Les sondages sont apparus aux Etats-Unis pendant la période de l'entre-deux-guerres. L'élection présidentielle américaine de 1936 apporta une démonstration éclatante de la validité des sondages préélectoraux. Le sociologue Jean Stoetzel, très impressionné par ces résultats, introduisit les sondages en France dès 1938 en fondant l'IFOP (Institut français de l'opinion publique). Le premier sondage politique publié en France porta sur les accords de Munich.
En France, les sondages politiques sont particulièrement nombreux, même par rapport à ce qui se passe aux Etats-Unis. Les médias français publient ainsi six baromètres mensuels de popularité de l'exécutif. Pourquoi cette abondance de sondages ?
[...] C'est ce que nous allons voir juste après : Les deux candidats présents au second tour étaient ceux annoncés dans les sondages : Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, élu président de la République avec 53,2% des voix contre 46,8% pour son adversaire socialiste. Passons à présent à une phase d'analyse des causes : qu'est-ce qui fait que les sondages peuvent être considérés comme des trompe-l'oeil de la société ? II) Quelles sont les causes ? Après le passage de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles en 2002, qu'aucun sondage n'avait prédit, la polémique s'est installée autour de ce mode de mesure de l'opinion publique. [...]
[...] Bien que cohérente, cette méthode est contestable car les électeurs peuvent tout à fait avoir modifié leur comportement électoral d'une élection à l'autre et la donne avoir été bouleversée par le renouvellement des électeurs. Les méthodes de redressement étant gardées secrètes, les instituts de sondage sont fréquemment accusés d'établir leur coefficient de pondération en tenant compte de la dynamique et de l'atmosphère de la campagne, de rechercher le sensationnalisme, et de vouloir créer de véritables événements médiatiques. Les sondages peuvent être soumis en cas d'erreurs flagrantes ou de litiges à une enquête de la commission des sondages, qui évaluera a posteriori les méthodes de redressement utilisées. [...]
[...] Les sondages donnent le général vainqueur à l'issue du premier tour. Mais le scrutin est marqué par un surprenant ballottage au second tour entre le général de Gaulle et François Mitterrand L'élection au premier tour était en effet certaine aux yeux du président sortant. Après s'être résolu à faire campagne, le général de Gaulle remporte le scrutin avec 55,2% des voix le 19 décembre. L'élection de 1969 est marquée par une forte augmentation du nombre de sondages. Ceux-ci prédisent de manière très précise les résultats du premier tour : Georges Pompidou contre Alain Poher Au deuxième tour, le 15 juin, Georges Pompidou est élu avec 58,2% des voix contre 41,8% pour Alain Poher : François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing sortent vainqueurs du premier tour avec respectivement 43,2% et 32,6% des voix. [...]
[...] Une autre raison pour laquelle les sondages peuvent être considérés comme des trompe-l'oeil de la société est due au fait que les réponses des sondés se font dans une situation artificielle. En effet, d'une part l'agenda médiatique impose des choix présentés comme obligatoires ou pressants, d'autre part le sondé parle sans réelle conscience des alternatives et des enjeux tel qu'il les éprouvera au cours de la campagne, et surtout il répond sans subir la pression de son milieu culturel et social, de sa famille, de tous ceux avec qui un électeur de chair et de sang discute et interagit avant de se décider. [...]
[...] Ainsi les sondages ne reflètent pas toujours de réels choix. D'autres phénomènes bien connus s'interposent entre intention proclamée et choix effectifs : vote inavouable (celui qui minore systématiquement les scores du Front National dans les sondages par exemple), vote théorique qu'il soit ludique de mode, de provocation ou de conformisme, construction d'une opinion par réaction ou opposition (le choix d'un candidat avant la campagne n'est pas le choix pendant, lorsqu'il est confronté à d'autres . ) Par ailleurs, il est également une tendance qui inquiète beaucoup les sondeurs et qui pourrait, si elle se poursuivait dans les prochaines années, achever de décrédibiliser les sondages politiques. [...]
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