Les élections du 21 avril 2002, consacrant l'émergence de partis marginaux, n'ont fait que concrétiser le désaccord des Français face à la pertinence des concepts de droite et de gauche. Déjà en 1988, 67% des Français affirment "que les notions de droite et de gauche ne veulent plus dire grand chose". Il faut savoir que ce phénomène est essentiellement français, les concepts de droite et de gauche étant nés et s'étant développés en France (I). Nous pouvons donc nous interroger sur l'actualité de ces concepts en France, et sur ce qui les sous-tend (le clivage droite/gauche), en voyant en quoi ces concepts, reposant sur une certaine légitimité, sont cependant remis en causes par un déplacement du clivage.
[...] Une tendance centriste est toujours orientée vers la gauche ou la droite. La plupart des démocraties reposent sur un dualisme : bipartisme américain, ou britannique (conservateurs et travaillistes + libéraux- démocrates). Le dualisme droite-gauche s'est exporté au XIXè siècle dans le monde entier pour remplacer les concepts de majorité et d'opposition. Théorie particulièrement applicable en France : la révision constitutionnelle de 1962, en disposant que le Président de la République ne peut être élu qu'à la majorité absolue et en n'admettant au second tour que les deux candidats arrivés en tête du premier tour, accentue le caractère binaire de la vie politique. [...]
[...] De l'autre côté, les partisans de l'ouverture : oui à l'Europe fédérale, ou au libre-échange, oui au métissage culturel (socialistes français, espagnols et italiens, sociaux- démocrates de l'Europe du Nord-Ouest, démocrates-chrétiens allemands et italiens). L'émergence de nouvelles forces : Petits partis marginalisés : les partis extrêmes se veulent apolitiques et proches du peuple, ils considèrent gauche et droite comme un même ensemble "impérialiste", "hypocrite", irrespectueux des intérêts du peuple. L'ampleur de ces partis augmente dans la mesure où ils bénéficient du report des voix communistes. [...]
[...] Le débat sur la révision de la Constitution face au traité de Maastricht, et sur la décision de soumettre la question à un référendum, ont ravivé les clivages : d'un côté, une majorité du PS + presque toute l'UDF et la plupart des leaders du RPR pour le oui, de l'autre côté, une minorité de la gauche, une poignée de l'UDF et des militants néo- gaullistes derrière Philippe Séguin et Charles Pasqua. On observe un consensus identique en Europe. D'où une redéfinition du clivage faite à la fin des années 1980, quand certains intellectuels (J. Julliard, F. [...]
[...] Partis européens : face à l'importance croissante de l'UE, on ne pense plus en termes de droite et de gauche mais en termes de partis. Tout comme le dualisme droite-gauche est impropre et inapproprié aux différentes démocraties (quoi qu'on puisse en penser), le dualisme PPE/PSE relève d'autres distinctions que les distinctions droite/gauche, pour la simple raison qu'ils prônent l'idée de progrès et de changement (considérée comme une idée de gauche) à travers l'élargissement, la réforme des institutions, etc. En conclusion, les concepts de gauche et de droite ne sont pas dépassés, ils renvoient toujours à une réalité concrète, c'est-à-dire les deux principaux pôles de la politique française. [...]
[...] Les modalités de lutte contre le chômage et l'exclusion sont au cœur de cette problématique. Cette distinction est particulièrement importante aux Etats-Unis. A travers les valeurs des électeurs : les électeurs, à travers les sondages, en affirmant avoir des idées de gauche ou de droite (paradoxalement aux statistiques données en introduction) montrent qu'ils se situent par rapport à ces concepts. Ainsi 76% des électeurs de droite se disent favorables au rétablissement de la peine de mort contre 50% des électeurs de gauche ; 49% des électeurs de gauche se disent favorables au vote des immigrés aux élections locales contre 17% de droite (en France) cela montre que droite et gauche ont toujours un sens pour les électeurs II Mais ces concepts, suite à un certain déplacement du clivage, sont à redéfinir Malgré la légitimité des concepts de droite et de gauche, l'alternance des majorités depuis 1981 (et l'apparition de la cohabitation en 1986, non prévue par la Constitution) montre la versatilité des électeurs qui ne retrouvent pas dans les actes les programmes sur lesquels ils ont voté. [...]
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