A la fin des années 1990, et surtout au début des années 2000, on observe en Europe, la multiplication de succès électoraux en faveur de partis populistes ou extrémistes (le parti d' Haider en Autriche, le parti Vlaam Blok en Belgique, les partis du nord de l'Italie, le LPF aux Pays-Bas ainsi que le parti populiste Pia Vjaersgaard au Danemark).
Le populisme est un courant politique et surtout idéologique critiquant des groupes d'intérêts particuliers d'une société, qui trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population. Il veut donc mettre « l'Etat au service du peuple » . Cette notion étant complexe et plutôt difficile à définir, on retiendra l'une de ses caractéristiques principales qui est un appel au peuple, proclamant les vertus du nationalisme culturel et de l'économie protectionniste. Cette droite radicale propose une position idéologique de plus en plus précise et se focalise principalement sur la défense du particularisme culturel. Cet aspect est exploité afin de mobiliser un électorat - se situant au sein d'un large panel de la population - contre la perception de grandes menaces externes à la culture et aux valeurs des sociétés européennes. Ces menaces sont notamment la mondialisation et l'islam.
C'est dans un tel contexte, lié à la problématique de l'insécurité qui se fait de plus en plus pesante au lendemain du 11 Septembre 2001, que vont se dérouler les élections présidentielles françaises de 2002.
En France, les élections présidentielles sont vécues comme étant les plus importantes ; elles sont celles qui mobilisent le plus d'électeurs notamment par le fait qu'elles s'effectuent au suffrage universel direct avec un scrutin majoritaire à deux tours. Cette importance est aussi renforcée en raison de l'intégration de l'image du Président comme « clef de voûte » des institutions. Les élections présidentielles apparaissent donc comme le pilier de la démocratie participative, du fait de leur déroulement qui s'effectue au niveau national et qui appelle directement les populations à voter, sans qu'aucune circonscription territoriale ne propose de liste.
En 2002, elles sont unanimement présentées comme un « séisme » au sein de la vie politique et institutionnelle française. En effet, non seulement elles voient le passage au deuxième tour d'un parti d'extrême droite, mais elles constituent également un évènement symbolique, du fait de l'élimination et donc de l'absence de la gauche lors d'un deuxième tour présidentiel. Qui plus est, l'élection en tant que principe de gouvernement, constitue le fondement même de la démocratie représentative – postulant que le pouvoir n'est légitime que s'il est exercé par l'intermédiaire des représentants désignés par le peuple. Or on constate ici un autre élément symptomatique de la spécificité de ces élections présidentielles : à savoir un taux record d'abstentionnisme s'élevant au premier tour à 28,4% des inscrits sur les listes électorales.
Dès lors, force est de constater que la conjonction de ces trois facteurs constitue un indice révélateur d'une crise de la représentation en France. Cependant, si les Français ne se sentent pas correctement représentés, n'est-ce pas du fait d'une crise de la politique se faisant de plus en plus ressentir ? Dans ce cas, les élections présidentielles de 2002, et particulièrement celle du premier tour qui a eu lieu le 21 avril, apparaîtraient comme le point paroxysmique d'un système politique en crise. Nous allons donc tenter de voir si les résultats de ces élections ne sont pas en réalité la traduction d'une crise politique sous- jacente.
Afin de rendre les résultats de ces élections intelligibles, il convient, dans un premier temps, de faire un état des lieux du fonctionnement politique français à la veille du 21 avril 2002, et d'analyser les différents enjeux qui se sont dégagés de la campagne (I). Dans un second temps, on tentera d'analyser les corrélations entre faits sociologiques et crise de la politique en se focalisant principalement sur deux éléments caractéristiques de ces élections : à savoir l'abstentionnisme et la mobilisation (qu'elle soit citoyenne, médiatique ou politique) (II).
[...] En somme, leur rôle paradoxal lors du traitement de cette campagne peut se traduire comme un accompagnement des ambiguïtés et des enjeux politiques présents durant cette élection. Cependant, il est clair que la victoire de Chirac au deuxième tour, affichant un score presque impensable pur un Président élu au scrutin majoritaire, est majoritairement vue comme une victoire de la République. Somme toute, les présidentielles 2002 apparaissent véritablement comme l'éclatement explicite de la crise politique française, déjà sous-jacente. En effet, la lassitude des Français à l'égard d'une classe politique vieillissante, détourne les citoyens de leur devoir d'électeurs lors du premier tour des présidentielles 2002. [...]
[...] Cependant, si les Français ne se sentent pas correctement représentés, n'est-ce pas du fait d'une crise de la politique se faisant de plus en plus ressentir ? Dans ce cas, les élections présidentielles de 2002, et particulièrement celle du premier tour qui a eu lieu le 21 avril, apparaîtraient comme le point paroxysmique d'un système politique en crise. Nous allons donc tenter de voir si les résultats de ces élections ne sont pas en réalité la traduction d'une crise politique sous- jacente. [...]
[...] Ceux-ci étant plus fortement et plus longtemps scolarisés et majoritairement diplômés, il leur a été véhiculé une image ainsi qu'une rhétorique politique de J-Marie Le Pen, très négative. La plupart d'entre eux se reconnaissent dans les principes d'une morale universaliste et anti- raciste ; plus touchés par la mondialisation, ils sont plus sensibles au cosmopolitisme. Dès lors, Le Pen et son parti ont été intégrés comme constituant un pôle dangereux, désignés comme ennemis communs par delà les clivages traditionnels de la gauche et de la droite. Ces mobilisations populaires, se traduisant par de multiples manifestations nationales, ont eu un impact sur le deuxième scrutin. [...]
[...] Cependant, on retrouve ici deux autres caractéristiques loin d'être extraordinaire pour des législatives qui succèdent de très peu à une élection présidentielle ; c'est-à-dire, un fort taux d'abstentionnisme et la démobilisation de l'électorat défait lors des présidentielles. Le contexte politique n'est aujourd'hui pas tout à fait identique ; cependant, on peut tout de même se demander si la présence d'un parti radical au second tour des présidentielles en 2007, est envisageable ? Il est certain que les Français n'ont pas oublié le 21 avril, et on peut se demander si ce souvenir jouera un rôle, quant à la mobilisation et les votes des Français. Annexe 1 Source : http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/poll/7549.asp, Qui sont les abstentionnistes ? [...]
[...] Mais qui a alors bénéficié de cette désaffection des grands partis traditionnels ? A gauche, les Vert et Chevènement atteignent des scores non négligeables, puisqu'à eux deux ils remportent près de 10% des suffrages exprimés. Mais le grand vainqueur de ce premier tour, est incontestablement J.M. Le Pen, puisque pour la première fois dans l'histoire de la Cinquième République, un candidat d'extrême droite accède au second tour. II. La révélation de la crise politique : de l'abstentionnisme a la mobilisation tout azimut Si le premier tour des élections présidentielles de 2002 a été marqué par un taux-record d'abstention et par l'accession du leader du FN au second tour, la mobilisation populaire qui s'ensuit transforme le second tour en référendum contre Le Pen. [...]
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