Ce discours est prononcé en janvier 1958, au moment où la situation semble n'avoir jamais été si difficile ni précaire : l'extrême droite semble gagner du terrain dans la vie politique, et la quatrième République semble impuissante à sortir d'une instabilité qui la coupe de toute possibilité de progrès. Plus encore, la situation algérienne semble avoir atteint un point où toute résolution pacifique est devenu impossible, et le marasme économique se poursuit avec une inflation qu'on ne semble pouvoir stopper. Pierre Mendès-France, exclu du pouvoir malgré sa forte popularité va critiquer cette situation, lui permettant ainsi sans le dire expressément de rappeler son bilan positif et ses idées en matière de décolonisation et d'action économique. Ce discours finalement est peut être aussi une bonne occasion de rappeler que les personnes appelées au pouvoir n'étaient pas les mieux à même de remplir leur mission, et de se replacer sur le devant de la scène politique.
On verra donc dans une première partie en quoi selon Mendès-France l'abandon du régime par ses propres tenants met le régime républicain en danger et à la portée du fascisme, puis dans une seconde partie comment ce discours devient un implacable réquisitoire contre les gouvernants de la fin de la Quatrième République face à leur incapacité à résoudre les grands problèmes du pays.
[...] Il manifestait ensuite l'intention de mener en parallèle une politique sociale large, et enfin de mettre en place des réformes annexes, comme poursuivre l'intégration européenne, assainir les finances, et remettre en place un scrutin d'arrondissement. Or on remarque que la réalité a rapidement démenti les promesses. La formule cessez-le-feu, élections, négociations suite aux évènements du 6 février laisse envisager des élections sans calendrier et sans collège unique. La guerre s'installe et il faut se rendre à l'évidence que la paix est sortie du programme. Le contrat politique est rompu, les mots de lâcheté, trahison furent employés par certaines minorités pour qualifier cette politique. [...]
[...] Ce choix implique aussi que ce n'est pas un discours adressé au grand public, mais bien à un petit groupe ciblé de partisans. Ce discours est prononcé en janvier 1958, au moment où la situation semble n'avoir jamais été si difficile ni précaire : l'extrême droite semble gagner du terrain dans la vie politique, et la quatrième République semble impuissante à sortir d'une instabilité qui la coupe de toute possibilité de progrès. Plus encore, la situation algérienne semble avoir atteint un point où toute résolution pacifique est devenu impossible, et le marasme économique se poursuit avec une inflation qu'on ne semble pouvoir stopper. [...]
[...] Ce texte est prononcé au Centre de Formation Civique des Jeunes Electeurs, qui fut créé sous l'initiative de Mendès-France en 1956 avec pour objectif d'organiser des stages de formation pour les nouveaux militants. Il tint d'abord ses sessions à Samois en 1956, puis à Poigny-la-Forêt. Le choix de ce centre n'est pas innocent : Pierre Mendès-France prononce ici son discours en face des nouveaux militants qui sont essentiellement entrés au parti en raison de sa personne et de la séduction du courant mendésiste. [...]
[...] Edgar Faure prend aussi ses distances et crée le RGR. Mendès-France sera rejeté par les radicaux orthodoxes pour avoir rejeté l'alliance avec la SFIO, et en mai 1957, las de la guerre d'usure il démissionne de la vice-présidence du parti. C'est donc un homme seul, écarté du pouvoir depuis 1955, à qui en 1956 on a préféré Guy Mollet alors que les français l'appelaient des leurs vœux, qui prononce ce discours. Fustiger les radicaux au pouvoir (Faure, Bourgès-Maunoury, Gaillard) est donc aussi un moyen de faire passer l'aigreur de sa situation actuelle. [...]
[...] On retrouve en fait ici le point de vue eurosceptique de Mendès-France, fervent opposant du Traité de Rome et à l'origine de l'abandon de la CED dès 1952. Il soulève deux autres reproches envers les gouvernants : d'abord d'avoir menti en ne réalisant pas le programme sur lequel ils avaient été investis : faire aboutir les réformes qu'ils ont reçu l'ordre de réaliser en tenant les engagements pris le manquement aux engagements pris Et surtout, d'avoir menti en aspirant au pouvoir alors même qu'ils savaient ne pas être à la hauteur de leurs engagements : leur tâche n'était pas facile, mais si elle était au-dessus de leur force, ils pouvaient y renoncer ! [...]
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