« Nous vivons en un siècle de bousculade où la vie trépidante brise comme verre les organismes fragiles et les esprits chancelants. La folie augmente, elle emplit nos rues. L'être normal devient une exception.» écrit un journaliste dans un grand quotidien à la fin du 19e siècle. Ce sentiment de fin du monde, qui est aussi présent chez les lecteurs, jure de prime abord avec la vision que l'on pourrait avoir de cette époque. En effet, on retient surtout de la « Belle Époque » la démocratisation des sociétés, le triomphe du positivisme, les avancées sociales ou encore l'importante activité artistique des grandes villes d'Europe. Et pourtant, c'est avec l'écrasement sanglant des Communards en 1871 que commence la période. C'est par l'attentat contre l'archiduc François Ferdinand d'Autriche en 1918 qu'elle s'achève. Il existe donc toujours des phénomènes brutaux à la fin du 19e siècle.
La brutalité est avant tout le comportement de l'animal en ce qu'il a de plus éloigné de l'homme. Qualifier quelqu'un ou son comportement de brutal, c'est donc rejeter toute humanité de son comportement violent. Cela suppose donc qu'on ait posé précédemment des règles déterminant un comportement policé. La brutalité est donc a priori en contradiction avec la vie politique propre uniquement à l'homme. En outre le 19e siècle est celui de l'apparition d'une vie politique dans les sociétés européennes. Avec les différentes phases de libéralisation, puis de démocratisation des sociétés, chaque individu devient un citoyen et s'intègre à la vie politique et sociale. Il devrait donc avoir chassé toute brutalité de son comportement. Toutefois, la fin du 19e siècle est marquée par les actes violents. Les anarchistes–par exemple–se livrent à la « propagande par le fait », les droites antiparlementaires usent de la violence en permanence, les journaux relatent de plus en plus de faits divers autour d'homicides. Les mouvements des nationalités, notamment dans les Balkans, et le nationalisme voient la violence comme un outil. La vie politique et sociale devient-elle plus violente, plus brutale ? Les rapports sociaux sont-ils pacifiés par le parlementarisme ? Ou bien la tentation des différents courants antiparlementaires brutalise-t-elle les individus ? Le processus de démocratisation met-il fin à la violence ? Peut-on parler d'une brutalisation de la vie politique et sociale à la fin du 19e siècle en Europe ?
Si la fin du 19e siècle est avant tout caractérisée par un contexte de rejet de la violence et de pacification des rapports entre les individus, c'est dans ce contexte que se développent de nouvelles formes de violence et une brutalisation des masses.
[...] Les anciennes forment de brutalité disparaissent donc de la vie politique et sociale et la violence est rejetée À la fin du XIXe siècle on observe alors un recul objectif des anciennes formes de brutalité de la vie politique et sociale, F. Chauvaud parle de violence apprivoisée En effet, la sensibilité à la violence s'est beaucoup développée. Ce qui était autrefois accepté, voire jugé normal, devient intolérable. La vie sociale notamment est sans commune mesure avec celle de la France du XIXe siècle. [...]
[...] _La civilisation des moeurs ; N.Ellias ; un classique semble-t-il. Il s'agit d'histoire sociologique et psychologique qui se focalise sur une évolution de long terme, donc assez peu d'informations directes. _Le fait divers en République ; Marine M'Sili ; CNRS ; une approche intéressante de l'évolution des sociétés dans leur rapport à la violence au quotidien, mais ne parle pas de la violence politique. _ Histoire du terrorisme : de l'Antiquité à Al Qaida / sous la direction de Gérard Chaliand et Arnaud Blin. [...]
[...] Les articles adoptent souvent un propos moralisateur et dénoncent l'alcool entres autres. Ils semblent occuper l'espace public mais en réalité accaparent l'attention. Le Petit Marseillais par exemple, est un quotidien resté célèbre pour ses articles sur les faits divers alors qu'ils ne constituent que de la somme du journal. En réalité, la violence est devenue inacceptable. Cela entraîne l'omniprésence d'un puissant sentiment de peur et d'insécurité à la belle époque. Les gens ont alors peur de tout et de tout le monde. [...]
[...] Peut-on parler d'une brutalisation de la vie politique et sociale à la fin du XIXe siècle en Europe ? Si la fin du XIXe siècle est avant tout caractérisée par un contexte de rejet de la violence et de pacification des rapports entre les individus, c'est dans ce contexte que se développent de nouvelles formes de violence et une brutalisation des masses. I. La fin du XIXe siècle est caractérisée par le rejet de la violence et la pacification des rapports entre les individus A. [...]
[...] Les Etats européens vont donc tenter une pacification de la vie politique et sociale par le haut B. Les États tentent donc de pacifier la vie politique et sociale après un siècle marqué par les guerres et les révolutions L'évolution démographique en Europe de l'Ouest au 19e siècle a créé une situation explosive. Suite à l'exode rural, les paysans désertent en grand nombre les campagnes pour les villes. Ces ouvriers sans qualification mènent une vie très difficile et déshonorante. L'absence de législation sociale les rend à la merci du patronat. [...]
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