Partis politiques, partis de masse, organisation sociale, représentativité, légitimité, démocratie, professionnalisation de la vie politique, PCF parti communiste français, troisième internationale, CPNT chasse pêche nature et traditions, SFIO section française de l'internationale ouvrière, SU union soviétique
Les démocraties modernes sont confrontées à un double processus contradictoire. D'un côté, la spécialisation fonctionnelle libère les ressources du pouvoir et favorise la démocratisation du système politique, son ouverture aux membres des classes modestes. De l'autre, elle les décourage de s'investir dans un domaine qui exige un apprentissage spécifique pour maîtriser ses codes et ses enjeux.
Elle favorise l'autonomie des individus et la reconnaissance de leurs droits politiques, mais elle suscite en même temps leur repli sur la sphère de leurs intérêts privés : libres, égaux, égoïstes, tels apparaissent les individus modernes. Nous nous rendons mieux compte alors de la chose suivante : si la division du travail crée un environnement favorable à la démocratisation, elle ne peut à elle seule la rendre effective ni l'entretenir. Il faut encore que des individus ou des organisations prennent en charge l'animation du champ politique, suscitent et entretiennent civisme et engagement politique chez les citoyens électeurs. On parle en sociologie d'entrepreneurs et d'entreprises politiques.
L'entreprise politique moderne par excellence, c'est le parti politique. Comment s'est-il constitué, quelles sont ses fonctions, c'est ce que nous allons analyser maintenant.
[...] Du coup, les associations de chasse tentent de pérenniser leur présence sur la scène politique, de présenter des candidats partout où elles le peuvent pour se mettre en position de négocier non pas des engagements en faveur de la chasse, mais des postes politiques, des sièges d'élus. Le sens initial de leur démarche, à l'origine très corporatif, s'en trouve profondément transformée. Les chasseurs doivent élargir leur domaine d'intervention pour acquérir une crédibilité proprement politique. La seule défense de la chasse et de la pêche ne fait pas un programme politique. Il leur faut élaborer un programme, axé dans le cas des chasseurs sur la défense de la ruralité. [...]
[...] Mais ce qui demeure, c'est que la plupart des acteurs sociaux ne disposent que de notions très vagues sur tout ce qui ne concerne pas leur domaine de compétence professionnelle. Et ce phénomène n'épargne pas le champ politique. Au fur à mesure qu'il gagne en autonomie et qu'il se spécialise, il est de plus en plus investi par des spécialistes dont l'activité politique devient la profession. Rien de surprenant, beaucoup d'acteurs sociaux peinent à en maîtriser les tenants et aboutissants. [...]
[...] Intellectuel d'institution : tous trois en effet dépendent d'institutions d'encadrement et de gestion des classes dominées. Le Parti, comme l'École et comme l'Église revendique le monopole d'un savoir véritable, non plus la grammaire et les sciences ni la connaissance de Dieu, mais la science du matérialisme historique et du sens véritable de l'histoire. Comme l'instituteur a été choisi par l'institution scolaire et le prêtre par l'Église pour se dévouer entièrement à elles, le militant communiste a été choisi par le Parti pour le servir. [...]
[...] La mutation ne s'opère pas d'un seul coup. Dans une société encore à dominante rurale, les notables traditionnels et le prêtre, grands propriétaires terriens, industriels parfois, qui jouissent encore souvent d'un grand prestige, servent de tête de pont du réseau d'influence des candidats. Ces notables possèdent eux-mêmes un réseau d'obligés, fermiers, commerçants, aubergistes (très appréciés, car en contact avec beaucoup de monde et au courant de beaucoup de choses, la boisson ça délie les langues, favorise les confidences) qui leur servent de relais et de rabatteurs auprès du petit peuple (schéma). [...]
[...] La politique reste donc pour les membres de ces classes, plus souvent que pour les autres, un objet opaque, peu intéressant, qu'ils ne sentent ni l'envie ni la capacité d'investir. On est confronté ici à un mécanisme d'autocensure et d'auto-exclusion qui est une source permanente de fragilité pour les démocraties. [...]
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