Exposé réalisé en sciences sociales du politique sur la thème du vote. L'idée est de considérer le vote comme un rituel et à ce titre d'en décortiquer les étapes, notamment à travers la mise en place de rites positifs mais également de rites négatifs... On verra ainsi apparaître un électeur soumis à une civilité électorale.
[...] Un rituel vise avant tout à donner du sens. Il permet une interprétation et c'est ainsi que le rituel du vote produit des effets. La sacralisation du bureau de vote et par là même la solennité donnée au geste, l'émergence du citoyen-électeur dans le respect des règles de civilité électorale, telles sont les productions engendrées par le vote. Il ne s'agit pas d'un résultat inattendu mais de l'expression d'une volonté qui fait du vote un outil politique avant même qu'il n'en produise lui-même. [...]
[...] L'acquisition du droit de vote s'apparente donc à l'acquisition de la citoyenneté. Dès lors, si l'on se penche d'avantage sur les rites post liminaires qui entrent en jeu dans l'acte électoral, on peut voir au-delà de l'acquisition de la citoyenneté l'accès à une citoyenneté qualifiée par certains d'égalitaire. Le bureau de vote n'est pas un lieu valorisant l'expression des notables mais cherche bel et bien à donner la parole à tous. Le dépôt des bulletins dans l'urne et plus encore le décompte des voix à la fermeture du scrutin sont l'assurance d'un poids équivalent dans le débat politique. [...]
[...] Franchir le seuil du bureau de vote c'est abandonner toutes les marques ostensibles de son ancien statut (chapeau, armes Pour éclairer cette approche, la définition de Philippe Braud est un bon point d'appui où détaché de tout ancrage socioprofessionnel, économique ou culturel, le citoyen est un être abstrait crédité d'une capacité à juger ses dirigeants et leur politique; il s'informe et, dans le secret de l'isoloir, il tranche en son âme et conscience dans le sens de l'intérêt général Il ne s'agit pas donc pas d'individus face à eux-mêmes mais bel et bien de citoyens-électeurs qui simultanément à travers le pays accomplissent un acte dont la symbolique renvoie à la responsabilité vis-à-vis de la Nation. Il faut ici comprendre le terme de Nation comme désignant une communauté politique distincte des individus qui la composent et titulaire de la souveraineté. On peut donc aller plus loin et qualifier le vote comme rituel d'intégration à la Nation. Ainsi, voter c'est appartenir à un tout. [...]
[...] C'est dans ce sens que l'on peut interpréter la montée de mouvement tel que l'association Le vote blanc s'est exprimé qui milite pour la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé à valeur d'abstentionnisme civique. [...]
[...] ) des antagonismes fondamentaux qui traversent la société. Et si, dès le lendemain du scrutin, les inégalités reprennent leurs droits dans l'entreprise, l'administration et toutes les autres institutions, la mise en scène de l'égalité citoyenne n'aura pas été sans laisser des traces. Elle réactive en chaque électeur un sentiment accru de sa propre dignité sociale, surtout peut-être chez ceux qui la voient médiocrement reconnue dans le quotidien. De ce point de vue, la célébration pratique de l'Egalité et de la Liberté par le vote aura historiquement facilité l'acceptation des inégalités réelles, en même temps, paradoxalement, que la légitimation du combat pour les réduire Le vote à travers sa ritualisation tend ainsi à répondre à un autre objectif: apaiser les esprits, calmer la population, tourner le dos aux manifestations révolutionnaires et apporter au peuple à travers son statut de citoyen-électeur un moyen d'expression cadré et contrôlé. [...]
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