L'Europe connaît depuis le milieu des années 1980 (à l'Ouest) et depuis la chute du mur de Berlin (à l'Est) un phénomène de radicalisation politique que les observateurs désignent par des appellations diverses. On parle de « montée de l'extrême droite » ou de la « droite radicale ». On évoque l'irrésistible ascension du « populisme » ou du « national-populisme ». Le sentiment qui domine, en ce début de XXIe siècle, est celui d'une conquête de l'électorat européen par des partis qui, à des degrés divers, peuvent être considérés comme dangereux pour la démocratie. Dans cet exposé, j'ai essayé de définir ces partis d'extrême droite, et je me suis rendue compte qu'ils étaient très différents, qu'on ne pouvait pas parler d'une extrême droite européenne même si ces partis partagent des éléments communs. J'ai ensuite voulu expliquer ce phénomène et je vais vous présenter ici rapidement d'abord quelques théories, puisque les auteurs ne sont pas toujours d'accord, et je passerai un peu plus de temps sur une approche qui me paraissait particulièrement intéressante, celle qui lie montée de l'extrême à un malaise vis-à-vis de la modernité. Comment expliquer cette percée de l'extrême droite et surtout son enracinement dans le paysage politique européen ? S'agit-il d'un phénomène nouveau, lié à l'ère postmoderne et postindustrielle ?
[...] - Loin de ces explications, certains voient dans la montée de l'extrême droite une réaction à la crise de confiance qui touche de plein fouet l'univers de la représentation politique. Elle se manifesterait alors par une hausse constante de l'abstention, le développement de comportements de protestations et la réussite électorale de partis hors-système Le populisme de la droite radicale, avec son mépris des intermédiaires entre le chef et le peuple et sa vieille tradition d'antiparlementarisme, serait particulièrement efficace comme exutoire de cette crise de la représentation politique traditionnelle. [...]
[...] Des extrêmes droites très diverses Ces droites extrêmes que renvoient des messages du populisme et du nationalisme sont en effet très diverses. On ne peut en effet pas dire que l'Italien Umberto Bossi, avec la Ligue du Nord, JM Le Pen avec le FN en France ou encore le Norvégien Carl Hagen avec le FRP, partagent le même credo et les mêmes origines. - par exemple, la Ligue du Nord d'Umberto Bossi trouve son électorat dans la périphérie aisée, notamment en Lombardie, en s'opposant au centralisme romain et contre un État central accusé d'être trop généreux avec le Sud de l'Italie, beaucoup moins développé ; - en revanche, Le Pen joue beaucoup sur le thème de l'unité de la France et sur la nostalgie d'un nationalisme du centre - de même, les leaders polonais du parti d'extrême droite défendent des valeurs d'ordre moral et d'autorité proches du catholicisme intégriste ; - cela a peu de choses à voir avec la liste Pim Fortuyn créée par un homme dont l'homosexualité affichée était tout à fait en phase avec le libéralisme culturel néerlandais (hostilité à l'islam et à l'immigration non-européenne aux Pays-Bas. [...]
[...] Face à cette triple ouverture, beaucoup d'individus, notamment des individus peu diplômés et situés en bas de l'échelle sociale, voient avec anxiété se défaire leur univers de référence, la société relativement close et stable qu'ils connaissaient. Ils se rassemblent alors aisément derrière les chantres de la société fermée que sont les leaders de l'extrême droite moderne. La dimension anti-immigration s'est ainsi beaucoup développée dans les programmes de ces partis des électeurs de l'extrême droite considèrent que leur pays ne devrait autoriser que la venue de peu ou même d'aucun immigré (contre une moyenne de 44% dans l'ensemble de l'électorat). [...]
[...] La FPÖ est généralement considérée comme un parti populiste et nationaliste. Ses thèmes forts sont la lutte contre l'immigration extra-européenne, un renforcement des lois et une politique pour promouvoir et renforcer la famille et la natalité européenne. Il adhère en 2007 au groupe parlementaire Identité, tradition, souveraineté au Parlement européen. - Le Front national, FN, est un parti politique français nationaliste, fondé en octobre 1972 et présidé, depuis lors, par Jean-Marie Le Pen. Située à l'extrême droite de l'échiquier politique, la majorité de ses dirigeants récuse néanmoins l'appartenance du parti à l'extrême droite. [...]
[...] Seuls le Danemark et la Suisse connaissent un malaise politique plus modeste et un électorat d'extrême droite moins critique vis-à-vis du système politique. En France, c'est à la suite d'une longue cohabitation de cinq ans que Le Pen, qui s'est posé en héraut d'une opposition radicale au système a été propulsé par les électeurs au second tour des présidentielles de 2002. Ainsi, les formations hors- système d'extrême droite peuvent atteindre des niveaux records, retombant d'ailleurs aussitôt qu'elles intègrent le système, comme cela a été le cas du FPÖ en Autriche après son entrée au gouvernement, en février 2000, ou encore celui de la Liste Pim Fortuyn aux Pays-Bas. [...]
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