'attache à briser les préjugés américains sur la gauche française, comme il tentera dans Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les élections américaines de démêler les stéréotypes français sur la politique américaine. Il publie en 1994 une sorte de manuel de droit constitutionnel américain, L'Etat et la politique aux Etats-Unis. Il apparaît souvent dans les médias français en tant que consultant sur la politique américaine, comme dans un débat sur France 24 au lendemain de l'élection de Barack Obama, lors duquel il décrit le sénateur de l'Illinois comme un candidat post-racial Enfin, Bernard Brown a donné des cours en tant que professeur invité dans plusieurs universités aux quatre coins du Monde et en particulier à Rennes, d'où il tire la première des nombreuses anecdotes de son livre. [...]
[...] S'il dit ne pas faire confiance aux sondages dès l'introduction, on peut tout de même voir s'ils tendent ou non à lui donner raison. Ainsi, on apprend grâce à un sondage réalisé en juillet 2008 par IFOP que des Français disent apprécier les Etats- Unis. Evidemment l'ambigüité de la question de ce sondage nous amène à ne donner qu'une importance faible à ses résultats mais par ailleurs sur le sujet même des élections américaines, il est intéressant de noter que selon un autre sondage (par CSA en octobre 2008) des Français considèrent comme importante l'influence des élections américaines. [...]
[...] Le parti républicain et le parti démocrate sont-ils si proches que l'opinion française veut bien le faire croire ? Pour Bernard Brown, on peut répondre oui, mais uniquement sur le très long terme En revanche, les deux partis proposent aux moments critiques des choix de sociétés radicalement différents. Si les deux partis se retrouvent parfois, c'est parce qu'il est nécessaire au moment de l'élection présidentielle, comme c'est d'ailleurs le cas dans la majeure partie des Etats européens, de capter les voix des électeurs centristes. [...]
[...] En effet, on a assisté à la démocratisation des Primaires, puisque le système de nomination qui persistait dans de nombreux Etats a disparu face à la généralisation d'un système d'élections, que ce soit pour les Primaires des démocrates ou des républicains. Face à la hausse des coûts a donc été promulgué en 2002 le Bipartisan Campaign Reform Act, censé réguler les donations faites aux candidats et aux partis. Mais là encore cette tentative est quasiment un échec pour trois raisons. La limite de dons des particuliers à 2300 dollars a été contournée par le regroupement des contributions de nombreux particuliers au sein des entreprises ou des associations. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture