Le rôle des valeurs dans les choix politiques des électeurs

Résumé du document

Comme le disait Etienne Schweisguth, nous sommes à une époque où les grandes idéologies sont en déclin. Historiquement, le clivage droite-gauche était lié aux valeurs conservatrices et libérales. Mais, quelques sociologues proposent maintenant que ce clivage sera bientôt érodé avec la disparition des valeurs conservatrices en faveur de la modernisation.

La question se pose : est-ce que les valeurs jouent encore un rôle dans les choix politiques des électeurs, et sous quelle forme ? Pour répondre à cette question, il faut premièrement explorer les trois dimensions de valeurs, annoncées par Schweisguth comme celles selon lesquelles les électeurs européens effectuent leurs choix politiques et se positionnent sur l'axe droite-gauche. Deuxièmement, il s'agit d'examiner les autres valeurs qui jouent un rôle.

Extraits

[...] C'est le rapport des Européens à la tradition qui structure leurs valeurs, mais ça ne signifie pas que les Européens soient nécessairement traditionnels On peut définir l'inverse des valeurs traditionnelles comme les valeurs modernes. Max Weber décrit les valeurs modernes comme celles se trouvant au niveau économique (comme la libéralisation du marché), au niveau politique (qui se manifeste dans la démocratie représentative) et au niveau culturel (montrer par l'adaptation des valeurs comme l'individualisme, l'épanouissement et l'égalité). II. Les trois dimensions de valeurs qui influencent les électeurs aujourd'hui A. La dimension religieuse Selon Schweisguth, la première dimension qui influence les électeurs est la dimension religieuse. [...]

[...] En plus, l'idée que tout individu est porteur d'un minimum de valeur qui doit être respecté se manifeste de plusieurs manières. La première est l'idée que ceux qui sont victimes de handicaps sociaux ne sont pas simplement responsables de leurs échecs en raison de leur manque de mérite et de valeur, mais qu'ils ont droit à la solidarité de la société. Le deuxième est le fait que la totalité des pays européens a aboli la peine de mort, partant du principe que tout homme est porteur d'un minimum de valeur et de dignité humaine. [...]

[...] Mais il est vrai que la distance entre les positions des grands partis de gouvernement est souvent faible, et tend même à se réduire d'autant plus que l'on approche des échéances électorales. C. La dimension des valeurs humanistes et universalistes La troisième dimension est celle des valeurs humanistes et universalistes. Cet enjeu montre que l'adhésion a des valeurs de tolérance et d'épanouissement pousse à voter à gauche, alors que les valeurs ethnocentrées et rigoristes favorisent le vote de droite ou d'extrême droite. [...]

[...] Dans les pays fortement religieux, le mouvement démocratique s'est heurté à la résistance de l'Eglise. Pour les régimes plutôt traditionnels, la religion lui donne une fonction de légitimation. De plus, l'institution religieuse a abandonné le caractère subversif du christianisme originel pour se ranger du côté du pouvoir politique, et développer un fonctionnement et une organisation de type hiérarchique. Par conséquent, la pratique religieuse a un rapport fort avec la tradition et le conservatisme. En plus, la croyance en un au-delà, qui compensera les misères du monde, et en une divinité bonne dont l'existence donne un sens aux malheurs du monde permet de trouver un sens à l'ordre des choses. [...]

[...] Ce déclin, particulièrement évident parmi les jeunes, peut indiquer que les valeurs conservatives ont aussi en déclin, avec la modernisation des sociétés européennes. B. La dimension relative au domaine économique et social La deuxième dimension de valeurs qui influence les électeurs est celle relative au domaine économique et social. Le clivage sur les problèmes économiques et sociaux nés au XIX siècle en même temps que se développe l'industrialisation, et il devient le clivage politique dominant dans de nombreux pays. Il peut prendre des formes diverses selon les pays, mais dans tous les cas la gauche se donne pour idéal l'égalité des conditions de vie, alors que la droite insiste sur le nécessaire respect de la liberté individuelle. [...]