« Ah c'était la Belle Epoque » pouvait on s'entendre dire en France après la Première Guerre mondiale. Cette Belle Epoque caractérise en effet la période précédent la Grande Guerre soit la fin du XIXème siècle, symbole enjolivé d'une ère d'insouciance. Même si la nostalgie institue une représentation faussée de la réalité, force est de constater que cette réalité était plutôt belle. La stabilité géo politique de l'Europe parait consacrée après l'aboutissement de la lutte parfois violente pour l'instauration de l'Etat-nation. L'Allemagne et l'Italie sont pleinement unifiées, l'Autriche et la Hongrie sont séparées, chacun semble donc être à sa place gouverné par les siens, l'Etat oppresseur n'est plus. Cependant, la paix et la prospérité sont soudainement anéanties un beau mercredi de juillet, le 28 précisément avec la déclaration de guerre de l'Autriche Hongrie à la Serbie amorçant le premier conflit mondial. Comment expliquer alors qu'après plus de quarante années de paix explose un conflit généralisé d'une ampleur et d'une violence encore inconnue. Comment expliquer qu'un équilibre paraissant efficace soit brisé par une guerre si démesurée? On pourrait alors blâmer cet équilibre en évoquant l'hypothèse d'un manque de guerres de plus petite ampleur qui aurait eu pour fonction d'ajuster les tensions. Mais l'hypothèse d'une « brutalisation » latente des sociétés européennes concernées parait plus à même d'expliquer une telle explosion de brutalité, acmé de la montée des antagonismes. La Belle Epoque n'étant naturellement pas parfaite peut-on tout de même parler d'une « brutalisation » de la vie politique et sociale dans l'Europe de la fin du XIXème siècle?
La « brutalisation » ici invoquée est un néologisme forgé par l'historien américain Georges L. Mosse dans son ouvrage Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World Wars. Ce concept désigne la contagion, en temps de paix, des sociétés des pays belligérants par les habitudes et les pratiques contractées sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Résultant de l'acceptation voire de la sanctification de la violence et de la mort de masse, les usages guerriers sont transposés aux rapports civils qu'ils soient politiques ou sociaux. Il en découle une substitution de la confrontation à l'échange, les antagonismes quels qu'ils soient se renforcent, l'opinion divergente devient l'ennemi qu'il faut non plus convaincre mais vaincre voire annihiler. La « brutalisation » n'implique pas forcement une violence physique, elle peut être psychique et verbale, ce qui en fait un phénomène généralisé s'appliquant à la vie politique intérieure comme extérieure, et sociale au travers d'antagonismes de masse. Il apparait dans une moindre mesure que ce phénomène peut être extrapolé à la période nous concernant. En effet, la « brutalisation » n'a donc lieu d'être qu'en période de paix, ce qui s'avère être le cas en cette fin de XIXème siècle. Depuis le 10 mai 1871 et le traité de Frankfort mettant un terme à la guerre franco-prussienne, l'Europe est pacifiée, cela jusqu'au début de la Grande Guerre le 28 juillet 1914. S'interroger sur la « brutalisation » de la vie politique et sociale dans l'Europe de la fin du XIXème siècle revient donc à étudier l'évolution de la nature des rapports politiques et sociaux entre 1871 et 1914 en Europe. Il apparait alors que ces rapports semblent paisibles au regard de l'avènement des Etats nations, de la démocratisation, ou encore de la prospérité économique. Cependant, ces tendances globalement inhibitrices de « brutalisation » des sociétés européennes sont à l'origine de deux tendances inversant le processus, le nationalisme en s'approfondissant devient agressif, et la seconde révolution industrielle par le mouvement ouvrier qu'elle motive appelle un profond antagonisme de classe.
[...] Depuis le 10 mai 1871 et le traité de Frankfort mettant un terme à la guerre franco-prussienne, l'Europe est pacifiée, cela jusqu'au début de la Grande Guerre le 28 juillet 1914. S'interroger sur la brutalisation de la vie politique et sociale dans l'Europe de la fin du XIXème siècle revient donc à étudier l'évolution de la nature des rapports politiques et sociaux entre 1871 et 1914 en Europe. Il apparaît alors que ces rapports semblent paisibles au regard de l'avènement des Etats nations, de la démocratisation, ou encore de la prospérité économique. [...]
[...] Mais là ou le nationalisme brutalise le plus la vie politique c'est encore dans ses revendications d'indépendance. Le problème irlandais est ici à évoquer dans la mesure où Parnell impose une politique de blocage systématique au parlement refusant la négociation, et ou les attentats se multiplient sur le sol britannique en réaction à l'Etat oppresseur. Le mouvement ouvrier quant à lui joue également son rôle dans la brutalisation de la vie politique, la menace d'un coup d'Etat est négligeable mais l'action de cette mouvance dans ses franges les plus radicales brutalise la vie politique. [...]
[...] Il en ressort la constitution de syndicats généralisant et institutionnalisant ainsi la lutte. Dès 1878, les premiers syndicats allemands se créent, le puissant IGM apparaît en 1891 et ensuite une confédération syndicale en 1892. Des Trade Unions organisés anglais existent déjà depuis les années 1850-1860. La CGT voit le jour en 1895 en France. Ajoutant aux revendications corporatistes une volonté de bouleverser le cadre économique et social, on assiste à l'émergence de partis socialistes élargissant l'ennemi à la classe bourgeoise entière enracinant par là un véritable antagonisme. [...]
[...] La Belle Epoque n'étant naturellement pas parfaite peut-on tout de même parler d'une brutalisation de la vie politique et sociale dans l'Europe de la fin du XIXème siècle ? La brutalisation ici invoquée est un néologisme forgé par l'historien américain Georges L. Mosse dans son ouvrage Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World Wars. Ce concept désigne la contagion, en temps de paix, des sociétés des pays belligérants par les habitudes et les pratiques contractées sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. [...]
[...] En effet, la démocratisation apparaît comme étant une grande tendance en cette fin de siècle. Mis à part l'Empire Allemand et la Hongrie qui se refusent à toute évolution démocratique, la France, le Royaume-Uni, comme l'Italie ou encore l'Autriche s'engagent sur la voie démocratique. La première assemblée nationale française de 1871 est élue au suffrage universel, disposition conservée dans la constitution de 1875. Le Royaume-Uni adopte le scrutin secret en 1872 et engage une troisième réforme électorale en 1884 conférant un caractère démocratique au pays. [...]
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