"La Démocratie mise en scène : Télévision et élections" est un ouvrage de Marlène Coulomb-Gully, professeur à l'université de Toulouse le Mirail et docteur en communication. Cet ouvrage s'inscrit dans la lignée des ouvrages de recherche en information et communication puisque son thème, télévision et élections constitue un objet d'investigation fondateur de la discipline. Paru en 2001, ce livre s'inscrit dans un contexte particulier où fleurissent les discours dénonçant un dénigrement de l'évolution de la politique sous l'effet du média dominant qu'est la télévision. L'heure semble être à la nostalgie d'un passé idéalisé. Non content de proposer une posture de réfutation de ces thèses, l'ouvrage s'inscrit plus précisément d'une manière intéressante dans le temps court. En effet, il parait fin 2001 donc en pleine campagne présidentielle avec pour objectif 2002, or la ligne conductrice de ce travail consiste en une tentative d'analyse du rapport entre télévision et élections en se basant principalement sur l'exemple de l'élection présidentielle de 1995. Son contexte de parution permet ainsi une confrontation in vivo des thèses développées avec la réalité de son objet.
[...] L'aspect sentimental de la politique n'étant pas forcément une mauvaise chose, en témoigne la Révolution française. Cette dimension affective nous pousse à refuser une lecture unique de l'esthétisation par la télévision, cela permet de se réapproprier une dimension essentielle du rapport au politique L'esthétisation touche la société dans son ensemble, c'est une culture du sentiment participant de la réalité postmoderne : le pulsionnel prime sur le rationnel, le muthos sur le logos. Il y a alternance entre pouvoir abstrait et concret, mécanique et relationnel, rationnelle et empathique. [...]
[...] Or le rôle central de représentation que joue la télévision réactualise cette importance du corps en politique. L'incarnation est un argument électoral, le président représente la France et fait office de carrefour des projections des Français. C'est Narcisse et polis le retour. La satire politique a toujours existé, même si ce n'est que cyclique. Elle a évolué avec les moyens qui lui sont donnés de s'exprimer. L'audiovisuel permet de renouer avec une communication totale perdue depuis les bouffonneries théâtrales. L'influence de ces représentations satiriques serait d'importance, et aurait un réel impact sur la vie politique, du fait notamment de sa large diffusion. [...]
[...] Elle démarre ensuite son observation. Pour elle, la première caractéristique de l'élection présidentielle de 1995 est la prédominance des questions de personnes dans cette campagne. La télévision se distingue alors par un aspect de narration invérifiable, plus affiliée aux muthos qu'au logos, créant un rapport au mythe, dû à la prédominance de l'archétype dans les médias de masse. Elle voit en effet en 1995 une élaboration progressive à la télévision d'un scénario bien visible, avec des héros identifiés, antagoniques, soumis à des péripéties. [...]
[...] Ainsi on assiste ici à un processus de construction cohérent d'un scénario par la télévision, favorisant l'identification donc l'empathie. La télévision peut être considérée comme l'aède des sociétés contemporaines. Il apparaît que d'un usage précédemment réservé aux peuples primitifs, le rite a fait son entrée dans nos civilisations occidentales par un élargissement de son sens. Si le rite perd sa consonance transcendantale, il existe bel et bien sous la forme de répétitions et de codifications. Dès lors les sociologues et anthropologues se sont penchés sur la mise en place de ces rites donc les plus importants sont naturellement les rites politiques à mettre en parallèle avec les rites religieux. [...]
[...] Une silhouette, un visage, une voix, il ne faut pas perdre de vue que ce sont les premières influences perçues. La silhouette est facteur d'une première perception instinctive. Le visage est un élément de communication à soigner, et enfin la voix représente l'incarnation du corps au même titre que son image. La différence de voix entre le volontarisme de J. Chirac accentué et le ton monocorde et affable de E. Balladur constitue un élément de charisme important. Au PS, il y a une référence identitaire commune à Mitterrand au niveau de la voix, dont L. [...]
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