Depuis la fin des années 50, on observe en France des mutations socio-économiques majeures dont les effets politiques se font clairement sentir au niveau du traditionnel clivage droite/gauche. Dès les débuts de la Ve République, une certaine réticence au vote est constatée chez certains individus tandis que d'autres changent d'orientation politique. Il convient alors de se demander quelle est l'origine de ces transformations, puis analyser leur effets sur la réalité politique.
La Ve République a été conçue comme un régime parlementaire, mais la désignation au suffrage universel donne au Président une place prééminente : il absorbe les pouvoirs du gouvernement. Seulement, les différentes cohabitations ont définitivement mis un terme à la « doctrine Capitant » (pour De Gaulle le chef de l'Etat est en permanence responsable politiquement devant le pays, même lors des élections législatives ou d'un référendum) et sont venues renforcer l'irresponsabilité politique du Président.
[...] Celle-ci déçoit son électorat, il s'en suit un désalignement électoral. Pour Nonna Mayer, le premier parti ouvrier, c'est l'abstention les ouvriers vont effectivement, pour la plupart, s'abstenir, et pour les autres, voter FN, mais dans les deux cas, leur vote sera perçu comme un vote sanction. Cette période, marquée par la domination des droites, prend fin lors des élections de 1978 ou la droite remporte les élections de peu face à une gauche affaiblie par la rupture entre les partis communistes et socialistes. [...]
[...] Il convient alors de chercher ailleurs les raisons de cette démobilisation. La classe ouvrière, un électorat à conquérir Cette baisse de participation aux activités politiques, Florent Gougou l'attribue à un facteur environnemental, celui-ci n'est rien de plus qu'un facteur d'ordre sociologique qui explique le vote individuel par l'appartenance à un groupe. Le sens civique, qui est en quelque sorte le degré de conformisme aux normes socialement édictées, se révèle très prédictif des chances de voter ou non, mais il n'en est pas l'unique facteur. [...]
[...] Nous prendrons l'exemple de l'électorat ouvrier, une force politique significative millions d'ouvriers). Le vote ouvrier a souvent été considéré comme acquis à gauche, seulement, aux présidentielles de des ouvriers votent à gauche, soit autant que la moyenne de l'électorat, tandis que 24% des suffrages exprimés sont en faveur de Jean Marie Le Pen. En effet, ce séisme politique (F. Gougou) est le fruit des profondes mutations socio-économiques qui ont touché la classe ouvrière (désindustrialisation, désyndicalisation, chômage, moyennisation, etc.). Ainsi, on observe au sein de la classe ouvrière le passage d'une classe en soi, sur laquelle le facteur environnemental avait un grand impact, à une classe pour soi caractérisée par une montée de l'individualisme. [...]
[...] Conclusion Enfin, il semble que la plupart des transformations touchant l'électorat populaire en France trouvent leurs sources dans des causes économiques et sociales. En effet, la montée de l'individualisme freine considérablement le mécanisme de reconnaissance identitaire, le sentiment d'adhésion à un groupe, le vote est donc désormais perçu comme purement individuel, les conditions des individus se trouvant de plus en plus variés, ils n'ont plus les mêmes priorités et de fait, plus les mêmes opinions politiques. Bibliographie . Les 40 ans de la Vème République par le Centre d'études et de recherches constitutionnelles. [...]
[...] Seulement, si le pouvoir se trouve entre les mains des deux idéologies, si le schéma bipolaire n'est pas respecté, quel intérêt y a-t-il encore à voter ? L'abstention électorale, fruit de la fin des passions politiques Certains politologues se sont longtemps contentés d'expliquer la montée de la démobilisation politique par des facteurs uniquement politiques. La désaffectation des urnes serait alors le fruit d'un désenchantement démocratique qui trouve son essence dans le fonctionnement de la Vème République. En effet, la constitution de 1958 ainsi que le mode de scrutin majoritaire ont permis de recomposer le système politique français sur un mode binaire qui se concrétise par l'émergence de deux idéologies principales. [...]
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