Le directeur du prestigieux mensuel américain Harper's Magazine, John MacArthur, s'interroge ainsi sur son pays : « Si les Etats-Unis vivent en démocratie, comment expliquer que George W. bush a été porté au pouvoir par une minorité de voix ? [En 2000, Georges Bush a obtenu 50 456 002 voix contre 50 999 897 pour Al Gore, soit un demi-million de voix supplémentaires]. »
Comment également expliquer qu'en 2002 et 2004, le taux de réélection à la Chambre des représentants était le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale soit 99 % ? Conséquence inévitable, selon l'Institut international pour la Démocratie et l'Assistante électorale (IDEA), de 1945 à 1998, le taux de participation est en moyenne de 48,3 % aux Etats-Unis contre 77 % en Europe de l'Ouest.
[...] Le pouvoir électoral de l'argent A. De plus en plus d'argent et de moins en moins d'autonomie politique Entre autres originalités de la constitution, celle-ci ne plafonne pas le montant des dépenses des candidats, laissant, de fait, la liberté à chaque candidat de dépenser autant qu'il veut. L'incidence d'un tel système est telle que cela a amené le politologue Thomas Ferguson à l'observation suivante : Le système politique américain n'est pas principalement déterminé par les suffrages. L'opinion n'exerce qu'une influence faible et heurtée sur les choix publics. [...]
[...] Bush était davantage l'enfant chéri des entreprises militaires et des compagnies d'assurances. Souvent, les multinationales équilibrent d'ailleurs leurs leurs mises, incapables qu'elles sont de déterminer le programme du parti qui leur sera le plus favorable : Bill Gates, dont les “investissements” politiques ont explosé, a veillé financièrement à ce que Microsoft ait, quoi qu'il arrive, un ami à la Maison-Blanche et la Maison-Blanche un ami chez Microsoft. À Wall Street, PaineWebber favorise les républicains, Goldman Sachs les démocrates. Le cœur de Citigroup a tellement balancé que la banque a versé ces dernières années 8 millions de dollars aux premiers et 7 millions de dollars aux seconds. [...]
[...] Corzine au Sénat des Etats-Unis[8]. La même année, Bush, qui avait rivalisé d'ingéniosité afin de financer sa campagne, scella en une union durable la lune de miel entre le monde de la finance et celui de la politique : Lors de sa première course à la Maison- Blanche, en 2000 (coût : 193 millions de dollars), il avait crée un groupe, Pionniers”, dont chaque membre s'engageait à collecter dollars au service de sa quête de la présidence. Sur les deux cent douze “pionniers”, quarante-trois ont ensuite hérité de postes officiels dix- neuf sont devenus ambassadeurs des États unis (en Autriche, au Portugal, aux Pays-Bas, en République tchèque, en Slovaquie, et en Irlande), et deux ont été choisis comme membres de son cabinet[9]. [...]
[...] Ces flux monétaires se déversant tout autant chez les rouges comprenez les républicains que chez les bleus comprenez les démocrates les différences entre les deux partis s'atténuent à mesure que les flots grossissent dans les trésors de guerre. Ainsi, le parti démocrate a beau feindre d'être celui des travailleurs, ce sont les grosses entreprises, par les syndicats, qui ont versé des contributions reçues en 2000 par le Comité national démocrate. Pendant que M. Gore était dorloté cette année-là par Occidental Petroleum, Bell South, les studios de Hollywood et le lobby des avocats, M. [...]
[...] Même chose au Sénat en 2004 : sur les vingt-six élus qui remettaient leur mandat en jeu, un seul [ ] perdit le sien. Pour le battre, son rival républicain avait dépensé 14,7 millions de dollars, soit 74 dollars par voix. Même en période de comme en 1994, lorsque les républicains renversèrent une Chambre contrôlée depuis quarante ans par les démocrates des sortants conservèrent leur fauteuil. En 2006, quand ce fut au tour des démocrates de reprendre le volant, le taux de réélection des élus sortant atteignait un score soviétique de [ ] Les assemblées locales sont tout aussi imperméables au changement. [...]
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