Le sida dans la stratégie et la rhétorique du Front national, Pierre Mathiot, Jean-Marie Le Pen, texte, institut national d'information, stratégie politique, Barzach, épidémie, maladie du sida
Ce texte de Pierre Mathiot, professeur des Universités en sciences politiques et ancien directeur de Science Po Lille, tend à montrer les moyens et les conséquences d'une politisation d'un sujet de santé publique. Il s'agit ici d'analyser comment le sida est devenu un problème politique, ce qui, à première vue, a permis la diffusion d'un tel sujet dans la sphère publique accompagnée de moyens d'information et de prévention ; mais qui a aussi pour risque d'en avoir fait un sujet polémique, servant à une stratégie politique bien particulière qu'est celle du Front Nationale. On peut alors se questionner sur les véritables motivations du FN à politiser des sujets sociaux et en l'occurrence, ici, médicaux, illustrés par la maladie du sida et sur les moyens employés pour s'y faire.
[...] Le sida dans la stratégie et la rhétorique du Front national - Pierre Mathiot (1992) Dans : Sida et Politique. Les premiers affrontements (1981-1987) Ce texte de Pierre Mathiot, professeur des Universités en sciences politiques et ancien directeur de Science Po Lille, tend à montrer les moyens et les conséquences d'une politisation d'un sujet de santé publique. Il s'agit ici d'analyser comment le sida est devenu un problème politique, ce qui, à première vue, a permis la diffusion d'un tel sujet dans la sphère publique accompagnée de moyens d'information et de prévention ; mais qui a aussi pour risque d'en avoir fait un sujet polémique, servant à une stratégie politique bien particulière qu'est celle du Front national. [...]
[...] Le cadre spatio-temporel La première partie analyse le cadre spatio-temporel dans lequel s'inscrit l'intervention du FN sur la question du sida. L'émergence d'un discours frontiste sur le sujet se fait sur trois « espaces d'interventions » que sont le Parlement, la presse partisane et les médias et ces interventions sont, comme le souligne l'auteur, chronologiquement limitée de décembre 1986 à juin 1987, et fluctuantes dans leur contenu au cours de cette même période. En effet, la prise de position du FN a d'abord été de nier l'existence de cette maladie avant l'hiver 1986, alors que quelques mois plus tard, à l'approche des législatives de mars 1986, il s'est approprié le sujet pour fonder une bonne partie sa campagne politique ; pour finalement à l'approche des présidentielles de 1988, affirmer que cette maladie n'existe plus. [...]
[...] Finalement, la dernière partie s'attache à révéler la forte contribution du FN à l'émergence du sida comme problème dans le champ politique. En effet, en exerçant une contrainte sur les autres acteurs à s'exprimer sur leurs propositions polémiques, le FN a indéniablement amené la question du sida dans le champ politique, et influencé les choix publics sur le traitement du sujet. En effet, par opposition idéologique et partisane, les autres acteurs politiques refusent catégoriquement toutes propositions du FN, quand bien même elles pourraient être pertinentes, au risque de se voir accusé d'atteindre aux libertés individuelles. [...]
[...] Mais autre que l'aspect polémique intrinsèque à cette prise de position et qui oblige les autres acteurs politiques à prendre position, c'est surtout le discours de JM Le Pen, président du Front national, qui agite le débat dans toute la sphère politico-médiatique. En stigmatisant les personnes atteintes du sida comme des « lépreux modernes » qu'il faudrait enfermer dans les sidatoriums, en s'opposant même aux diagnostics des médecins considérant qu'ils sont au service du pouvoir et manquent à leur devoir d'information, JM Le Pen s'est naturellement attiré les critiques de vouloir « livrer des boucs émissaires à la vindicte populaire », prononcée par M. [...]
[...] Barzarch, ministre de la Santé, à travers une méthode plus « spectaculaire » et qui rompt « avec la pratique parlementaire routinière », qu'est un discours radical et alarmant. D'autre part, si c'est précisément le sida dont il est question, c'est parce que le sujet semble illustrer les valeurs conservatrices, voire xénophobes, du parti, être une « ressource politique à exploiter » d'autant plus que les autres partis (surtout celle de la droite dont le FN veut se différencier) ont semblé être inefficaces. Ainsi, plus qu'une simple préoccupation humanitaire, l'appropriation du sida par le FN semble davantage s'inscrire dans une logique purement « politicienne » qu'est le jeu partisan et donc aux « impératifs stratégiques du FN à un moment donné ». [...]
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