Le concept de "parti-cartel" (cartel party) de Richard S. Katz et Peter Mair : présentation et critiques du modèle

Résumé du document

Depuis le modèle exposé par Maurice Duverger en 1951 pour proposer une typologie des partis politiques, la recherche dans le domaine n'avait pas connu de grande évolution. Pourtant, la société ayant considérablement évolué depuis cette époque, Richard S. Katz et Peter Mair ont cherché à inventer une nouvelle théorie dans les années 1990, qui expliquerait l'évolution actuelle des partis politiques. Dans leur article “Changing Models of Party Organizations and Party Democracy. The Emergence of the Cartel Party”, les auteurs exposent cette théorie. Depuis, chaque nouvelle étude sur les partis politiques se place dans le prolongement ou en opposition à Katz et Mair, signe du retentissement déterminant de leur étude.

L'approche de Duverger dans son ouvrage Les partis politiques écrit en 1951, consiste à considérer qu'il y a deux formes de partis: les partis de cadres, issus du suffrage censitaire de la fin du XIXe, et les partis de masses qui sont en fait mieux adaptés à la société démocratique, au suffrage universel et qui vont donc devenir dominants. Duverger a ainsi mis en place une typologie des partis, et Katz et Mair ont comme objectif de poursuivre cette typologie, en contestant le caractère indépassable du parti de masse.

Extraits

[...] Le concept de "parti-cartel" (cartel party) de Richard S. Katz et Peter Mair : présentation et critiques du modèle Depuis le modèle exposé par Maurice Duverger en 1951 pour proposer une typologie des partis politiques, la recherche dans le domaine n'avait pas connu de grande évolution. Pourtant, la société ayant considérablement évolué depuis cette époque, Richard S. Katz et Peter Mair ont cherché à inventer une nouvelle théorie dans les années 1990, qui expliquerait l'évolution actuelle des partis politiques. Dans leur article “Changing Models of Party Organizations and Party Democracy. [...]

[...] Mais le modèle de Katz et Mair n'a pas pour but d'être absolument vérifiable pour tous les partis. Il sert de base de réflexion, et sa contradiction permet elle-même d'avancer sur l'étude des partis politiques. Bibliographie - Yohan Aucante, Alexandre Dézé, Nicolas Suager (dir.), Les systèmes de partis dans les démocraties occidentales, Paris : Presses de Sciences Po - Richard S. Katz, Peter Mair, Changing Models of Party Organization and Party Democracy : the Emergence of the Cartel Party, in Party Politics p. [...]

[...] Ainsi, on ne peut pas appliquer le concept de parti-cartel à tous les partis des sociétés post-industrielles. Les systèmes partisans de chaque pays dépendent également de l'histoire de ce pays. Le financement des partis par l'Etat est pour Katz et Mair un moyen pour les partis de survivre: la collusion des partis-cartels permet ce financement par l'Etat. Pourtant, empiriquement, on observe qu'en Allemagne le financement des partis est apparu au moment même où les partis de masses recrutaient le plus d'adhérents. [...]

[...] Le parti-cartel a pour but principal de survivre, et se donne les moyens d'assurer sa survie. Katz et Mair tentent dans leur étude de s'appuyer sur des éléments empiriques qui prouveraient l'émergence du parti-cartel. Ils s'appuient là- dessus sur plusieurs critères, comme sur la professionnalisation du personnel politique, dans les sociétés occidentales, mais surtout sur le mode de financement des partis. Alors que les partis étaient financés intégralement par les adhérents il y a un siècle, ils profitent maintenant largement des subventions de l'Etat. [...]

[...] Alors que toute la théorie de Katz et Mair repose sur l'analyse des liens entre société civile et Etat, ces deux entités ne sont pas définies et leur autonomie n'est pas expliquée. Ceci est du point de vue théorique un sérieux manque. Il y a également un problème de cohérence entre les facteurs choisis pour observer la cartellisation des partis. Katz et Mair choisissent plusieurs indicateurs de mesure du phénomène de cartellisation: la professionnalisation du métier politique, la part des subventions publiques dans les ressources des partis, l'atomisation du nombre d'adhérents . [...]