Dans moins de deux ans aujourd'hui, les Français procèderont à de nouvelles élections présidentielles afin de désigner, selon leur bon entendement, le président de la République. S'en suivront alors les célèbres et traditionnelles élections législatives par lesquelles ils plébisciteront leurs représentants à l'Assemblée nationale, et ce dans un objectif de conformité au principe de représentation démocratique. Si plus de 7000 candidats se présentent à ces élections, ce n'est qu'au nombre de 577 qu'ils seront élus, et ce afin de pourvoir au même nombre de sièges disponible en cette chambre. Chaque citoyen français sera donc appelé à se prononcer pour un des postulants dans sa circonscription, à savoir l'une des 577 cellules électorales, constituées de manière paritaire d'approximativement 100 000 habitants, qui composent le territoire électoral français.
[...] Il est donc reconnu au scrutin majoritaire à deux tours, effectif lors des élections législatives, de veiller à entretenir l'indispensable majorité à l'Assemblée nationale, facteur de stabilité politique, et d'assurer le bon fonctionnement de la république. Ajouté à cela, ce mode de désignation d'élus apparaît aussi comme une garantie au principe de représentation puisque réduisant la distance entre élus et électeurs, et donc une garantie d'expression de la volonté générale. Néanmoins, ces deux arguments en faveur d'un tel système sont tout aussi bien manipulés par la partie adverse, qui par une tout autre logique d'interprétation, les tourne à son entendement. [...]
[...] D'idéologie centriste, cette alliance à droite pourrait entacher des convictions profondes, néanmoins, tel semble être le prix à payer pour les exprimer. En plus d'être dénaturée par une sous- représentation des opinions marginales, la volonté générale est donc altérée par des perversions politiques. Enfin, la sous-représentation frappe de plein fouet la pertinence d'un tel système électoral. Beaucoup de Français s'estiment non représentés si bien qu'on assiste aujourd'hui à une authentique crise de la représentation. L'impressionnant taux d'abstention pourrait en être l'expression. [...]
[...] Car là est l'objectif visé par ce mode de scrutin : dégager une majorité parlementaire à l'Assemblée nationale. Ce n'est du reste qu'en écartant les opinions marginales qu'on parvient à installer les dominantes dans des situations de généralité. Le scrutin prévoit alors, si aucun des prétendants n'a obtenu la majorité absolue au premier tour, le ballotage des deux candidats les plus plébiscités dans un second tour. Par une cohérente finalité, les candidats élus au terme des élections législatives le sont parce qu'ils partagent le plus souvent les opinions dominantes et sont donc dès lors plus plébiscités. [...]
[...] B La surreprésentation de l'opinion dominante, Tyrannie de la majorité Ne favorisant que les opinions dominantes, le scrutin majoritaire à deux tours génère de façon systématique une opinion majoritaire. Cette majorité se voit d'ailleurs surreprésentée puisque les proportions électorales qu'elle atteint ne correspondent pas toujours à la réalité. C'est ainsi que l'Union pour la Majorité présidentielle (UMP) obtient avec des votes au premier tour des sièges (358 sièges) aux élections législatives de 2002. Le décalage entre représentation et réalité est donc ici assuré. Or, cette surreprésentation est préjudiciable dans un régime politique fondé sur la représentation démocratique. [...]
[...] Le Scrutin majoritaire a Deux Tours, Facteur de Stabilité politique Le régime présidentiel impose théoriquement une véritable séparation des pouvoirs. Néanmoins, la constitution de la Vème République et les réformes constitutionnelles qui s'en sont suivi ont institué un système de rétroaction permettant de limiter les pouvoirs par des mécanismes de contrepoids. C'est ainsi que l'exécutif, pour rendre concrets ses projets, doit nécessairement s'assoir sur une majorité parlementaire. C'est dans l'objectif d'éviter les blocages institutionnels qui ont pu avoir lieu sous la IVe République que le mode de scrutin aux élections législatives trouve tout son sens puisque générant une majorité stable indispensable au bon fonctionnement du régime. [...]
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