Créé en 1972, le Front National est considéré comme un parti d'extrême droite. Il participe pour la première fois à l'élection présidentielle de 1974 (0,74% des suffrages), et se développe progressivement. Nonna Mayer, auteure de 'Ces Français qui votent FN', estime que 3 périodes peuvent être discernées dans l'histoire du FN : de 1972 à 1981 quand le FN réunissait moins de 1% des suffrages, puis les années 1980 avec 11% (aux européennes de 1984), et enfin de 1988 à la fin des années 1990 (voire début des années 2000, avec presque 17%, bien que l'on note un déclin de l'implantation locale) où le FN réunit de 14,6 à 15% des votes, avec consolidation de son implantation locale.
Le discours électoral du FN est dirigé contre l'étatisme, une fiscalité trop importante, la perte des valeurs, l'immigration. Au contraire, le FN défend l'identité nationale, la patrie, le culte du passé. Le FN est un parti réactionnaire, qui refuse le changement. Il canalise l'inquiétude quant à une société actuelle en rupture avec la société passée et les valeurs traditionnelles affectionnées.
Il règne, dans l'opinion, une tendance à considérer le vote FN comme un vote extrémiste tenu par un groupe cohérent d'électeurs issus du monde ouvrier, peu ou pas diplômés, exclus de la société, et qui ont toujours voté FN. On pense alors en avoir une idée claire et distincte. Pourtant, l'intitulé en lui-même, 'le vote FN', pose très vite problème : cela suppose qu'un comportement unique amène à voter FN, ou bien que les différents votes FN se ressemblent assez pour être rassemblés dans un même groupe. Or, cela est discutable. En somme, il convient de voir si on peut vraiment parler d''un' vote FN homogène et à quoi il correspondrait s'il existe.
[...] Il prend, pour soutenir sa théorie, l'exemple de la ville de Tourcoing : il constate que les circonscriptions où le FN dépasse la moyenne nationale sont proches ou sont elles-mêmes des zones de forte délinquance. Le sentiment d'insécurité serait donc très lié au fait de voter FN. C'est pourquoi dans les régions où la délinquance progresse, on observe souvent une progression du FN. En d'autres termes, lors de périodes de crise socio-politiques peut se profiler simultanément un vote FN plus important. Cela met en avant l'idée d'un vote FN instable. [...]
[...] Dans les années 1990-1995, prolétarisation et gaucho-lepénisme Fin des années 1990 et début des années 2000 : réenracinement dans le milieu du commerce, de l'artisanat et dans les PME, tout en gardant soutien des ouvriers. En somme, on constate que l'électorat est à la fois hétérogène et instable. En outre, les causes du vote sont difficiles à déterminer tant elles sont nombreuses. Le vote FN doit-il être considéré comme unique ? Si on suit Jérôme Jaffré (Le Monde), on peut penser que le vote FN apparaît différent des autres votes. [...]
[...] La question est de savoir si cela est temporaire. Le vote FN depuis 2007 Peut-on parler d'un déclin du vote FN depuis 2007 ? En 2007, on note une perte de suffrages FN au bénéfice de Nicolas Sarkozy. Il est nécessaire de se référer au contexte, et notamment à la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. En effet, le vote FN s'est affaibli devant un candidat FN vieillissant, et une candidature de Nicolas Sarkozy qui a contribué à diaboliser Le Pen et ainsi à prélever une partie de l'électorat FN. [...]
[...] C'est la convergence de votes très différents. Même s'il existe une dimension populaire au vote FN, il ne faut pas minimiser la présence de classes plus aisées dans l'électorat FN. S'il convient de ne pas sous-estimer la capacité de Le Pen à séduire un électorat effectivement confronté à des difficultés sociales, il importe de ne pas attribuer à ce dernier la responsabilité exclusive du succès du FN Les deux visages du vote FN Nonna Mayer, dans Ces Français qui votent FN propose de distinguer deux types d'électeurs FN. [...]
[...] D'autres analyses sociologiques nous amènent à nuancer nos propos. On le constate, le vote en faveur du FN croit davantage dans les villes moyennes aisées avec des ménages propriétaires qui ne connaissent pas le chômage, plutôt que dans les cités délabrées avec des conditions de vies plus rudes. En effet, les graphiques 1 et 2 du fascicule (Traïni Christophe, L'épicentre d'un séisme électoral) semblent mettre fin à la théorie misérabiliste qui veut que plus la présence d'immigrés, l'urbanisation et le taux de chômage soient élevés, plus le vote FN est important. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture