L'action de voter est le symbole même de toute démocratie, c'est la seule participation politique de masse qui est organisée à intervalles réguliers. Mais le vote n'est pas en lui-même une condition suffisante d'une démocratie, dans de nombreux régimes autoritaires les citoyens votent. Par exemple, il y avait des élections organisées en Union soviétique, mais les candidats ne reflétaient pas une diversité d'opinions, ils étaient désignés par le Parti.
Dans nos démocraties modernes, après chaque élection, les instituts de sondage et les acteurs politiques tentent de donner une explication, autrement dit cherchent à en donner les causes, les conséquences et les enjeux. La sociologie électorale est un domaine majeur de la science politique, de nombreux politistes se sont efforcés de trouver un moyen cohérent d'explication du vote.
Il est cependant difficile de trouver un mode d'explication systématique du vote alors que c'est un choix guidé par une multitude de facteurs qu'il est parfois difficile de prendre en compte. Les grilles d'analyse élaborées par les politistes sont-elles pertinentes ?
[...] Le modèle explicatif déterministe A. L'espace géographique comme déterminant du vote Le modèle écologique tente d'expliquer le vote en s'intéressant à la localisation des électeurs au sein d'un espace géographique et de la structure sociale auquel ils appartiennent. Cette démarche est dite écologique parce qu'elle se fonde sur étude de milieu où vivent les êtres vivants et les rapports de ces êtres vivants avec le milieu (Alain Lancelot). Elle est initialement développée en 1913 par André Siegfried dans Tableau politique de la France de l'Ouest sous la IIIe République. [...]
[...] Donegani propose une attitude non directive des enquêtes qualitatives sur le vote. Il définit l'attitude directive comme attitude qui suspend tout savoir préalable pour mettre seulement l'enquêteur en situation de comprendre les déclarations associées par l'enquêté à la consigne d'entretien, si le but de l'enquête n'est plus le recueil de propos intellectuellement cohérents et politiquement structurés, c'est la richesse de la plurivocité de significations politiques développées par les électeurs ordinaires qui s'imposent plutôt que leur pauvreté ou leur caractère erratique L'entretien directif fait souvent état d'un faible degré d'information et d'implication des électeurs, ce qui reviendrait à déclarer leur incompétence en matière politique. [...]
[...] Au contraire, s'il y a une mutation régressive, le poids des orientations politiques se renforce. C. La psychologie individuelle comme déterminant du vote La première grande enquête nationale auprès d'un échantillon représentatif de l'électorat américain est effectuée à l'occasion des élections présidentielles de 1944. Le développement de ces sondages d'opinion, qui interrogent directement l'individu, conduit à une amélioration des connaissances des comportements politiques. Les premières enquêtes sont conduites sous l'égide de Paul Lazarsfeld, chercheur à l'université de Columbia. Elles sont réalisées à partir de la technique des panels (entretiens répétés auprès d'un même échantillon représentatif de la population). [...]
[...] L'auteur illustre notamment sa thèse par l'étude de la Sarthe. Durant la période révolutionnaire (1789 1793), une série d'évènements, comme la vente des biens nationaux, la levée en masse ou la chasse des prêtres réfractaires, ont constitué des motifs d'opposition entre les divers milieux sociaux. Sur cette opposition se sont fondés deux types de comportements politiques. Ces évènements traumatiques se sont consolidés pour devenir de véritables structures idéologiques politiques. L'approche proposée par Paul Bois suppose donc l'importance de la mémoire collective, qui façonne le comportement électoral. [...]
[...] Pour lui, le comportement des électeurs s'inscrit dans l'espace, ce qui explique cette stabilité. Par espace, il faut entendre le paysage, le mode de peuplement et le système de relation sociale. Ce sont donc des faits de géographie humaine qui expliquent le vote, la forme de la propriété, le type d'habitat, la religion ou encore la structure sociale. C'est à partie de ces variables qu'André Siegfried modélise son schéma explicatif : il rattache l'orientation électorale à la géographie humaine. C'est le type de sol qui est le point initial de détermination, le mode de peuplement et le régime de propriété en découlent, et ils permettent la formation d'un climat politique et religieux et d'une structure sociale particulière. [...]
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