La démocratie est en proie à de grandes contradictions : on assiste à une demande accrue du politique alors qu'en même temps l'aspiration à la société civile est forte. Cela entraine beaucoup de conflits sur la légitimité et la représentativité des institutions publiques. Et cela se retrouve dans toute l'histoire contemporaine : c'est la démocratie civile contre la démocratie politique. Le but de ce livre est de proposer une nouvelle interprétation du modèle français. Il achève tout un ensemble de travaux ayant pour ambition de redessiner le cadre global de compréhension du modèle français en le situant dans une histoire plus générale de la modernité démocratique.
En 1789 c'est l'avènement du jacobinisme, une représentation inédite de l'être ensemble, la nation s'affirme dans la totalité. Les instances susceptibles de concurrencer l'expression légale de la volonté générale sont contestées. Le gouvernement représentatif se fonde sur le monopole de l'expression du collectif. Enfin le culte de la loi comme instituteur du social, comme bannissant tout rapport à la particularité s'impose également.
Les trois impératifs de gouvernabilité, de socialisation et de liberté ont conduit à relégitimer les corps intermédiaires. Le spectre de la dissolution sociale repose sur cette question. De plus, les corps intermédiaires sont un moyen de maintenir vivante la liberté, elles sont des interfaces protectrices entre le pouvoir et les citoyens. Le jacobinisme s'est alors transformé, il tente de brider la capacité de la société civile à s'autoréguler : le contrôle public est alors accru. La peur du social et le spectre de l'état-providence vont réhabiliter les corps intermédiaires.
[...] Le travail de l'imagination. Ce travail se joue aussi dans l'imaginaire : c'est le rôle des fêtes révolutionnaires qui célèbrent cette union fusion ; ce sont des moyens directs de production de la société. L'enracinement du caractère un et indivisible de la République est un puissant transformateur du moral et du social. Contrat social et contrat sentimental. L'importance de la question de l'amitié et de la fraternité pendant la révolution joue un rôle non négligeable la chaleur de l'affection privée vient contrebalancer l'abstraction froide du concept de la citoyenneté. [...]
[...] La dénonciation de l'étouffante centralisation persiste malgré les changements, c'est la dénonciation récurrente d'une société bloquée, il y a une difficulté de penser la démocratie et son histoire. La culture politique de la généralité est restée dans les têtes. Nouvel âge de la généralité. Le problème essentiel n'est plus celui d'une exception française mais il est celui de la crise du politique et d'une interrogation sur la démocratie. L'Etat et la société civile sont remis en cause le besoin de repenser une nouvelle architecture démocratique d'ensemble s'impose. [...]
[...] L'homme libre est alors celui qui trouve dans l'association le moyen de donner consistance à son rapport au monde. La liberté politique ne peut se fonder sur l'individualisme. L'association est alors une condition sociale. Fonctionnalité et liberté. Sous la Restauration on assiste à l'établissement des premiers comités électoraux et le camp libéral dans les années 1830 va former un premier embryon de parti politique. Ces comités sont dissociés des associations, il y a là un flou juridique. Ils ne sont pas un corps intermédiaire politique, les autres associations elles sont férocement pourchassées. [...]
[...] Première partie : la généralité utopique Chapitre 1 : la généralité comme forme sociale (principe d'unité) La haine des corps et le sens du bien commun. En 1789 il y a une forte aspiration à l'unité, c'est l'esprit naissant du nouveau régime français. Le citoyen doit mettre en place un attachement de type inédit entre les hommes : c'est l'avènement d'un nouvel imaginaire collectif. La nation est une totalité immédiate, l'intérêt général est en opposition avec les intérêts particuliers : c'est l'absolutisation de l'intérêt général, une philosophie inédite du bien commun. [...]
[...] Ces comités vont se généraliser et être consacrés en 1848. Chapitre 8 : résistances et recompositions La critique impuissante. Malgré les plaidoyers et les débats, rien ne bouge vraiment dans la centralisation française. Rien de concret n'a été réalisé, pourtant la littérature est foisonnante car la bureaucratie et les fonctionnaires sont jugés avoir un pouvoir exorbitant. C'est l'essor de la vulgate antiétatique en France au 19ème siècle. Dans la première moitié du 19ème siècle le jacobinisme s'est recomposé et refondé. [...]
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