Les sondages restent encore aujourd'hui, malgré leur banalisation, fréquemment utilisés par les journalistes politiques pour commenter la vie politique. Lorsque Lionel Jospin sort son livre « Le Monde comme je le vois », Le Monde commande un sondage « Au fond de vous-même, souhaitez-vous que L. Jospin soit le candidat des socialistes en 2007 ? ». L'utilisation des sondages par les médias devient incontournable dans un contexte d'élection. Il est vrai que sondages et suffrage universel procèdent de la même logique et reposent sur les mêmes présupposés : ils est possible de quantifier les opinions, tout le monde a une opinion, et toutes les opinions se valent (donc elles peuvent être agrégées et traitées statistiquement).
Il s'agit de se demander quelle place les sondages prennent dans les médias, si l'introduction des sondages dans les médias a eu des effets sur le journalisme, si le succès des sondages auprès des journalistes ne s'explique pas également par les transformations subies par les pratiques journalistiques, si les sondeurs n'ont pas autant besoin des journalistes que ceux-ci ont besoin des sondages.
En bref, on peut se demander quel intérêt ont les journalistes à user des sondages, et quel intérêt ont les sondeurs à conserver aux sondages une place dans les médias.
[...] Ce que nous allons aborder tout de suite dans un pt B : Sondage et professionnalisation du journalisme. B. Sondage et professionnalisation du journalisme Entre autres facteurs qui ont permis aux sondages de s'imposer, il y a eu la rencontre dans les années 60 de nouvelles pratiques journalistiques avec une méthode nouvelle de connaissance de l'opinion. Les caractéristiques de cette nouvelle technologie correspondaient aux nouvelles règles de journalisme que tentaient justement d'imposer une nouvelle génération de journalistes. - concordance entre présupposés des sondages et idéologie démocratique et égalitariste des journalistes = donner la parole au peuple A partir de la fin des années soixante, et des années soixante-dix la culture oppositionnelle et égalitariste de mai 68 se généralise chez les journalistes comme chez leur public. [...]
[...] L'un des arguments des sondeurs à ce moment-là est d'insister sur l'utilisation des sondages par la presse américaine pour les présenter comme une méthode nouvelle, moderne, et essentielle dans les méthodes journalistiques d'avenir. Conclusion Les sondages n'auraient peut-être jamais acquis de réputation scientifique si après être né de la persévérance d'universitaire (comme Stoezel), ils n'avaient pas rencontré l'intérêt des politologues d'une part et des médias d'autre part. On comprend mieux leurs engouements pour les sondages au vu des profits multiples qu'ils en retirent, qu'ils soient économiques ou symboliques. Il fallait pour en arriver là que disparaissent les réticences devant cet instrument et pour cela que la technique fasse d'abord ses preuves. [...]
[...] C'est donc une rencontre d'intérêts entre les premiers sondeurs et une nouvelle génération de journalistes. Mais les débuts sont difficiles et le succès dans la presse n'est pas immédiat, car la presse comme les hommes politiques en restent encore au paradigme indiciaire de l'opinion. La manière légitime de faire parler l'opinion reste encore d'analyser ses manifestations traditionnelles. Alfred Max reçoit dans son entreprise le soutien de Gallup. La visite de Gallup en France en 1939 fait l'objet d'une intense campagne de presse. [...]
[...] Sans sondages, ils ne pourraient plus exercer leurs talents de commentateurs de chiffres. Et sans sondages, ils ne pourraient plus non plus se poser en serviteurs de la démocratie, éclairant le choix de leurs lecteurs par l'information sur l'état de l'opinion. Nous allons donc voir dans quel est l'intérêt des journalistes à publier et à commenter des sondages. Une arme dans la concurrence interne au champ médiatique - concurrence entre médias et phénomène de la reprise - concurrence professionnelle - reprise A. [...]
[...] Chaque article qui présente un sondage tient pour présupposé que son lecteur connaîtra la technique, et sera convaincu de sa fiabilité. Pourtant il arrive que les journalistes prennent en défaut les sondages, à l'occasion des élections. - les sondeurs sur la sellette Les élections semblent être un rituel de la remise en cause de la fiabilité des sondages par les journalistes. Eux qui utilisent abondamment les sondages pour commenter les résultats des élections ou pour les anticiper et livrer de savantes analyse sur les évolutions et les déterminant du vote (cf. [...]
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