Le taux d'absentéisme aux dernières élections a matérialisé ce que beaucoup pressentait : la politique est aujourd'hui en crise et le modèle démocratique n'est plus un rempart suffisant pour endiguer le mouvement de repli sur l'individu, loin des idéologies du siècle dernier.
Cette évolution ne va pas sans inquiétude sur la viabilité des institutions ; elle amène à se demander pourquoi s'intéresser à la politique aujourd'hui ? La question est d'importance (...)
[...] L'hésitation ne dit-elle pas dans les deux cas combien la politique est liée à la société ? Or n'y a-t-il pas là une nécessité, concevoir une vie commune à partir de la diversité humaine ? On se demande alors dans un second mouvement s'il est possible de s'extraire de cette donnée pour marquer son approbation ou son désaveu ? De la société à la politique, l'écart n'est-il pas celui de la liberté individuelle qui réclame à juste titre le jugement, qui revendique tous les choix y compris celui de se désister des charges publiques ? [...]
[...] On peut raisonnablement douter de la conservation des finalités de la politique, en particulier du respect de la liberté comme exercice partagé. En fin de compte, notre recherche n'amène elle pas à élaborer les conditions dans lesquelles l'intérêt pour la politique a un sens. Cette reprise doit prendre acte des deux écueils précédents : pour faire bref, un certain angélisme de Rousseau incapable de dissocier politique et morale civique, d'où l'utopie contractualiste qui refoule toute usage de l'intérêt privé sans indiquer comment ; d'un autre côté, le réalisme exacerbé d'un Machiavel qui ramène l'intérêt commun à la stabilité du pouvoir au mépris de l'idéal de vérité. [...]
[...] Pourquoi s'intéresser à la politique ? La question permettait de centrer le problème sur l'examen légitime des attentes des uns et des autres face à l'Etat démocratique mais cette évaluation se réduit à des constats délétères si elle ne considère pas le politique comme un concept limite qui n'a de sens qu'à condition d'articuler les moyens qu'il met en œuvre avec la revendication de ses fins. L'espace entre les deux justifie notre intérêt. [...]
[...] Cette évolution ne va pas sans inquiétude sur la viabilité des institutions ; elle amène à se demander pourquoi s'intéresser à la politique aujourd'hui ? La question est d'importance, elle interroge en premier lieu la réalité du domaine politique : qu'est-ce que la politique ? Une action ? Une pensée ? Dans un cas, c'est la capacité de la politique à prendre les affaires humaines en charge qui est mise en avant, dans la seconde sa capacité à fabriquer des modèles de société voire des utopies. [...]
[...] Nous ajoutons que la démocratie actuelle a une filiation directe avec la conception rousseauiste : il n'y a qu'à voir les campagnes d'information diffusées par l'Etat qui rappelle que si voter est un droit, c'est aussi un devoir qui réactualise le lien avec les autres et qui inscrit la responsabilité collective face aux choix de société. Pourtant ce discours laisse aussi dubitatif en ce qu'il génère une forme de culpabilité qui trouve sa source dans l'idée d'une efficience du politique. Or les abstentionnistes émettent justement des réserves à ce sujet. Il faut les prendre en compte. [...]
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