Tenues du mercredi 27 au vendredi 29 avril 1994, les élections multipartites sont l'occasion pour Mandela et son parti l'ANC de prendre le pouvoir, mais encore de former un gouvernement d'unité nationale.
Pour l'organisation des premières multiraciales du pays, les partis signataires des négociations multipartites décident de la création d'une commission électorale indépendante (IEC), devant épauler le conseil exécutif de transition dans l'organisation et la supervision de ces élections. Composées de 11 membres, tous nommés par le président de la République après avis du conseil de négociation, l'IEC qui en fait est l'organe principal de la préparation des élections, est pourvu de prérogatives lui permettant de contrôler le bon déroulement des élections, de déterminer et de certifier les résultats des élections ; bref de mettre en œuvre tous les dispositifs devant permettre la tenue d'élections libres et honnêtes entre les différentes formations politiques ayant déposé leur liste.
[...] Ces élections montrent bien que le parti de Mandela était largement majoritaire en Afrique du Sud. Suit le parti national qui arrive loin derrière avec 20,4% des votes, soit 82 sièges au parlement. Le NP ne réussit pas pendant la campagne électorale à avoir l'approbation de la communauté noire, d'où son résultat assez maigre qui en fait était composé du vote de ses partisans ainsi que d'une bonne partie des communautés métisse et indienne. En fin, le dernier parti à avoir un résultat assez significatif est l'IFP de Mangosuthu BUTHELEZI qui engrangeait 10,54% des voix, soit 43 des sièges de l'Assemblée Nationale. [...]
[...] Mais dans la situation quasi instable dans laquelle se trouve le pays, un gouvernement duquel ne feraient pas partie les partis minoritaires ne pouvait-il pas être objet de contestation ? Le référendum de 1992, occasion importante dans la marche de l'Afrique du Sud vers sa démocratisation a été le lieu pour la majorité de la population blanche de montrer son désir de tourner la page de l'apartheid en apportant de manière significative sa voix à la poursuite des négociations. Ainsi bénéficiant de l'approbation de la presque totalité de la population, les négociations suivent leur cours "normal" pour aboutir à l'adoption d'un conseil de transition et d'une constitution intérimaire devant permettre l'organisation des premières élections multiraciales, du pays. [...]
[...] Toutefois ce gouvernement fait, bien évidemment, la part belle au parti majoritaire (l'ANC) qui bénéficie de 18 des 31 postes ministériels que comptait le gouvernement. En fait, l'ANC s'adjuge les postes-clés de l'exécutif qu'il attribue à ses hauts dirigeants. C'est l'exemple du ministère de la Défense qui revient à Joe MODISE, les Affaires étrangères Alfred NZO ou le ministère du Travail qui échoit à Tito MBOWENI. Cependant, l'ANC n'oublie pas ses alliés de toujours notamment le parti communiste qui décroche trois ministères en plus de celui chargé du secteur de l'habitat et des affaires sociales obtenu par son dirigeant Joe SLOVO, ou encore l'ex- dirigeant de la confédération des syndicats de mineurs sud-africains, Jay NAIDOU qui lui devient ministre sans portefeuille. [...]
[...] Le NP, ancien parti au pouvoir obtient des responsabilités plus économiques et techniques. En fait, MANDELA en maintenant certains des dirigeants à leurs postes avait l'objectif d'éviter tout mouvement de panique en plaçant des personnes qui n'avaient aucune expérience en matière de gestion économique. Egalement il voulait éviter une rupture en gardant ceux là même qui avaient la maîtrise d'un système économique dont ils en étaient les dépositaires. Enfin, l'IFP se voit attribuer trois postes ministériels dont, fait étonnant, celui du secteur clé de l'Intérieur. [...]
[...] D'autres encore plus meurtriers ont suivi à Germinston et à l'aéroport Jan Smuts de Johannesburg, occasionnant 20 morts et plusieurs blessés graves. Néanmoins, ces difficultés n'excluaient en rien les énormes déficiences (fraudes et erreurs flagrantes) de l'organisation électorale. Mais il paraissait malséant et quelque peu risqué de déclarer ces élections empreintes de tricheries. C'était ouvrir d'une part la voie à la contestation, d'autre part laisser libre cours aux extrémistes dont le seul désir est de faire régner le chaos et la consternation. [...]
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