Michel Offerlé enseigne la socio-histoire et la sociologie politique à l'université de Paris-I. Il est membre du Centre de recherches politiques de la Sorbonne et du Laboratoire de sciences sociales de l'Ecole Normale Supérieure.
Cet ouvrage traite de la place du politique et de la politique dans la société française. Il s'agit d'une analyse des différents aspects de la vie politique française comme une réalité instituée, enjeu constant d'investissement et de redéfinitions.
L'auteur part de l'étude des façons de faire de la politique en France, au sens des activités de conquête et d'exercice des pouvoirs politiques, que l'on appelle activités politiciennes (chapitre I). Puis sont présentés les cadres institutionnels et pratique du champ politique français (chapitre II). L'objet du chapitre III est l'espace politique dans lequel se déploie l'activité des professionnels de la politique. Les deux chapitres suivants traitent des soutiens, critiques et surveillants de cette activité, puis du métier des hommes politiques en France. Les professionnels de la politique interagissent avec les organisations et mouvements de la société civile qui prétend participer à la construction des problèmes publics et à la manière de pratiquer la politique : c'est l'objet du chapitre VI. Enfin, ces activités professionnalisées ou militantes se déroulent sous le regard de l'opinion publique, qui participe également à la vie politique française (chapitre VII).
[...] Il s'agit donc davantage d'un livre de synthèse, d'un résumé, que d'une réflexion sociologique de la vie politique française, comme le promet le titre. L'auteur reprend des thèses énoncées par d'autres sociologues ou politologues, qu'il n'essaie pas de dépasser ou de contester. Dans cet ouvrage, Michel Offerlé défend donc la thèse d'un déclin du politique en France. Il le fait autour d'axes intéressants qui sont la transformation du champ politique et les nouveaux rapports entre les Français et la politique. [...]
[...] Le pessimisme de Michel Offerlé doit d'ailleurs être nuancé. En effet, bien que l'actualité confirme certains de ses propos, comme nous l'avons vu précédemment, la vie politique française n'est malgré tout pas à condamner sans appel. D'une part, la démocratie est très développée dans le régime politique français. Les failles présentées dans l'ouvrage ne sont pas plus préoccupantes qu'auparavant, quand par exemple les droits des citoyens n'étaient pas garantis. Aujourd'hui encore, les démocraties sont minoritaires dans le monde, et les régimes autoritaires ou dictatoriaux sont les plus nombreux, sur tous les continents. [...]
[...] Il condamne également l' américanisation de la politique (fin des idéologies le clientélisme, le fait que les hommes politiques ne connaissent pas la réalité sociale et essaient de se donner une légitimité statistique grâce aux sondages. Offerlé semble aussi hostile à la professionnalisation de la vie politique (vivre pour et par la politique), qui serait responsable de tous les maux précédemment cités. Enfin, la presse est une autre cible de l'auteur, qui la considère comme toute puissante, faisant et défaisant les hommes politiques selon son bon vouloir. Or, si le Canard enchaîné a joué un rôle dans la démission d'Hervé Gaymard, il ne faut pas en faire une règle de la vie politique française. [...]
[...] Ils sont souvent liés à des partis politiques. Néanmoins, les incitations à adhérer à des syndicats sont très faibles, si l'on compare à la situation dans les pays scandinaves ou même en Grande-Bretagne, où les syndicats sont très liés au parti travailliste. Michel Offerlé déplore le manque de légitimité des syndicats en France, ce qu'il explique par leur faible capacité à porter de nouvelles revendications. Ceci conduit à une situation paradoxale : en dépit de leur diversité, les syndicats restent très marginalisés car ils ne parviennent pas à renouveler leur répertoire de revendications en fonction des évolutions de la société. [...]
[...] Les acteurs de premier plan de la vie politique française que sont les hommes politiques et leur entourage ont acquis de nouveaux rôles. En ce qui concerne cet entourage, l'auteur parle d'un marché peu connu mais au pouvoir essentiel dans la vie politique française. Il évoque un certain nombre de postes qui sont l'antichambre du pouvoir : assistants parlementaires, membres de cabinets ministériels ou de cabinets de maires, conseiller auprès de dirigeants des partis, ceux que l'on peut appeler des hommes de l'ombre Concernant les élus, Michel Offerlé note deux phénomènes intéressants : la formation souvent identique des élites politiques (il évoque à ce titre le creuset qu'est l'IEP de Paris) et le fait que les dirigeants politiques appartiennent à des élites qui prennent de moins en moins le temps de lire. [...]
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