Margaret Thatcher, en mai 1990, aura été onze ans Premier ministre du Royaume-Uni sans discontinuer. Elle a eu largement le temps de mettre en oeuvre un programme qui faisait la part belle à la réduction du rôle de l'État dans l'économie nationale. Il est donc légitime d'établir, après plus d'une décennie où le thatchérisme a pu se déployer sans contraintes, un bilan, certes provisoire, mais déjà significatif, de son action en faveur du transfert d'actifs publics au secteur privé qu'on nomme généralement « privatisation », mais qu'il est plus exact d'appeler « dénationalisation ».
[...] L'accélération des dénationalisations s'explique donc largement par la nécessité de financer le déficit ou par le désir d'accroître le solde positif du budget à partir de 1987. Ce solde positif a été de 3,6 milliards de livres en 1987-1988 et de 9,8 milliards en 1988-1989. Or les ventes d'actifs nationalisés ont rapporté, ces années-là, respectivement 5,2 et 6 milliards de livres. Autrement dit, sans elles, le budget eût été encore déficitaire en 1987-1988 et son solde positif aurait été réduit des deux tiers en 1988-1989. Mais d'autres raisons ont contribué à l'accélération du processus de dénationalisation. [...]
[...] Cette vente globale n'a été rendue possible que parce que le gouvernement au préalable, annoncé une participation de 6 milliards de livres aux investissements de 17 milliards rendus nécessaires dans les dix prochaines années pour mettre l'eau britannique au niveau qualitatif de l'eau européenne. C'était la condition sine qua non pour obtenir l'aval de la Commission de Bruxelles. Les nouvelles sociétés privées ont également été autorisées à augmenter leurs prix de 5 p par an en moyenne pendant cinq ans, puis de 3,7 p les cinq années suivantes au-dessus du taux d'inflation. Certes, les prix étaient bas, mais cette augmentation sensible risque de rendre assez peu populaire la privatisation de l'eau chez les consommateurs. [...]
[...] 61-79 / J. J. SANTINI, L'Economie britannique, le choix libéral in Notes et études documentaires, 4853, La Documentation française, 1988. [...]
[...] Il y avait donc bien relation de cause à effet. Une grande firme privée ancienne comme ICI n'a que actionnaires alors que Rolls Royce, par exemple, privatisée en 1987, en a malgré une taille plus modeste. Cependant, quatre adultes sur cinq restaient totalement en marge du phénomène de privatisation, et 11 p seulement des travailleurs manuels étaient concernés p en 1979) contre 40 p des cadres et des professions libérales. Les nouveaux actionnaires venaient donc en majorité des classes moyennes (plus de la moitié d'entre eux avait entre quarante et soixantequatre ans). [...]
[...] Le vote d'une loi d'habilitation générale portant sur une liste importante et sur plusieurs années, comme cela a été fait en France en 1986, eût été contraire aux pratiques parlementaires britanniques. En outre, le programme législatif gouvernemental était déjà très chargé et suffisamment controversé comme en témoignent les réformes sur les relations du travail. Les dénationalisations de 1983 à 1987 Après les élections de 1983, un tournant est pris. Le programme gouvernemental change à la fois par son ampleur et par son rendement financier puisque, dans les quatre années suivantes, il rapportera plus de 10 milliards de livres, soit cinq fois plus que le précédent. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture