Ce compte rendu rapporte la lecture du premier tome des Années Giscard écrits sous la direction de Serge Berstein, Jean-François Sirinelli et René Rémond, sous-titré Institutions et pratiques politiques. Il s'agit des conclusions de colloques qui ont eu lieu à Science Po Paris, le 29 janvier 2002 lors de journées d'études organisées par l'Institut pour la démocratie en Europe. De ce fait, la structuration des ouvrages est originale, « inédite » dit Jean-François Sirinelli dans son Avant-propos : chaque chapitre traite d'un thème en particulier et s'articule en trois temps. Une communication informée, puisée aux sources, par un historien qui aura consulté les archives et recueilli des témoignages ; l'intervention d'un grand témoin qui de par ses fonctions était en situation d'observateur privilégié et en dernier lieu, il appartient au président Giscard d'Estaing de confirmer, de rectifier ou de compléter les différentes informations apportées à travers son intervention finale. Mais cet ouvrage a surtout le mérite de combler un vide historiographique concernant ce septennat. En effet, selon R. Rémond, jusqu'à présent celui-ci se traduisait pour la recherche par « une solution de continuité que rien assurément ne justifiait ». Or, les années 1974-1981 marquent une véritable rupture : pour la première fois, les institutions ne sont plus aux mains de gaullistes d'une part, et le septennat n'est pas interrompu, ni par une démission, ni par un décès (de Gaulle ou Pompidou).
Bien sûr, ces colloques ne développent pas des thèses révolutionnaires qui modifient en profondeur l'historiographie mais ils ont le mérite d'offrir un tour d'horizon de la politique européenne de la France sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing mais aussi un aperçu global des institutions et de leur fonctionnement entre 1974 et 1978.
Nous reprendrons très simplement l'organisation du livre : des chapitres autonomes qui offrent une mise au point efficace et claire sur les différents aspects du septennat de Valéry Giscard d'Estaing.
[...] A gauche, le programme commun de 1972 unissait la gauche et les communistes, encore formation majoritaire, sous la houlette de François Mitterrand. Cette union posait un problème redoutable pour le pouvoir en place. En effet, le contexte politique laissait craindre un nouveau mai 1968. Après la nette accalmie des années 1970-1971, qui laissaient à tort présager la fin de la société bloquée l'agitation sociale était vite redevenue considérable : Quatre millions de journées de grève par an en moyenne, le conflit du Larzac en 1971, l'autogestion de l'usine Lip à Besançon, les agitations étudiantes contre la réforme du DEUG, les associations en faveur du droit des femmes manifestant pour la légalisation de l'avortement. [...]
[...] Ne fallait-il pas d'abord serrer les rangs à droite ? C'est sur ce point fondamental que VGE et ses collaborateurs, regroupés autour de Michel Poniatowski portèrent leurs efforts dès les premiers jours d'avril. Deux thématiques complémentaires devaient voir le jour : la défense des fondements de la société menacés par l'union des gauches sans apparaître pour autant sur la défensive, mais aussi une forte aspiration au changement face à l'« Etat-UDR Le candidat donnait une image de président jeune et moderne, tout en étant compétent. [...]
[...] Ainsi la primauté présidentielle est bien réelle tout au long de ce septennat, malgré une volonté affichée d'associer le gouvernement à l'action présidentielle. En fait, il semblerait que la dimension publique du travail gouvernemental, qui est certainement le caractère le plus original des années giscardiennes, ait contribué à renforcer la position du Président en soulignant systématiquement sa prééminence. Toutefois, on ne peut prétendre à une connaissance parfaite des relations entre VGE et son gouvernement qui restent à ce jour selon D. Maus, une énigme Les élections de 1978 : le bon choix et la possibilité de l'alternance législative Par G. [...]
[...] Au contraire on remarque l'absence des questions concernant la politique extérieure, domaine réservé traditionnel du Président. - Les communiqués en Conseil des ministres. Ces communiqués officiels font état aux Français de la teneur des débats tenus lors des Conseils restreints qui réunissent le Président, le 1er ministre et le ministère concerné par la question du jour. R. Barre insiste, lorsqu'on l'interroge, sur l'exceptionnelle fréquence de ces réunions à mettre selon lui sur le compte du réel souci de VGE de mener une action cohérente en suivant de près les dossiers et en travaillant en collaboration étroite avec son gouvernement. [...]
[...] Les mutations partisanes touchèrent aussi les gauches : le PCF était, de l'après-guerre aux législatives de 1973, le premier parti de Gauche. La campagne présidentielle marqua un tournant car les communistes choisirent en 1974 de s'effacer derrière le PS pris en main par François Mitterrand lors du congrès d'Epinay. Les socialistes tirent après leur campagne dynamique les assises du socialisme qui leur permirent de rassembler à leur tour des courants disparates issus du gaullisme agonisant. Une fraction de l'aile sociale du gaullisme et de la démocratie chrétienne, incarnée par Jacques Delors, rejoint d'abord le PS, et Edmond Maire, secrétaire général de la CFDT (syndicat en pleine ascension issue de la scission de la Confédération des Travailleurs Chrétiens en 1964). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture