Né en 1916 dans un milieu très catholique et de la moyenne bourgeoisie, Mitterrand est toute sa vie animé d'une ambition extraordinaire : faire l'Histoire. Il prend conscience très tôt de son aptitude : pendant les années trente, qui le voient militer aux « Croix de Feu » du colonel de la Rocque, mais surtout pendant la guerre ; tirant les leçons de la défaite, de sa blessure, de sa captivité, de sa rupture amoureuse et de ses évasions, Mitterrand sort affûté de son parcours et il se rend alors compte de ses «pouvoirs », de sa résistance physique exceptionnelle, de son aptitude au commandement, de son appréhension du peuple.
Le maréchalisme de Mitterrand, décoré de la francisque en 1942, est l'héritage sans doute de son éducation au collège d'Angoulême, de son milieu très catholique ainsi que de ses relations. Ainsi se mit-il au service de documentation de la Légion des Combattants, publia-t-il un article dans la revue France à la gloire de la «révolution nationale ».
Mais à partir de 1943, fortement influencé par ses liens avec des évadés, se sentant certainement investi d'une mission collective, à travers son destin personnel, François Mitterrand opéra une réorientation politique, en créant des «maisons des prisonniers » et des « centres d'entraide » puis, le 15 août 1942, se mit à animer le premier mouvement de résistance des prisonniers de guerre. Mitterrand refuse alors un siège à l'Assemblée consultative nouvellement constituée pour continuer à servir la résistance intérieure.
[...] Il clôt cette impressionnante série de portraits par l'imposante biographie de François Mitterrand, Mitterrand, une histoire de Français. Excellent dans l'art du portrait, il rencontre un grand succès auprès d'un public avide de récits de vie et de biographies. Lui même responsable de collections au Seuil, de 1961 à 1982 l'Histoire immédiate et Traversée du siècle il scelle la rencontre entre les historiens de l'instant que sont les journalistes et l'univers des spécialistes en lançant sur le marché des ouvrages qui inaugurent un genre nouveau : la mise en perspective critique de l'actualité. [...]
[...] Peut-être aussi l'auteur a-t-il trop insisté sur une vision qui fait de Mitterrand un homme envoûté par la littérature, une sorte de penseur, d'artiste. On peut légitimement penser qu'il a été beaucoup plus pragmatique que cela n'a été dit. Ainsi si le livre de Jean Lacouture peut être critiqué comme n'apportant rien de neuf sur la formidable carrière de Mitterrand, il a au moins le mérite de porter un regard sinon littéraire, du moins vif sur la vie de ce Français qui a voulu incarner tous les autres, même si son approche est parfois, au détour d'un paragraphe, dénuée de lucidité. [...]
[...] Lors de la campagne présidentielle de 1974, Mitterrand se posa comme le candidat des forces du programme commun, prônant une participation des femmes en politique, et, comme 9 ans plus tôt, la liberté de contraception. La rupture du 22 septembre 1977 marque l'échec de tout espoir d'Union de la gauche. Le 10 mai, avec des voix, Mitterrand devient Président de la République. Parvenu au «sommet le Président nouvellement élu met tout son charisme, son autorité, sa finesse politique, son machiavélisme en œuvre pour réaliser son dessein : rentrer dans l'Histoire. [...]
[...] Mitterrand, une histoire de Français. Jean Lacouture Biographie D'origine bourgeoise et bordelaise (il est né en 1921 et son père est chirurgien), Jean Lacouture suit un itinéraire classique : collège de Jésuites, Faculté de droit et de lettres de Bordeaux puis Ecole libre des Sciences Politiques. La rupture se produit au sortir de la guerre lorsqu'il se porte volontaire pour l'Extrême-Orient et qu'il devient attaché de presse à l'Etat-major du Général Leclerc : l'expérience indochinoise apparaît rétrospectivement comme la matrice de toutes ses positions antérieures. [...]
[...] Il accède ensuite au gouvernement Ramadier, à l'âge de 30 ans seulement. C'est pendant les débuts de la décolonisation qu'il se découvre une âme de gauche : il s'élève en effet contre les abus (le massacre de Sakiet nottamment), ce qui lui vaut d'être écarté du gouvernement. Il déclare pourtant : «l'Algérie, c'est la France ce qui révèle sa profonde complexité. Il affirma peu à peu sa tactique de long terme, à travers sa volonté d'unir la gauche : ainsi son opposition à de Gaulle faisait autant partie de sa stratégie que de ses convictions. [...]
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