Les travaux historiographiques existants sur le socialisme français mettent traditionnellement en exergue trois traits qui fondent sa forte singularité, voire son « exceptionnalité » : fragilité et faiblesse organisationnelle, faible enracinement social et liens relâchés avec le monde syndical et ouvrier et, rapport tourmenté au pouvoir.
On peut donc s'interroger sur la survivance d'une force politique restée majeure tout au long du XXe siècle, au vu d'un tel constat, celui notamment d'un faible ancrage sociétal, d'un appareil partisan peu développé, d'un manque patent de ressources politiques. Dans cette perspective, c'est la thèse selon laquelle l'institution municipale a fortement marqué le socialisme en France qui permet de reconsidérer ces analyses. En effet, dès les années 1890, le socialisme se voit entrer dans la politique municipale, avec quelque 70 mairies, à la tête de ville comme Lille, Roubaix, Saint-Étienne ou Calais, et ce, dès 1896. Un ancrage municipal précoce et persistant, qui a donné l'expression de « socialisme municipal ».
L'exposé se propose de montrer que la dimension municipale du socialisme français, modalité principale du mouvement, permet de reconsidérer la spécificité et les particularités du mouvement politique, expliquant son intégration tant sociale qu'institutionnelle dans le système politique français.
[...] La théorie du logement ouvrier de la cité-jardin est également pensée dans la première moitié du XIXe siècle. Des premières mutuelles apparaissent sous le Second Empire, des bourses de travail sont créées parallèlement à l'essor des chambres syndicales en France. L'échec des tentatives révolutionnaires au niveau national porte de sérieux coups à l'idéologie révolutionnaire et marxiste et l'affirmation de la IIIe République porte les socialistes à se replier sur le pouvoir local, à défaut d'être portés au niveau national. S'il existe une échelle où l'on puisse porter le programme socialiste, c'est au niveau local, de la fédération : on pense la commune comme révolutionnaire une révolution qui n'est plus nationale mais municipale. [...]
[...] (LEFEBVRE (Rémi), Les socialistes, la question communale et l'institution municipale : le cas de Roubaix à la fin du XIXe siècle, Cahiers Jaurès). Le guesdisme est donc un refus du socialisme réformiste. Le mouvement de conquêtes des municipalités est cependant croissant : en 1886, les socialistes tiennent la majorité dans 150 villes dont Marseille, Lille ou Limoges, et une forte minorité dans 75 autres villes majeures. En 1912, la représentation socialiste dans les mairies passe à 297 villes. Cette influence augmente encore pendant l'entre-deux-guerres. [...]
[...] En effet, dès les années 1890, le socialisme se voit entrer dans la politique municipale, avec quelque 70 mairies, à la tête de ville comme Lille, Roubaix, Saint-Etienne ou Calais, et ce dès 1896. Un ancrage municipal précoce et persistant, qui a donné l'expression de socialisme municipal L'exposé se propose de montrer que la dimension municipale du socialisme français, modalité principale du mouvement, permet de reconsidérer la spécificité et les particularités du mouvement politique, expliquant son intégration tant sociale qu'institutionnelle dans le système politique français. [...]
[...] Un socialisme absorbé par le municipalisme : les socialistes captifs de l'institution A. Un pari de la pratique municipale mal tenu L'exercice du mandat de maire exige des pratiques politiques étrangères, voire opposées à la culture politique des socialistes, qui se retrouvent pris à leur propre jeu, forcés d'intérioriser les règles de l'institution municipale. Bien souvent, la politique d'opposition envers la bourgeoisie édictée par le guesdisme limite les réalisations municipales. Ce refus de l'assimilation à la société bourgeoise s'estompe peu à peu, et les maires socialistes glissent peu à peu d'une idéologie révolutionnaire à un réformisme républicain. [...]
[...] La fédération sportive et gymnique du Nord compte deux cents clubs et regroupe mille cinq cents jeunes en 1949. Transition : La pratique réformiste des institutions municipales impose parfois des transgressions envers la doctrine et le programme socialistes. Faisant face aux problèmes concrets de la gestion quotidienne d'une municipalité, les socialistes sont parfois conduits à contredire la doctrine officielle du parti socialiste (La mairie socialiste, matrice du réformisme (1900-1939), Chamouard). L'exemple de l'octroi est révélateur des divergences doctrinaires qui surgissent lors de la pratique et de la gestion communale. [...]
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