Pierre Bréchon, "Les partis politiques", Paris, Montchrestien, Clefs Politiques, 1999

Résumé du document

Les partis politiques sont un des objets majeurs de la science politique, en tant que leur existence a été consacrée dans la totalité des sociétés modernes comme fondement de la démocratie. Pourtant les partis paraissent confrontés à une crise: diminution du nombre d'adhérents, critiques virulentes de l'opinion, dévalorisation…
Comment expliquer ce paradoxe ? Les partis politiques avancent-ils vers une fin inéluctable ou vers une reformulation profonde ?
C'est à cette question que Pierre Bréchon s'efforce de répondre dans son ouvrage.
Ce dernier date désormais de presque dix ans. Comment analyser dès lors la situation actuelle et les récentes évolutions en fonction de ce qui a été présenté ?

Extraits

[...] Les difficultés rencontrées par François Bayrou dans l'établissement d'un parti centriste sont évocatrices de cette tendance. Le remplacement de l'UDF déliquescent par le MoDem n'a pas paru convaincre les électeurs, ni les députés et alliés du parti. Un système politique nouveau?: Au cours de la dernière décennie, plusieurs modifications institutionnelles ont été effectuées ou préconisées. En premier lieu, il s'agit du passage au quinquennat pour le mandat présidentiel. Indirectement les partis sont concernés puisque ceux-ci sont déjà fortement centrés sur l'élection présidentielle, qui les incite à valoriser leur leader et à personnaliser le parti (PS de Mitterrand, RPR de Chirac, UMP de Sarkozy, UDF de Bayrou). [...]

[...] Pourtant les Français semblent tentés par le militantisme associatif, humanitaire et/ou caritatif. Pourquoi dès lors se détournent-ils spécifiquement des partis politiques? Ceci serait dû à une plus faible politisation des individus, une moindre volonté de défendre une vision de la société. Ils chercheraient avant tout leur épanouissement personnel ou des gratifications non avouées (népotisme, notabilité et prestige, accroissement du réseau de connaissances, du capital social et culturel). Plus le parti est crédible et reconnu, plus les rétributions du militantisme seront importantes. [...]

[...] Enfin, la plupart des partis recherchent à accroître leur électorat et se doivent donc de s'en tenir le plus possible à de grands principes partagés par tous, d'où l'impression d'une homogénéisation. Pourtant celle-ci n'est pas absolue et chaque organisation politique conserve sa spécificité. Les cultures d'organisation peuvent correspondre aux idéaux types wébériens: traditionnel pour les partis de cadres, rationnel-légal pour le parti socialiste français par exemple et davantage charismatique pour les partis de droite, bien que le parti gaulliste soit confronté à une routinisation de la domination charismatique. [...]

[...] Les nouvelles forces politiques peinent à s‘imposer: En dépit de ses scores élevés, le Front National peine à s'imposer dans le débat public comme force politique d'envergure. Ses positions extrêmes l'amènent à être rejeté des coalitions, ce qui lui permet de conserver sa fonction tribunitienne. L'épineuse question de sa succession décidera en partie de sa survie ou de sa déréliction. En effet, le parti s'est fondé sur son leader originel auquel les électeurs frontistes se sont particulièrement attachés. Les partis écologistes n'ont quant à eux pas su imposer l'écologie comme thème majeur des campagnes présidentielles en raison de la relative indifférence des Français sur le sujet et les divisions innombrables du parti des Verts. [...]

[...] Ceci est visible dans le financement des partis politiques, principalement généré par des fonds publics. En conséquence, les liens entre l'État et les partis à vocation gouvernementale se renforcent en terme de financement et de contrôle de ce financement. Affirmer un déclin des parties semble donc simpliste à qui s'attachant à mieux étudier le phénomène constatera une transformation des partis d'une forme de masse vers une forme plus professionnalisée. Selon certains, ces nouveaux partis inaugureraient une nouvelle forme, favorisant les principales formations et leur répartition du pouvoir et des fonctions. [...]