La démocratie chrétienne englobe de nombreuses réalités. Les auteurs eux-mêmes ne s'entendent pas sur les critères permettant de qualifier les partis comme tels. Si le facteur commun à l'ensemble de ces partis semble tout du moins se résumer à une proximité avec les valeurs ou l'institution religieuse, selon D.L Seiler, certaines organisations s'intitulant ou se revendiquant de la démocratie chrétienne, restent étrangères au projet de défense religieuse. Cette ambivalence est finalement traduite par le double sens que revêt l'adjectif « confessionnel ».
En effet, par confessionnel, on peut entendre « relatif à la religion d'appartenance », ou encore de façon plus tranchée « religieux ou ecclésiastique. » Ainsi, transposées aux partis, cette définition permet d'opposer deux réalités qui transparaissent dans l'histoire de la démocratie chrétienne.
Par ailleurs, tout parti s'inscrivant dans un cadre sociohistorique particulier, il serait alors simpliste de réduire la diversité des politiques menées à une seule analyse. Nous avons tenté de rendre compte de ce qu'est la démocratie chrétienne en Europe dans sa globalité. Le caractère confessionnel des partis démocrates-chrétiens, élément fondateur de leur formation, trouve une certaine continuité dans les valeurs religieuses structurant les partis contemporains, malgré une rupture certaine avec l'institution religieuse.
[...] Il explique qu'il y aurait des éléments convergents et analogues entre une éthique religieuse et un comportement. Dans le cas du protestantisme : l'éthique religieuse protestante serait à mettre en lien avec un certain type de comportement économique : en l'occurrence capitaliste. Ici, le facteur religieux chrétien serait en adéquation avec un engagement politique, ou pour le moins un vote en faveur de la démocratie chrétienne. Weber insiste bien sur le fait qu'il s'agirait de facteurs congruents, non pas d'une réelle relation causale qui, si l'on caricaturait aboutirait au fait que tout chrétien pratiquant serait amené à voter pour la DC. [...]
[...] Par ailleurs, les partis de la démocratie chrétienne sont souvent associés à une politique molle : Soft idéologie (Baudrillart). En effet, sauf dans les domaines de la politique familiale et de la politique scolaire, très peu de partis DC se sont imposés dans d'autres domaines que ceux sous-tendus par des valeurs religieuses. En effet, la doctrine religieuse catholique étant par exemple centrée sur l'Homme et la solidarité, les institutions dans lesquelles cette personne peut s'exprimer ainsi que les corps intermédiaires de la société qui organisent la solidarité, tels que l'église, la famille, l'école semblent des lieux privilégiés pour la politique DC. [...]
[...] Finalement, si la démocratie chrétienne, à son origine pouvait- être considérée comme confessionnelle, dans le sens de religieux, on ne pouvait alors pas la qualifier de parti. Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque surgissent les grands partis démocrates-chrétiens de gouvernement, ce n'est plus la question religieuse qui les anime. De façon plus récente, la religion ne constitue plus la ligne directrice de ces partis, mais, elle reste une valeur structurante, c'est ce que nous verrons dans une seconde partie. II. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle l'engagement politique est souvent soumis à la bénédiction des clercs, aval recherché par les futurs militants. De plus, le positionnement de l'UDF au centre permet surtout de limiter son insertion dans le jeu politique, ainsi que les craintes des adhérents. Par ailleurs, le rejet de l'embrigadement explique le choix de ce parti : l'organisation peu importante, les faibles ressources financières, ainsi que la porosité des frontières partisanes, en fait un parti ouvert qui permet l'exit quand le retour à la sphère religieuse apparaît comme un appui nécessaire pour justifier son engagement politique. [...]
[...] Enfin l'Eglise finit par accepter le pluralisme des opinions politiques des chrétiens dès lors qu'elles ne sont pas contraires aux enseignements du christianisme. Le degré de séparation Eglise/Etat semble être un facteur d'autant plus pertinent si l'on observe, les pays du Benelux où la profondeur du clivage provoqua une véritable segmentation de la société civile, à l'origine de la démocratie consociative. Par ailleurs, certains partis démocrates-chrétiens ont fait le choix de se recentrer sur d'autres causes que la question religieuse. La CDU de Conrad Adenauer est un bon exemple de réalignement. [...]
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