Le 21 avril 2002, pour la première fois de son histoire, le FN (Front National) accédait à la stupéfaction générale au second tour de l'élection présidentielle. Fondé par Jean-Marie Le Pen qui en est le président depuis, le Front National s'affirmait par là comme l'un des grands partis du point de vue du pourcentage d'électeurs de la vie politique française. Il ne pesait pourtant pas lourd à ses débuts dans les élections: 0,74% des suffrages lors de l'élection présidentielle de 1974. Mais le parti entre dans une phase d'ascension dans les années 1980: en 1982, le FN obtient 12,6% des voix lors des élections cantonales de Dreux. Surtout, suite aux élections législatives de 1986, le FN entre à l'Assemblée Nationale avec trente-cinq sièges.
Ceci popularise le parti et Le Pen obtient 14,38% des suffrages au premier tour des élections présidentielles de 1988, et 15% à celles de 1995. Le FN s'affirme donc durant les années 1980-1990 comme une des grandes forces du champ politique français avec laquelle il faut désormais compter. Cette ascension se concrétise comme on l'a dit en 2002, date qui restera longtemps gravée dans les mémoires.
L'électrochoc de 2002 a été à l'origine de nombreuses interrogations et hypothèses, ainsi que de beaucoup d'ouvrages tentant d'expliquer ce phénomène qu'on a appelé le « vote FN », c'est-à-dire le fait que des populations qui n'épousent pas au départ forcément les thèses du FN, qui ne sont donc pas forcément des racistes ou des nationalistes convaincus, en soient néanmoins amenées à voter Front National. C'est tout le problème posé par le sujet.
[...] Les électeurs interrogés mettent nettement, entre autres, cette volonté de changement en lumière. L'idée est que peut-être que tout ce qui a été fait depuis trente ans ne marche pas et qu'il faut tout simplement faire autre chose, tenter de mettre en pratique d'autres thèses, instaurer un autre modèle de société. Enfin, le vote FN est aussi un vote de désintéressement de la politique, bien souvent amené d'ailleurs par le rejet des autres partis et de leur politique ainsi que par une volonté antisystème ce peut être d'ailleurs un vote antisystème plus poussé: n'en espérant plus rien de bon, les électeurs en arriveraient à se détourner de la politique et à s'en désintéresser. [...]
[...] Ces motivations constantes du vote FN sont en fait liées. Elles trouvent leur source dans le dépit qu'ont engendré les deux principaux partis alternativement au pouvoir. La différence avec ce qui est dit plus haut est que les électeurs n'adhèrent pas forcément ici au programme du FN ; l'explication de leur vote n'est pas à chercher dans une adhésion au projet motivée majoritairement par une déception comme plus haut, mais dans la déception elle-même qui engendre ensuite le rejet du système voire le désintéressement de la politique. [...]
[...] Dans ce cas, on peut soulever une analyse à deux postulats pour les élections suivantes : selon cette analyse, leur vote n'est pas définitivement acquis au FN ; ils peuvent retourner vers des partis plus traditionnels s'ils estiment que leur protestation a été prise en compte (premier postulat); c'est le principe même du vote contestataire : le vote FN n'aurait pour ces électeurs été vu que comme un moyen de protester et de se faire entendre, sans volonté particulière donc de porter le FN au pouvoir, comme ils peuvent continuer à voter FN s'ils considèrent au contraire qu'ils ont toujours des raisons d'être déçus par ces partis (deuxième postulat). Le vote FN peut donc être analysé comme pouvant être un vote de rejet des autres partis politiques. Mais pas seulement; il peut aussi être considéré comme un vote de rejet du système lui-même. C'est le fameux vote antisystème, motivé par une perte de confiance totale non plus seulement dans les politiques des partis classiques mais aussi dans tout le système politique qui est le nôtre. [...]
[...] De nombreuses études sociologiques ont été réalisées dans cet esprit pour tenter de définir l'électorat FN, et à partir de là d'essayer de comprendre le vote de cet électorat. L'explication qu'on tirait de ces analyses était la suivante: les électeurs du FN ont un faible niveau d'éducation, qui souvent conjugué avec une faible origine sociale et une faible situation socioprofessionnelle peut suffire à expliquer leur vote. Cette thèse est un peu facile et peut-être rassurante, mais elle fausse. En effet, elle commet une double erreur; non seulement elle part du postulat selon lequel des considérations sociologiques peuvent suffire à expliquer un vote ; cette analyse cantonne le vote à une simple conséquence de caractéristiques sociologiques, mais en plus elle propage l'idée complètement erronée selon laquelle le vote FN trouve son explication dans la faiblesse des niveaux scolaire et socioprofessionnel de son électorat. [...]
[...] Différentes explications sont en général retenues au vu des sondages sur les électeurs du FN pour expliquer leur vote. Parmi elles, on retient deux constantes ; l'adhésion à un programme, et ce, pour plusieurs raisons, ainsi que le dépit et le rejet des autres partis politiques. II Un vote d'adhésion au programme et de rejet du système Le vote FN peut s'expliquer comme étant tout d'abord un vote d'adhésion au projet et ensuite un vote de rejet du reste des partis politiques A Un vote d'adhésion au projet Comme le met en lumière le document le vote FN paraît d'abord être un vote d'adhésion au projet. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture