Suite au travail effectué sur une séquence du débat présidentiel de 2007, nous avons pensé judicieux d'utiliser une autre séquence d'un débat présidentiel antérieur, afin de confronter les stratégies discursives utilisées par les hommes politiques dans chaque débat.De par sa popularité, nous avons choisi d'étudier une séquence très connue du débat présidentiel de 1988 confrontant F.Mitterrand à J.Chirac.
Quasiment vingt ans séparent ces deux débats présidentiels. Le contexte politique, le contexte sociologique et la personnalité de chaque protagoniste sont évidemment complètement différents. Comparer ces discours relèverait donc de l'absurde puisque de par leur contexte ils sont incomparables. Nous allons donc utiliser ces deux débats de manière complémentaire de manière à dégager les problématiques qui nous semblent les plus intéressantes au regard de l'enseignement que nous avons suivi.
Nous pouvons ainsi nous demander si l'analyse de ces deux débats présidentiels nous permet de mettre en évidence des caractéristiques propres aux discours politiques. En quoi nous permet-elle également de constater des évolutions dans les stratégies discursives utilisées par les hommes politiques ? Les discours des politiques sont-ils politiquement influencés ?
[...] Nous remarquons qu'entre 1988 et 2007 la configuration du plateau, le mobilier utilisé et le décor ont évolué et ont permis une certaine modernisation des débats politiques. En effet, nous pouvons noter qu'en 1988, des chaises basiques fixées servent d'assise aux deux candidats qui sont contraints de se tenir droits dans leur chaise et dont la liberté de mouvement est limitée. Différemment, en 2007, les deux candidats sont assis sur des tabourets qui leur permettent plus de confort et de liberté. Le choix d'utiliser des tabourets permet également de créer une certaine proximité avec le public qui utilise lui-même ce type d'assise de manière familière. [...]
[...] En s'impliquant ainsi avant de poser sa question, le journaliste oriente clairement les deux candidats vers une réponse positive, et allant dans le même sens. Ces deux héros de la politique, finalement, selon les propos de Patrick Poivre d'Arvor ont les mêmes qualités, se battent certes pour des idées différentes mais dans un but commun, et ne peuvent ainsi que se respecter l'une et l'autre. Le journaliste met donc les deux candidats en situation d'égalité, et cherche à ce qu'ils se reconnaissent comme tels. [...]
[...] Lorsque Patrick Poivre d'Arvor repose la question à la candidate, il utilise le terme de jugement personnel et non plus d'avis comme ce fut le cas au début de la séquence. Ce terme de jugement tombe ici comme une sentence fatale, comme si la candidate devait donner un jugement dernier sur son pire adversaire politique. Elle reprend d'ailleurs ce terme en répondant au journaliste, en affirmant d'emblée qu'elle ne veut pas se positionner en tant que juge de N.Sarkozy et qu'elle ne souhaite faire part de son jugement personnalisé puisque quelque part, elle n'est pas là pour ça et que ce n'est pas son rôle. [...]
[...] Sans ce partenaire, le débat démocratique n'aurait lieu d'être et les causes qu'elle défend auraient beaucoup moins de valeur. de ce point de vue lui permet ainsi de souligner que N.Sarkozy n'est un partenaire que dans ce cas précis, dans le cadre d'un débat d'idées, mais surtout de sous-entendre que dans tous les autres cas, elle le considère comme un adversaire. S.Royal s'éloigne donc directement de la question posée par le journaliste, ne délivrant véritablement aucun sentiment personnel envers N.Sarkozy, mais rappelant, tel un enseignant, les enjeux du débat politique d'entre deux tours. [...]
[...] En imposant sa volonté à F.Mitterrand d'être appelé par son nom et non pas par sa fonction, J.Chirac menace ainsi la face négative de son adversaire. De la même manière, en critiquant ouvertement son ancien Premier ministre Eh bien, en tant que premier ministre, j'ai constaté que vous aviez, et c'est bien juste de le dire, de très réelles qualités; vous n'avez pas celles de l'impartialité ni du sens de la justice dans la conduite de l'État le Président sortant menace directement la face positive de J.Chirac. [...]
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