Avant même d'analyser les résultats proprement dits de cette élection, il est intéressant de se pencher sur les chiffres annexes (participation, suffrages exprimés, etc.) qui mettent en lumière la particularité de ce scrutin.
Il est tout d'abord à noter une hausse notable des inscrits : 44 472 733 contre 41 194 689 en 2002. Ce à quoi s'ajoute un taux de participation exceptionnellement élevé, qui frôle le record historique de 1965 et la première élection au suffrage universel, avec près de 84 % de votants à chacun des deux tours. Qui plus est on assiste à une forte hausse des suffrages exprimés puisque seuls 1,44 % des votants ont votés blanc ou nul au premier tour de cette élection présidentielle contre 3,38 % en 2002 à ce même premier tour.
L'élection présidentielle en France, par le caractère direct de l'élection et son enjeu national, a toujours été l'un des scrutins les plus suivis, mais cette fois un autre facteur est à prendre en compte pour expliquer cette forte mobilisation : on a effet assisté lors de cette élection à une sorte de renouveau de la vie politique française. On a ainsi vu s'affronter une nouvelle génération de candidats, dont les deux principaux, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en rupture avec la ligne traditionnelle leur propre parti, « donnaient le sentiment de vouloir secouer un pays enfermé dans la morosité. » Un renouveau qui s'est aussi manifesté par la présence d'une femme comme candidate du PS et donc légitime présidentiable. Sans compter la montée en puissance du candidat de l'UDF, François Bayrou, qui, à quelques jours du premier tour, semblait en mesure de contredire la logique presque bipartite de la vie politique française. Autant de facteurs qui ont donnés à cette campagne présidentielle un regain d'intérêt qui s'est aussi bien manifesté le jour du scrutin que dans la vie quotidienne française tout au long de la campagne, très fortement suivie. Un regain d'intérêt qui explique la hausse des suffrages exprimés lors de ce premier tour.
[...] Toutefois la majorité parlementaire a rarement été refusée au Président fraîchement élu, les électeurs souhaitant lui donner un véritable pouvoir pour mettre en œuvre les réformes promises. La constitution d'un gouvernement d'ouverture avec la présence de ministres de l'opposition permettra peut-être aussi de favoriser cette majorité parlementaire mai 2007 NB. Tous les chiffres cités sont tirés du site internet du Ministère de l'Intérieur français. Etant donné la situation particulière du deuxième tour de l'élection présidentielle en 2002, la comparaison avec le deuxième tour de 2007 n'aurait que peu de sens. [...]
[...] En somme, les réserves habituelles à gauche sont insuffisantes, si la candidate socialiste veut remporter le second tour, elle doit donc nécessairement aller rechercher les voix qu'elle a perdues au centre. François Bayrou, engagé dans son processus visant à établir une troisième force vivable et pérenne dans la vie politique française, ne peut pas appeler ses électeurs à se ranger derrière tel ou tel candidat sans contredire sa logique ni de droite, ni de gauche et ne donnera donc aucune consigne de vote. [...]
[...] Sans compter la montée en puissance du candidat de l'UDF, François Bayrou, qui, à quelques jours du premier tour, semblait en mesure de contredire la logique presque bipartite de la vie politique française. Autant de facteurs qui ont donné à cette campagne présidentielle un regain d'intérêt qui s'est aussi bien manifesté le jour du scrutin que dans la vie quotidienne française tout au long de la campagne, très fortement suivie.[3] Un regain d'intérêt qui explique la hausse des suffrages exprimés lors de ce premier tour. [...]
[...] On peut voir deux grandes explications à ce phénomène. Tout d'abord la radicalisation du discours du candidat de l'UMP, spécialement lors de ses dernières semaines de campagne, lui a permis de ratisser plus largement à droite, c'est-à-dire y compris chez les habituels électeurs de l'extrême droite.[6] Une stratégie que lui reconnaît le leader du Front National qui estimera ainsi après le second tour que la victoire de Nicolas Sarkozy signifie aussi la victoire des idées et du programme du FN. [...]
[...] Ce relatif échec du leader centriste relatif car il réussit tout de même avec des voix à presque tripler son score de 2002 confirme cette tendance à la bipolarisation de la vie politique française depuis plus de 25 ans. En témoigne le score important de Nicolas Sarkozy puisque avec des voix dès le premier tour il enregistre le meilleur score d'un candidat de droite depuis 1974[5], laissant sur place Jacques Chirac qui n'avait jamais fait mieux que en 1995. Pour sa part la candidate de gauche Ségolène Royal réalise aussi un score important avec soit près de 10 points de plus que Lionel Jospin, candidat du PS, qui n'avait obtenu que des suffrages en 2002. [...]
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