« J'appelle le régime gaulliste dictature parce que, tout compte fait, c'est à cela qu'il ressemble le plus (…) Je veux bien que cette dictature s'instaure en dépit de De Gaulle. Je veux bien, par complaisance, appeler ce dictateur d'un nom plus aimable, consul, podestat, roi sans couronne, sans chrême et sans ancêtres. Alors elle m'apparaît plus redoutable encore » écrit François Mitterrand en 1964 dans son ouvrage pamphlétaire Le coup d'état permanent. Un an plus tard il renforce son opposition à l'encontre du président français en se présentant lui-même aux élections présidentielles. Son discours est d'abord oral, mais avec l'évolution des moyens de communication Mitterrand doit s'adapter et employer un discours visuel. Ce visuel se conçoit donc, lui aussi entièrement par un jeu d'opposition envers le général, tout en montrant le potentiel assembleur de Mitterrand. Ce sera là l'objet de notre étude : l'affiche présidentielle de François Mitterrand en 1965.
[...] Très vite l'affiche s'est imposée dans l'histoire politique comme l'emblème d'un candidat. Notre document fut conçu en 1965 dans un contexte d'essor de la publicité visuelle. Il illustre bien une nouvelle conception de la création de l'image, composée avec de nouvelles techniques : ici celle du photomontage. La conception a subi l'influence de George Beauchamp, un ami publicitaire du candidat, cependant la logistique de sa campagne fut, elle, assurée par la Convention des institutions républicaines. Le contexte politique de l'année 1965 en France est celui de la fin du premier septennat de De Gaulle. [...]
[...] Cependant l'affiche n'est pas exempte de limites, on peut en déceler trois groupes. Tout d'abord la technique même de l'affiche est parfois désuète, deuxièmement l'adéquation entre le fond et la forme est maladroite et enfin l'homme que l'on nous présente n'est guère communicatif, soit le comble d'une affiche de communication. Sur la technique, l'usage du sépia, va à l'encontre de l'idée de modernité mise en avant, c'est une couleur surannée. La typographie parfois en majuscules, parfois non ; son formalisme noir et blanc qui sert des slogans à rebonds renforce le dilemme du destinataire du message : que retenir ? [...]
[...] L'objectif d'un fond étant que l'image que l'on veut mettre le plus en valeur se détache harmonieusement : ici le visage du candidat, la fumée, les arbres. Attardons-nous maintenant à analyser la partie haute de l'image. Un ciel qui est sans nuage, dans un symbolisme très accessible, signifie simplement l'augure d'un avenir, lui aussi, sans nuage. Ce ciel confirme les autres éléments de la composition : Mitterrand est serein car le décor dans lequel il évolue est solide, vaste. Ce qu'il regarde c'est ce ciel radieux, le ciel de l'union des gauches. [...]
[...] En quoi ce pylône représente-t-il la pensée de Mitterrand ? En fait comme le candidat, il représente un support massif, haut car au dessus de la tête des Français et qui supporte l'énergie en la canalisant. Le pylône porte donc le flux des électrons (qui crée la dynamique électrique), et Mitterrand par échos veut être celui qui porte le flux de l'énergie des Français (qui crée la dynamique économique et sociale). Il dit par là qu'en se hissant lui aussi plus haut que les Français, dans le costume de président, il transformera l'énergie française en une force qui s'accomplit. [...]
[...] Un pilier de l'image Le premier élément que l'on voit sur l'image est le portrait de Mitterrand. Elle est au premier plan et occupe la moitié de l'espace, alors que son nom est apposé bien en vue, sur fond clair. Si Mitterrand est figé ceci ne traduit pas le symbole de son immobilisme mais au contraire son caractère de pilier de la France. Il veut être celui qui porte le pays. C'est en tout cas ce que confirme un second pilier, à gauche de l'image, qui vient équilibrer l'image en apportant une symétrie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture