Au vu des résultats de l'élection présidentielle de 2002, le Front National serait le second parti politique de France. Afin de comprendre ce succès brutal du Front National, favorisé par le contexte économique et par l'effondrement de la classe politique, il convient de s'intéresser aux spécificités inhérentes de l'électorat d'un parti extrémiste obtenant un tel soutien des citoyens français.
Le Front National, fondé le 5 octobre 1972 par Jean Marie Le Pen, son irrémédiable président, fut à l'origine d'entités politiques divergentes, regroupant des courants idéologiques « modérés » à l'instar des membres de l'ex-poujadisme comme les plus extrémistes représentés par l'ordre nouveau.
Cette diversité à l'intérieur du parti, qui se voit symbolisée à l'aube du XXIe siècle par la scission du Front National intervenue en janvier 1999 résultant des distensions opposant Jean Marie Le Pen à Bruno Mégret, se répercute sur un électorat qui n'eut cesse d'évoluer au fil des échéances électorales. Le mouvement de Poujade étant la base du mouvement frontiste, l'électorat du Front National fut initialement concentré dans la petite et moyenne bourgeoisie, constituant dès lors un électorat de radicalisation de la droite avant de connaître une prolétarisation qui demeure effective.
[...] Dès lors, on entre dans une quatrième phase où le Front national, en plus de conserver une prépondérance dans les milieux populaires, est l'objet d'un réenracinement de la petite et moyenne bourgeoisie. Cette évolution historique de l'électorat du Front national met en exergue son caractère volatile, le Front national ne pouvant se prévaloir d'un électorat stable. Cette instabilité pouvant être expliquée du fait de la jeunesse et du faible niveau d'étude de cet électorat, et surtout par l'absence de tout traditionalisme. [...]
[...] Nonobstant cette évolution historique met en exergue la thématique principale du Front national, la protestation. En effet, l'électorat du Front national est atypique non pas tant quant à son caractère volatile, quant à l'absence de traditionalisme, mais quant à son caractère protestataire. Cet électorat démuni culturellement est séduit par le discours apocalyptique et la volubilité du leader charismatique du Front national, ce qui lui permet de s'asseoir comme une véritable force politique du système français. Malgré le durcissement des positions du Front national lors des élections présidentielles de 2002, on est à même de se poser une double interrogation. [...]
[...] Et la prépondérance du caractère protestataire n'est-elle pas le corollaire de l'absence d'une véritable idéologie et d'un programme politique, qui tend à aboutir à une inexorable lassitude? Bibliographie indicative Le symptôme Le Pen : radiographie des électeurs du Front national Pascal Perrineau (1997) Comment les électeurs font leur choix ? [...]
[...] La misogynie du leader du parti n'étant plus à démontrer, les hommes trouvent dans le vote Front national le moyen de contester la redistribution des rôles entre les hommes et les femmes, mouvement amorcé une trentaine d'années auparavant dans les sociétés occidentales, et parallèlement de concrétiser une suprématie supposée par rapport au sexe faible Les thèmes de prédilection du Front national, à savoir, l'insécurité, l'immigration et le sentiment de préférence national, découlent inéluctablement du point d'orgue de l'idéologie frontiste qui n'est autre que la xénophobie. L'électorat du Front national revêt alors de manière récurrente son caractère protestataire. Cette protestation antisémite concrétise l'autre constante de l'électorat du Front national, à savoir sa jeunesse. En effet, seule la tranche sociologique qui semble ne pouvoir céder à la séduction lepéniste est celle des plus de 65 ans. Cette génération demeurant à jamais marquée par les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement de l'holocauste. [...]
[...] En premier lieu, cet électorat n'apparaît pas ancré ni à droite ni à gauche et par conséquent il conteste le système politique en lui-même et en second lieu, il cristallise des protestations particulières à l'instar du racisme et le machisme Un électorat contestant le système politique L'électorat frontiste est indubitablement un électorat protestataire, il semble que le vote Front national soit davantage un exutoire qu'une véritable adhésion à l'idéologie prônée. On constate en effet des divergences de choix tant sur le plan économique et social chez les électeurs du Front national. [...]
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