Cet ouvrage de Yasmina Reza, femme de lettres française, est la première confrontation de l'auteur au domaine politique. Le récit, de 189 pages, retrace la dernière campagne présidentielle en France, en dressant un portrait du candidat UMP Nicolas Sarkozy, jusqu'à son élection en tant que chef d'Etat.
Le choix de Yasmina Reza est ici d'entamer un processus de « décorticage » d'un homme politique. Le caractère hybride du livre, aussi bien dans la forme que dans le fond, permet à l'auteur une liberté d'écriture certaine (on ne peut pas lui reprocher de penchant partisan, notamment, étant donné que ce n'est pas un livre politique, ni une production journaliste). S'il est vrai qu'elle est surtout reconnue dans sa production littéraire pour ses pièces de théâtre (Art, 1994), L'aube, le soir ou la nuit est en effet difficilement classable : sans être réellement une biographie, ni un essai philosophique, ni un roman, ni même un ouvrage politique, on le définit généralement comme un « récit ». Outre le succès commercial et médiatique du livre, sorti lors de la rentrée littéraire de 2007 (24 août), il sera bon de se questionner quant à sa réelle portée, à ses intentions, et sa teneur.
[...] Sarkozy est un bon personnage, car, selon ses propres dires, il vit dans la comédie, que l'auteur qualifiera d'armure : entre jeu et réalité désarmante. Un ton subjectif séduisant et déroutant, révélateur d'une certaine réalité politique Au bout d'un an de relations entre Reza et Sarkozy, on peut noter que des liens plutôt amicaux les unissent ; certains critiqueront ce fait, qui néanmoins semble résulter d'une certaine logique de la proximité (si elle n'est idéologique, elle est au moins physique ; ou est-elle à chercher du côté de leurs origines, d'un passé commun De ce fait, Reza peut s'avérer parfois indulgente, séduite devant lui. [...]
[...] S'il est vrai qu'elle est surtout reconnue dans sa production littéraire pour ses pièces de théâtre (Art, 1994), L'aube, le soir ou la nuit est en effet difficilement classable : sans être réellement une biographie, ni un essai philosophique, ni un roman, ni même un ouvrage politique, on le définit généralement comme un récit Outre le succès commercial et médiatique du livre, sorti lors de la rentrée littéraire de 2007 (24 août), il sera bon de se questionner quant à sa réelle portée, à ses intentions, et sa teneur. L'aube, le soir ou la nuit : un titre impressionniste qui préfigure le livre À première vue, la production de Yasmina Reza tient du portrait. À travers l'étude du titre, nous pouvons mettre en relief la volonté impressionniste de l'auteur (qui n'est pas sans rappeler le tableau célèbre de Monet Impressions, soleil levant). [...]
[...] C'est l'aube, le soir ou la nuit (p.126). Touche par touche, dans un style pressé, imprécis dans la globalité, mais précis dans le détail qu'elle retient, Yasmina Reza dépeint Nicolas Sarkozy, comme un modèle d'homme politique à la quête du pouvoir, modèle-cobaye, individu lambda du sociologue, stéréotype de l'ambitieux. Car là est véritablement la quête de l'auteur : une peinture fugitive, des instantanés volés dans cette course effrénée pour le pouvoir, d'un de ces hommes à la fuite du temps Pour cela, elle donnera, chronologiquement, des moments marquants de ses rencontres avec Sarkozy : s'ils sont significatifs pour le portrait (traits de caractère, actions ils n'apportent que très peu de contenu à l'analyse de la politique du futur président. [...]
[...] Ce livre n'apporte pas beaucoup d'éléments cruciaux sur la campagne, ni véritablement sur l'homme qu'est Nicolas Sarkozy. C'est un regard, qui n'a pas beaucoup d'autres prétentions que de tenter de comprendre l'homme politique dans sa généralité, d'un point de vue humain, d'un point de vue de l'ego. Et c'est là que semble tout l'intérêt de l'œuvre de Reza : la mise en relief de la tendance (actuelle de l'ego dans le domaine politique, au détriment (peut-être) du propos, qui semble secondaire. [...]
[...] 91) Quand il m'arrive de travailler pendant des heures et d'être pris par ce que je fais, je ne pense pas du tout à la vie ni au sens de quoi que ce soit L'action n'est pas la vie, n'a pas de sens. Inspiré et dédié à un certain G. dont l'identité restera mystérieuse (le Daily Times avancera le nom de Dominique Strauss-Kahn), le récit a tendance à tourner autour de l'admiration de Reza pour ces hommes qui jouent gros. [ ] Ils ne jouent pas leur existence, mais plus grave, l'idée qu'ils s'en sont faite (p.56). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture