Les sondages ont été découverts aux Etats-Unis en 1935 par Georges Gallup qui a appliqué les méthodes classiques d'études de marché à l'opinion publique pour essayer de prévoir le résultat de l'élection présidentielle de 1966. Les sondages ont eu leurs premières lettres de noblesse suite à cette élection. En France, le premier sondage date de 1939. En 1960, un institut de sondage (l'IFOP) est créé.
Si la technique du sondage permet de prévoir les choix des électeurs se prononçant sur des alternatives précises (noms de tels ou tels candidats) il n'en va pas de même quand il s'agit de saisir les subtilités de la pensée individuelle face aux divers aspects de la vie. Dès lors, prétendre saisir l'opinion au moyen de questions simples et peu nombreuses paraît assez contestable. Il faut donc comprendre à quelles conditions et dans quelles limites les sondages peuvent indiquer un phénomène réel ou au contraire créer ou renforcer ce qu'il prétendent observer.
[...] Enfin, l'opinion a parfois des manifestations autres que les mots : gestes, silences, actes Or dans le cadre du sondage la personne ne peut échapper à l'interpellation (sauf à refuser le sondage), elle n'a aucune prise sur l'élaboration des questions, elle ne choisit pas les mots, elle ne peut faire valoir un silence, elle est seule. Tous ces éléments sont contraires aux conditions normales d'élaboration et d'expression d'une opinion. Le sondé ne maitrise finalement pas les propos qui lui sont attribués. [...]
[...] Le sondage ne tient pas compte de ces éléments et agit comme si la statistique les éliminait purement et simplement. [...]
[...] C'est à l'occasion de telles interactions que les opinions sont construites. Dès lors, on peut considérer que c'est la contrainte sociale qui pousse les individus à s'exprimer sous peine de susciter l'incompréhension ou la désapprobation. Or, dans les rapports quotidiens, il est nécessaire de se faire comprendre. Par conséquent, il faut utiliser un langage commun et donc des formules stéréotypées présentant l'avantage d'être comprises immédiatement et l'inconvénient de ne pas traduire fidèlement le ressenti de celui qui les utilise. Ce n'est donc pas l'individu qui s'exprime directement, c'est un moi social bien rodé Ainsi, les comportements mutuels d'un patron et d'un employé sont codifiés, s'ils en sortent ils n'auront peut-être rien à se dire, car tout les sépare dans la vie. [...]
[...] Il s'exprime dans le cadre d'un modèle prédéfini et ne maitrise ni le déroulement ni le rythme de ce débat artificiel. Le sondage ne permet donc pas à l'opinion de se former complètement, car il ne supprime pas la confrontation avec autrui ; or cette confrontation est un élément fondateur de l'opinion. De plus, le sondage ne permet pas à l'individu de s'exprimer pleinement, elle lui impose des modèles préconstitués dont il ne peut sortir. Le sondage ne permet donc pas de saisir parfaitement l'opinion. [...]
[...] La personne conserve donc toujours une certaine distance vis-à-vis de ses propres opinions. De plus, le débat n'est pas seulement le lieu dans lequel s'expriment les opinions ; il permet également une sélection des opinions par les interlocuteurs de celui qui les émet. Les participants à la conversation peuvent, en effet, décider de négliger ou de prendre en compte les opinions exprimées par celui qui s'adresse à eux. La conversation permet donc un ajustement mutuel, chacun tentant d'imposer ses propres opinions. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture