Ségolène Royal est depuis la campagne présidentielle de 2007 extrêmement présente sur Internet. Son statut de candidate du Parti Socialiste puis opposante de Nicolas Sarkozy en a fait un personnage très médiatique, au point de voir la vie privée de cette femme politique en une des journaux. On assiste à une « pipolisation » des politiques, et Ségolène Royal en fait largement partie. Elle se voudrait d'ailleurs « pionnière du web ».
Elle a également lancé sur le net le concept de « Ségosphere », à la base plateforme des jeunes socialistes pour créer des blogs autour de sa candidature. Sur le modèle de la blogosphère, qui désigne l'ensemble des blogs, ce néologisme montre bien la volonté de Ségolène Royal de s'approprier le média Internet. Il y a donc une omniprésence de Ségolène Royal sur le net, qui s'apparente à une trivialité, au sens « jeanneretien » du terme, c'est-à-dire que des « représentations circulent et passent entre les mains et les esprits des hommes ». La trivialité désigne « le parcours enrichissant par lequel les individus en s'appropriant par leurs usages les êtres intellectuels, les recréent ».
On perçoit donc cette femme politique de différentes façons grâce à Internet, ce qui nous amène à nous demander comment la circulation de l'image de Ségolène Royal sur Internet aboutit à la redéfinition de la figure politique.
[...] La consécration de la trivialité s'opère également à travers la multitude de blogs qui ont fait leur apparition basés sur la personne de Ségolène Royal détournant encore une fois ses messages : comme le blog à charge desirsdavenir.blogspot.com. Un repositionnement des statuts est également visible à travers le site : Sacreeségo.com est une référence à l'épisode où Ségolène Royal demande pardon pour les propos tenus par Nicolas Sarkozy envers les peuples colonisés d'Afrique. Dans ce site on peut même devenir Ségolène Royal. C'est un site performatif (on peut accorder le pardon à sa place) et viral (la transmission par mail traversera des espaces). [...]
[...] C'est la campagne électorale online de Howard Dean, candidat aux primaires démocrates américaines en 2004, qui a révolutionné le champ de la communication médiatique en permettant aux partisans de se retrouver grâce au site meetup.com, en ouvrant un blog officiel, et en créant une WebTV. Trois ans plus tard, Ségolène Royal fait donc preuve d'audace en s'en inspirant et en s'implantant sur de multiples espaces et réseaux sur Internet. Cela témoigne d'une aspiration au renouvellement et au changement propre à sa campagne électorale. Exploitation de tous les espaces possibles : omniprésence online Le désir de modernité communicationnelle se décline sous plusieurs formes. [...]
[...] Ce désir d'incarner le renouvellement va de pair avec sa candidature : une femme au pouvoir aurait en soi été un grand changement. Il y a une cohérence entre ses actions et sa candidature. Le détournement opéré se veut pionnier : la tradition politique d'un candidat aurait été de proposer la construction d'un modèle de société avant de fédérer autour de lui. Ségolène Royal se positionne comme l'icône d'une génération qui réclame un droit de parole nécessaire. Ainsi en créant la Ségosphère elle devient en quelque sorte la reine mère d'un espace symbolique où ses partisans sont rassemblés. [...]
[...] Transformation de la figure politique Une récupération par Ségolène Royal Ces détournements de son image par les internautes vont permettre à Ségolène Royal de se construire une nouvelle figure sur internet en réécrivant son message. Sa présence sur internet étant devenue un objet de moquerie perpétuelle et de persiflage, celle-ci va opérer une communication à part entière en recyclant ses avatars décriés. Par le biais de desirsdavenirs, Ségolène Royal rétablit la vérité on peut accéder, de façon évidente, via le site-mère de Désirs d'Avenir à un blog intitulé rétablir la vérité.org et qui s'attelle à défendre Ségolène Royal contre ses détracteurs. [...]
[...] Ouvert en mars 2008 soit neuf mois avant le Congrès du PS, le but est d'être à l'écoute des militants afin de synthétiser leurs préoccupations (grâce au questionnaire lancé sur le site) pour mieux les représenter lors du rassemblement en novembre. Aujourd'hui le site est désactivé, mais il nous indique toutes les personnes ayant participé et contribué au projet. Dans la lignée de du web participatif, le premier réseau social militant du PS devrait ouvrir début 2010. LacooPol serait donc l'aboutissement des intentions initiées par Ségolène Royal. [...]
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