À J-26 avant le premier tour des élections présidentielles de 2007, l'évacuation de la question sociale au profit de la dramatisation pseudo-sécuritaire de 2002 tend à se rejouer. Le 27 mars 2007, les médias s'emparent immédiatement de l'évènement - affrontements entre bandes de jeunes et force de police - qui, en plus de secouer la gare du Nord et rappeler la fracture sociale qui pèse en France, dévoile l'interdépendance des agendas médiatique et politique.
Le discours insécuritaire - pourtant encore marqué dans tous les esprits - est puissamment relancé sur le devant de la scène publique. Alertés, les organes d'informations se saisissent de la nouvelle et la diffusent largement. À la limite entre rumeur et prise de recul, la presse n'est pas en reste. Le Monde, L'Humanité et Libération notamment y consacrent leur Une. En nous appuyant sur cet exemple significatif, nous pouvons dès lors nous demander comment, à travers les événements de la gare du Nord, le discours médiatique met-il en scène les faits pour véhiculer des représentations dominantes archétypales intrinsèques aux médias ?
Pour apporter une réponse, nous soumettrons le corpus à une méthode d'analyse lexicale - thématique - syntaxique, mais également sociologique sous l'égide de trois thématiques principales. Le corpus se compose de différents documents émanant de la presse quotidienne nationale, invitant à une approche éclectique du sujet. Ainsi, cinq articles, cinq titres et trois photographies issus de journaux soutiendront notre réflexion. Celle-ci se décomposera en trois sous parties consacrées respectivement aux thématiques suivantes : la titraille, le contenu des articles et enfin, le pouvoir des images.
[...] Non seulement les médias sont là pour informer et surtout façonner l'opinion publique, mais en plus de cela ils ont un projet éducatif vis-à-vis d'elle. C'est dans cette même logique que Valérie Sacriste affirme que : tout média fournit un contenu sur le réel dont le but est de modifier et d'enrichir la connaissance qu'ont les acteurs sociaux de leur monde proche ou lointain. Cette dimension informative est en tension entre deux objectifs : l'un de faire savoir et l'autre de captiver, c'est-à-dire séduire et attirer l'attention (Chareaudeau). Le journal joue donc un rôle de prescripteur ( cf cours). [...]
[...] Aubier Revues Derville Quand la machine médiatique s'emballe, Communication et langages, Macé Peralva Violences urbaines : une construction politique et journalistique, Les Cahiers de la sécurité intérieure, Neveu Médias, mouvements sociaux, espaces publics, Réseaux, .M Weber, Essais sur la Théorie de la science, Paris, Ed. Pocket Valérie Sacriste , Communication et médias sociologie de l'espace médiatique, Ed Foucher, p 53 P. Chareaudeau, Les médias et L'lnformation, Bruxelles, Ed de De Boeck Valérie Sacriste, Communication et médias, Sociologie de l'espace médiatique, Ed Foucher, p53 Claude Jamet et Anne Marie Jannet, Les stratégies de l'information, Paris : l'harmattan p 3 Eric Maigret, Sociologie de la communication et des médias, Ed Armand Colin, Paris p Tisseron Y a-t-il un pilote dans l'image ? [...]
[...] Alors que les médias décrivent des heurts violents entre jeunes et forces de l'ordre, cette déclaration nous dévoile une nouvelle version du déroulement de ces incidents avec un registre très éloigné de celui de l'agressivité et de la peur. Une situation qui pourrait sembler ambiguë pour le lecteur ne sachant plus à qui se fier. III Le pouvoir des images A. Le pouvoir des images En plus des stratégies d'accroche du lecteur pour le mettre au cœur de l'événement, les images restent la méthode d'accroche la plus prisée. Elles témoignent de la valeur d'authenticité de l‘information et complètent le discours médiatique. [...]
[...] II Analyse des articles Construction de l'espace public Les médias cherchent à reproduire l'atmosphère qui régnait sur les lieux de l'affrontement, essayant d'être le plus précis possible en exposant un assemblage d'éléments plus clairs les uns que les autres. Parfois mêmes s'attardant sur les détails concernant les différents protagonistes et l'environnement. L'article que L'humanité du jeudi 29 mars 2007 place en page 3 débute en s'interrogeant ainsi : Que s'est-il réellement passé, mardi en fin d'après-midi, gare du Nord à Paris, pour que l'on en vienne à revivre une poussée de violence comme le pays n'en avait pas connue depuis les trop fameuses émeutes de l'automne 2005 ? [...]
[...] L'article que L'Humanité daté du jeudi 29 mars 2007 placé dans la rubrique Evenement nous révèle un témoignage assez frappant, car paradoxal, nous plongeant dans une tout autre atmosphère, atmosphère différente de celle qu'ont décrite les autres organes d'information et qui vient soulever le problème de cette crédibilité des médias. D'autant plus surprenant que l'Humanité, qui expose une vision relativement homogène, offre au lecteur un regard opposé. À en croire ce témoin, il y avait certes une haie de flics qui formait : un cercle entourant du vide [ mais c'était très calme. [...]
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